Nutanix démontre à Copenhague ses compétences multicloud et IoT
Misant sur l’attrait de son interface, le fournisseur d’infrastructures virtualisées a présenté une batterie de technologies simples d’emploi pour aller au-delà de l’hyperconvergence.
Après l’hyperconvergence, les options. Nutanix a réuni cette semaine près de 4500 clients et partenaires à Copenhague pour leur présenter sur de multiples stands les scénarios offerts par les divers services annoncés en mai dernier, lors de son événement américain .Next2019.
« Je viens à cet événement pour aller au-delà de la rationalisation de l’IT », dit au MagIT Alois Trochard, responsable du SI chez Malherbe Transport.
« Grâce à la solution de base de Nutanix, nous avons pu simplement mettre nos fermes d’environnements RDS (des postes virtuels Windows, N.D.R.) à disposition de nos utilisateurs. Maintenant, il ne me reste plus qu’à trouver des idées pour que ma DSI cesse d’être un centre de coût », précise-t-il.
« L’hyperconvergence est un cap à passer. Une fois qu’elle est déployée, les entreprises commencent à penser différemment », témoigne un peu plus loin Cédric Girard, Directeur général de l’ESN Siium, un intégrateur de solutions Nutanix, essentiellement dans le milieu industriel.
« L’approche de Nutanix est de proposer quantité d’options qui pourraient répondre à des problématiques précises. Nous sommes sollicités une à deux fois par an par nos clients pour leur montrer ce qui se fait d’original », ajoute-t-il. Selon sa propre estimation, entre un tiers et un quart des visiteurs de ce salon européen seraient des entreprises françaises.
Des options clés en main pour l’IT en cloud, l’IoT et le RGPD
Vedette du salon, Xi Cluster, l’équivalent chez Nutanix de VMware-on-AWS, permet aux entreprises de greffer sur leur compte AWS un cluster de machines virtuelles destiné à étendre l’informatique sur site. Selon une démonstration à laquelle a pu assister LeMagIT, l’opération ne prend que cinq clics de souris. Surtout, par rapport à la solution de VMware, elle aurait le mérite de s’éteindre proprement toute seule dès que l’on n’en a plus besoin. C’est-à-dire sans avoir à mobiliser pendant des heures des administrateurs système pour faire le ménage.
« Lorsque les pics d’activité sont passés et qu’il n’est plus nécessaire de payer pour maintenir en activité des VMs depuis le cloud public, Xi Cluster sauvegarde automatiquement tous ses contenus dans S3, afin de pouvoir les relancer rapidement en cas de besoin et, ce, pour un coût minimum », explique Christophe Bardy, Expert Système chez Nutanix et, par ailleurs, ex-membre fondateur du MagIT.
Dans le domaine du Edge Computing, Xi IoT, le nouveau service qui installe à distance une VM applicative sur le micro-PC accolé à un objet connecté, a bénéficié de plusieurs tribunes françaises. Le prestataire Hardis, spécialisé dans l’informatique des entrepôts, a ainsi montré sur scène une application qui reconnaît le mouvement des palettes parmi les images des caméras de vidéosurveillance, afin de simplifier le travail des opérateurs de logistique.
« Le point crucial de ce projet était d’arriver à installer et à maintenir l’application qui s’exécute sur des NUCs d’Intel dans chaque zone de l’entrepôt. Même si Xi IoT est une technologie relativement jeune, force nous a été de constater qu’elle est de loin la plus simple pour le faire », confie au MagIT Damien Pasquinelli, le directeur technique d’Hardis.
Dans le tiercé gagnant des tendances, les partenaires ont enfin vanté les mérites de Flow. Lancé au début de cette année, ce réseau virtuel sert essentiellement à faire de la microsegmentation, c’est-à-dire à dresser des murs entre les machines virtuelles pour qu’elles ne puissent d’aucune manière communiquer entre elles.
Cédric GirardDirecteur général, Siium
« Avec le RGPD, les entreprises veulent désormais tout cloisonner pour éviter les risques de sécurité ; le cas que nous rencontrons le plus est une entreprise qui veut empêcher son environnement de test de dialoguer avec son environnement de production », raconte au MagIT Cédric Girard.
« L’avantage du SDN de Nutanix est qu’il est très simple à mettre en œuvre : il suffit juste d’affecter des VMs à des catégories. Sans cela, il faudrait mettre des firewalls de partout, ce qui serait excessivement complexe. Ici, on peut enfin sécuriser avec seulement du bon sens », ajoute-t-il.
L’argument : être simple, plus que VMware
La communication de Nutanix visant implicitement à expliquer qu’elle fait tout comme VMware en beaucoup plus simple, on pourrait argumenter que le SDN Flow est loin d’avoir toutes les caractéristiques de son concurrent NSX. Citons par exemple, le dédoublement des plages d’adresses IP qui permet à l’industriel Nigay de créer des environnements de test qui sont la copie conforme des environnements de production.
« NSX n’est destiné qu’aux entreprises qui ont une culture pro-VMware », rétorque Cédric Girard. « Dans tous les cas, il est possible de reproduire toutes les fonctions en associant Flow aux firewalls de fournisseurs tiers, comme Palo Alto ou Juniper. »
« La simplicité est véritablement l’avantage qui nous a poussés à préférer Nutanix pour déployer notre cloud privé interne, lequel aura 2000 nœuds d’ici à 2020 » témoigne sur scène Carlos Christovao, en charge de l’infrastructure cloud chez Société Générale.
« L’enjeu de notre cloud privé est d’héberger 80 % nos applications. C’est-à-dire que notre efficacité dépend de celle de nos DevOps à produire des microservices sur une infrastructure élastique, laquelle va également servir à exécuter des bases de données et des postes virtuels en VDI.
Roy IllseyAnalyste, Ovum
À une telle échelle, il n’est pas question d’être bridé par l’administration système de l’infrastructure sous-jacente. Sur Nutanix, déployer tout cela revient juste à cliquer sur une interface pour activer de nouvelles adresses IP », dit-il.
« Oui, Nutanix revendique d’être plus simple, mais à un moment donné il faudra bien qu’ils aient une autre proposition de valeur », rétorque l’analyste Roy Illsey, du cabinet Ovum.
« D’abord parce qu’il est assez facile pour leur concurrent VMware de prétendre qu’ils sont eux aussi simples à utiliser. Mais surtout, parce que Nutanix ne simplifie que la vie des informaticiens. Or, à partir du moment où vous proposez de l’IoT ou du DevOPs en cloud, vous vous adressez aux métiers. Et les métiers n’ont que faire de rendre la vie des informaticiens plus simple », souligne-t-il.
Des fonctions alléchantes, mais pas forcément disponibles
Parmi les autres options proposées par Nutanix, citons Calm, pour automatiser le déploiement des applications, Objects pour constituer un espace de stockage objet, Files pour plutôt le proposer en NAS élastique, ou encore Era, une solution pour déployer, répliquer, rafraîchir et sécuriser les bases de données en seulement quelques clics.
Sont également au catalogue Xi Frame, pour faire du VDI, Xi Beam, pour migrer les VMs de manière sécurisée vers des clouds publics, ou encore Xi Leap pour répliquer en cloud un cluster sur site à des fins de RPA.
Problème, la disponibilité en version finale de tous ces services n’est pas très claire.
Le très plébiscité Xi Cluster, par exemple, ne devrait être disponible que d’ici à la fin de l’année. Mais l’éditeur a déjà présenté lors de l’événement de Copenhague une adaptation de ce service à GCP, le cloud IaaS public de Google, en précisant qu’elle n’était « pas encore prête pour la production ». Et pour cause : tout l’intérêt de Xi Cluster est qu’il fonctionne sur des serveurs physiques d’AWS, exactement comme ses propres machines virtuelles EC2. En revanche, cela n’est pas le cas sur GCP, où des machines virtuelles de Google lancent des machines virtuelles de Nutanix, ce qui – selon l’éditeur – causerait des chutes de performances rédhibitoires.
Quant à savoir quand Xi cluster sera disponible sur Azure, le cloud de Microsoft… « Nous devrons a priori régler le même problème technique que nous avons avec GCP. Mais pour commencer, nous devrons déjà discuter avec Azure pour constituer une offre », glisse Rajiv Mirani, le CTO des offres cloud chez Nutanix, lors d’un entretien avec la presse.
Même situation pour Era. Cet outil doit permettre de déployer des bases de données SQL (Oracle DB, MySQL, MariaDB, SQL Server, etc.) sur plusieurs clusters à la fois dans un futur plus ou moins proche, avec l’avantage de gérer tous les silos ensemble. Mais une version 2.0 a déjà été présentée à Copenhague. Celle-ci apportera la compatibilité avec les bases NoSQL (MongoDB a été cité) ainsi qu’avec SAP Hana. Rajiv Mirani n’a cependant pas été en mesure d’expliquer à la presse comment Nutanix compte surmonter le défi technique d’exécuter à cheval sur plusieurs clusters une solution qui fonctionne en mémoire.
« Nutanix subit une pression du marché, d’où ces effets d’annonce. Il ne s’agit plus simplement de rivaliser dans le datacenter avec VMware. Leur enjeu est désormais d’être le prochain vendeur de multicloud. Et leur problème est que tout le monde les voit encore comme des fournisseurs de matériel, alors que cette activité ne représente plus que 4 % de leur activité », décrypte Roy Illsey.
Accessoirement, Nutanix a aussi profité de son évènement à Copenhague pour officialiser la livraison de ses solutions en appliances basées sur des serveurs Proliant DX de HPE. Un bundle qui avait été annoncé… en avril.