Oracle et Microsoft ajoutent une nouvelle connexion entre leurs clouds
L’option multicloud, proposée par Oracle et Microsoft, est désormais disponible au Royaume-Uni via un lien direct entre les datacenters locaux d’Oracle Cloud Infrastructure et d’Azure. Un pas de plus dans le réchauffement des relations entre les deux anciens adversaires dans le cloud.
Oracle et Microsoft viennent d’élargir leur partenariat, signé en juin, en créant une connexion directe entre leurs centres de données londoniens. Elle s’ajoute à la connexion qui avait déjà été mise en place entre leurs deux infrastructures dans l’état de Virginie.
Le partenariat Oracle-Microsoft vise à apporter une plus grande interopérabilité entre les clouds des deux éditeurs pour faciliter l’exécution des workloads des entreprises qui sont à la fois clientes d’Oracle et d’Azure. Plutôt que d’essayer de convaincre le marché que leur cloud est meilleur que celui de l’autre, les deux géants de l’IT B2B ont au contraire rendu possible l’utilisation de leurs deux technologies dans un environnement multicloud commun.
« Notre priorité était de travailler avec Microsoft. Il y a beaucoup de raisons à cela. Nous pouvons faire beaucoup pour que les applications qui nécessitent à la fois des technologies Oracle et Microsoft fonctionnent bien [dans le cloud] », explique Leo Leung, directeur principal des produits et de la stratégie pour Oracle Cloud Infrastructure.
Leo LeungOracle
Cette déclaration entérine un changement de cap et un réchauffement des relations entre les deux anciens adversaires dans le cloud. Pour remettre les choses en perspective, il y a peine deux ans, Oracle avait changé les licences de ses bases pour en doubler le prix si on les déployait sur Azure (ou AWS).
OCI, la plate-forme IaaS d’Oracle, est donc maintenant reliée à Azure dans la région de Virginie et dans la région de Londres.
« Le nombre de nos clients communs est très important… ce qui n’est le cas avec aucun autre éditeur », poursuit Leo Leung pour couper court à toute ouverture vers AWS (le nouveau meilleur ennemi d’Oracle) ou Google Cloud. « Nous voulons donner à ces clients des options dans le cloud qui soient le moins pénibles possible ». Le responsable d’Oracle ajoute que l’interconnexion directe fait tomber les murs entre les deux plates-formes, « ce qui donne aux utilisateurs l’impression d’être sur un seul cloud ».
Connecter Oracle et les services Azure
Concrètement, cet accord permet aux entreprises de connecter les services d’Azure et d’Oracle Cloud l’un à l’autre – par exemple, en intégrant le Machine Learning et l’IA de Microsoft avec la Autonomous Database d’Oracle (qui, rappelons-le, n’est disponible qu’en mode DBaaS et que sur le cloud d’Oracle).
Pour réduire au minimum la complexité, Oracle et Microsoft proposent désormais en commun une authentification unique (SSO) et le contrôle des identités pour l’accès utilisateurs ainsi que le provisionnement automatisé des ressources sur les deux clouds.
Maribel Lopez, analyste à San Francisco, pense que ce partenariat est né de la prise de conscience que les clients veulent une variété de choix de déploiement dans le cloud – et qu’OCI était en retard sur AWS, Azure et Google Cloud Platform sur le marché du IaaS. « Oracle espérait dominer le cloud, mais ce n’est pas ce qui s’est passé », tranche-t-elle.
Charles KingPund-IT
Charles King, président et analyste principal chez Pund-IT, confirme. Pour lui, il est logique qu’Oracle et Microsoft travaillent ensemble pour que leurs clients communs puissent utiliser les services cloud de l’un ou de l’autre comme bon leur semble.
Les avantages de cette flexibilité semblent plus importants du côté d’Oracle, fait-il remarquer. « Cet accord devrait être particulièrement utile aux clients mondiaux d’Oracle, car ses offres et ses services cloud sont loin d’être aussi variés et matures que ceux d’Azure ». Mais, ajoute-t-il, l’accord est aussi bon pour Microsoft. L’intégration avec la base de données d’Oracle « devrait aider à enraciner encore plus Azure dans les centres de données des entreprises que Microsoft courtise ».
Proximité physique et latence quasi nulle entre OCI et Azure
La géographie joue également un rôle dans la faisabilité des liens entre les deux clouds. La proximité des centres de données des deux acteurs en Virginie minimise les problèmes de performance, selon Leo Leung. « Nous y avons chacun un cloud, donc la latence est proche de la milliseconde. On ne pourrait pas faire cela si les serveurs de l’un étaient sur la côte est et les serveurs de l’autre sur la côte ouest ».
Résultat, d’après Oracle, il est aujourd’hui possible d’envisager que différentes parties d’un workload applicatif puissent s’exécuter dans les différents clouds.
La logique est la même pour les centres de données de Londres. La nouvelle interconnexion entre les deux installations donne en tout cas un avant-goût de la conférence utilisateurs annuelle d’Oracle (OpenWorld) qui aura lieu un plus tard ce mois à San Francisco. L’accord avec Microsoft et la stratégie globale d’Oracle dans le cloud devraient être les deux grands sujets de discussion de cette édition 2019.
Vinay Kumar, vice-président de la gestion des produits d’Oracle pour OCI, a de son côté expliqué dans un billet de blog que Londres était l’une des régions d’Oracle Cloud les plus actives au monde.
Leo Leung ajoute que les capacités multicloud (rendues possibles par ce partenariat) devraient également aider les utilisateurs d’Oracle à migrer plus rapidement leurs systèmes sur site vers le cloud.
« Les gens sont habitués à cela dans le monde “sur site” : dans les centres de données, on trouve beaucoup de fournisseurs et de l’overlap », constate-t-il. « Ce qui est drôle avec le cloud, c’est qu’à bien des égards, il a créé plus d’îlots [technologiques]. Il y a beaucoup de technologies propriétaires qui sont exclusives à un seul fournisseur de cloud ». Un nouveau pic lancé, sans le nommer, contre AWS et ses bases de données, qui cette année encore risque bien d’être le punching-ball préféré de Larry Ellison (CTO et fondateur d’Oracle) lors de ses interventions à l’OpenWorld.