OpenWorld 2019 : Oracle se rapproche de VMware
Après son accord avec Microsoft, Oracle a passé une nouvelle alliance dans le cloud avec VMware. Le but est de clarifier la situation de leurs clients communs. Et les pousser à migrer leurs VM sur OCI.
La couche de virtualisation de VMware sera désormais disponible sur le IaaS d'Oracle. Après celui avec Microsoft, ce nouveau partenariat traduit une évolution du marché du cloud public, et confirme surtout un changement stratégique majeur d'Oracle.
Dans le cadre de cette nouvelle alliance, les entreprises pourront déployer des outils VMware certifiés sur Oracle Cloud Infrastructure (OCI), la deuxième génération du IaaS de l'éditeur annoncée à l'OpenWorld 2018. Quant à Oracle, il est désormais membre du programme VMware Cloud Provider et revendra VMware Cloud Foundation pour les centres de données Software-defined. C'est ce qu'ont annoncé les deux partenaires à l'ouverture de l'OpenWorld 2019 qui se tient actuellement à San Francisco.
Oracle prévoit de donner aux clients un accès root complet aux serveurs physiques d'OCI, et ils pourront utiliser vCenter de VMware pour gérer les environnements sur site et sur OCI via un outil unique.
« Le VMware que vous exécutez sur site, vous pouvez le migrer sur Oracle Cloud », s'est félicité Larry Ellison, directeur technique et ex-ancien président d'Oracle. « Vous contrôlez vraiment la gestion des versions, les périodes de mise à jour de la pile VMware, ce qui vous permet de migrer facilement (si c'est ce que vous voulez faire) vers le cloud avec pratiquement aucun changement à faire ».
Les deux acteurs ont également conclu un accord mutuel de support. Ce qui fait dire à Oracle que : « les utilisateurs auront accès au support technique Oracle pour les produits Oracle fonctionnant dans des environnements VMware. [...] Oracle a accepté de supporter ses clients communs avec des contrats de support actifs pour les versions supportées des produits Oracle tournant dans des environnements de compute supportés par Oracle ».
Cet accord est intéressant étant donné l'historique entre Oracle et VMware. Bien qu'Oracle soit devenu plus ouvert au déploiement de ses produits dans les environnements VMware, de nombreux clients trouvent extrêmement complexe la politique de licence d'Oracle dans ce contexte. Tout un écosystème IT s'est même développé autour des services et du conseil destinés à aider les clients à rester en conformité dans un environnement qui juxtapose Oracle et VMware.
Rien n'a changé en ce qui concerne la politique actuelle d'Oracle en matière de licences de processeurs, rétorque Vinay Kumar (VP en charge la gestion des produits sur OCI). Les options VMware qui seront disponibles sur OCI le seront via des packages et des SKUs communs vendus par Oracle - SKU qui englobent à la fois le logiciel et l'infrastructure physique.
Dans un premier temps, c'est un SKU basé sur des instances X7 bare-metal qui sera disponible, promet Vinay Kumar.
Oracle et VMware travaillent sur ce partenariat depuis neuf mois. Le premier SKU devrait être disponible dans les six prochains mois.
Vinay Kumar a refusé de fournir plus des détails sur la tarification.
Oracle et VMware : vers le dégel
« Il semble qu'il y ait un dégel des relations entre Oracle et VMware », constate Gary Chen, analyste chez IDC. Les deux éditeurs ont énormément de clients communs qui utilisent leurs logiciels en tandem et qui veulent plus d'options de déploiement, ajoute-t-il. « Les clients d'Oracle sont bloqués sur Oracle », lance-t-il. « Ils doivent faire tourner du Oracle dans le cloud [NDR : s'ils veulent aller dans le cloud] ».
Or VMware a déjà conclu des partenariats avec AWS, IBM, Microsoft (Azure) et Google (GCP), ne laissant à Oracle d'autre choix que de suivre.
Oracle a également entériné que le marché des IaaS généralistes était dans les mains de ces concurrents. Il positionne OCI pour des tâches plus spécialisées ainsi que pour les workloads d'applications clefs et critiques.
Un grand nombre de workload sur site s'exécutent sur du VMware, ajoute Holger Mueller, analyste chez Constellation Research. Lorsque les entreprises cherchent à les porter sur le cloud, elles veulent le faire de la manière la plus rapide et la plus simple possible.
La plus grosse partie du coût du lift-and-shift vient des revalidations et ses tests dans le nouvel environnement, continue Holger Mueller. Aujourd'hui, de nombreuses entreprises ont donc mis en place des scripts de test automatisés et/ou apprécient de ne pas re-tester les workloads qui tournent sur VMware.
« Avec une machine virtuelle de VMware, un déploiement sur un serveur dans le datacenter de la société ou dans le IaaS d'un cloud public revient presqu'au même, c'est une source de confiance », souligne l'analyste.
Dans un premier temps, la plupart des clients du nouveau service VMware-OCI devraient migrer des workloads en lien avec les bases de données Oracle. À charge pour Oracle de les convaincre, dans un deuxième temps, qu'OCI convient aussi à d'autres workloads que les clients virtualisent avec VMware, conclue Holger Mueller.