Cegid : pas de transformation digitale sans ERP (mais un ERP moderne)
Lors de son évènement Connections ERP, Cegid a vanté le rôle toujours central de l’ERP comme socle des entreprises, expliqué sa nouvelle gamme et rassuré sur son accord avec Acumatica.
L’ERP est-il encore un outil qui permet d’innover ? La question peut paraître théorique, mais elle ne l’est pas. En tout cas pas pour les éditeurs du marché qui voient grandir l’idée selon laquelle la transformation numérique ne s’appuie plus sur l’informatique de gestion traditionnelle, mais sur de nouveaux outils capables, par exemple, d’améliorer l’interaction avec le client (CX), d’automatiser (RPA), ou de créer de nouveaux modèles économiques (IoT et facturation des clients à l’usage).
En résumé, dans l’esprit des directions générales – et dans celui de quelques DSI – il y a une dichotomie entre l’ERP d’un côté (un simple « système d’enregistrements ») et les outils de transformation de l’autre.
L’impact se fait petit à petit sentir sur les budgets IT, et donc sur les revenus des éditeurs. Ceux-ci l’ont bien compris et anticipent avec deux stratégies.
La première, celle d’un SAP, passe par une diversification. La deuxième, celle des « pure players », est de repositionner l’ERP comme « socle » fondamental sans lequel aucune transformation n’est possible.
C’est avec cette optique de recentrage de ses suites intégrées que Cegid a organisé son Cegid Connections ERP, cette semaine, à Paris.
De l’ERP « monolithique » à l’ERP « connecté »
Devant environ 350 personnes – clients, intégrateurs et partenaires – l’éditeur français s’est efforcé d’expliquer qu’il fallait capitaliser sur l’existant pour bien préparer l’avenir.
En substance, pour Laurent Leenhardt, Directeur exécutif du marché ERP, une suite intégrée reste un socle… mais à condition (évidemment) de la faire évoluer (et donc d’acheter une nouvelle version).
« La limite [de l’ERP traditionnel] est qu’il ne sait pas appréhender les évolutions » du fait qu’il serait trop « monolithique », avance-t-il.
Le Directeur a égrené quelques chiffres de Teknowlogy à l’appui de sa démonstration comme le fait que 42 % des utilisateurs pensent que leur ERP est inadapté à la transformation digitale de l’organisation. Ce qui s’explique peut être par un autre chiffre : 50 % des entreprises sont équipées d’un ERP qui date d’avant 2010.
« L’ERP doit changer » affiche en lettre majuscule la vidéo de présentation de l’évènement.
D’où la refonte par Cegid de sa gamme d’ERP, qui ne s’appelle d’ailleurs plus ERP, mais XRP. Pour mémoire, Cegid vend désormais trois ERPs : XRP Sprint (experts comptables, TPE), XRP Flex (PME) et son nouveau fer de lance Ultimate (ex-Qualiac) qui est présenté comme plus « simple, connecté et sûr ».
Explications de texte sur « XRP »
Cette refonte méritait une explication de texte de la part de Cegid pour préparer ses clients à d’éventuelles migrations.
« Simple », tout d’abord, avec un ERP présenté comme plus ergonomique et plus intuitif, fruit d’interfaces retravaillées - 18 000 écrans et plus de 360 000 champs. « Nous visons le “zéro formation” », affirme la responsable produits.
« Connecté » ensuite. Cegid parle désormais « d’ERP hybride » pour réconcilier le côté « tout intégré » de l’ERP et le « best of breed » plus dans l’air du temps. En clair, Cegid a passé des accords avec des éditeurs tiers, spécialisés dans certains domaines (comme la planification et le forecast avec Board), pour les interfacer en profondeur avec son offre, sous forme d’extensions.
Sujet très connexe, tout un chantier a également été mené sur l’APIfication de l’ERP pour que la problématique d’intégration (« qui était votre problème », lance Laurent Leenhardt) devienne une problématique d’interopérabilité (« qui est notre problème et dont le but est, justement, qu’il n’y ait plus d’intégration »).
IA & Cloud
Toujours dans cette optique de promotion d’un ERP moderne, l’éditeur a par ailleurs rappelé par la voix de André Brunetière, responsable de la R&D, qu’il infusait déjà de l’Intelligence Artificielle dans plusieurs de ses outils (aujourd’hui ceux pour les experts comptables et les PME, demain dans celui pour les ETI).
Cegid a également fait le point sur la « cloudification » de son offre. « C’est peut-être étonnant pour vous, mais nous sommes troisième dans le SaaS en France, derrière, excusez du peu, Salesforce et Microsoft », se félicite Laurent Blanchard, COO.
Il n’existe néanmoins pas encore de version SaaS de XRP Ultimate, du fait du peu d’appétence actuelle de ce segment de marché des ETI pour l’ERP cloud, explique André Brunetière. Conséquence, l’IA étant très liée au cloud, le prochain chantier sera d’en infuser dans feu Qualiac. On peut imaginer de manière transitoire une architecture hybride et à terme un portage de XRP Ultimate. Mais la chose prendra du temps. « Le SaaS ce n’est pas du sur site hébergé, c’est très différent » justifie le responsable de la R&D.
Le mariage avec Acumatica tient toujours
Enfin, Cegid a – entre les lignes de tous ses discours – tenu à rassurer en martelant un autre message : l’entreprise est pérenne et elle investit.
Parler d’inquiétude des clients serait exagéré, mais la très riche actualité récente de l’éditeur (passage sous l’égide de fonds anglo-saxons, changement de direction avec le départ de l’historique Patrick Bertrand, rachats et objectifs d’hypercroissance) méritait visiblement que Cegid dissipe tous les doutes alors qu’il est en pleine mutation.
La dernière incertitude en date planait au-dessus de XRP Flex, le tout nouvel ERP de Cegid à destination des PME.
Cette référence milieu de gamme est en fait le fruit d’un accord à très long terme avec Acumatica. Acumatica qui, à peine quelques semaines après la signature, était racheté par IFS.
Dans ce contexte d’incertitude sur l’avenir du mariage, la promotion de l’offre ne s’annonçait pas des plus aisée.
En marge de l’évènement, Cegid nous a cependant fait savoir au MagIT que tout allait bien pour XRP Flex. Le rachat ne changerait rien à l’accord de 20 ans passé avec Acumatica, la direction américaine qui a décidé de ce partenariat reste en place, et aucun début de commencement de velléité de remise en cause n’aurait même été montré par IFS.
Quant aux équipes de développement d’Acumatica qui travaillent avec celles de Cegid depuis Moscou, elles se montreraient enthousiastes.
Bref, malgré un nouveau venu, le mariage tient toujours et la dot n’a pas changé.