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TIBCO poursuit sa mue vers la Modern BI
Support de Snowflakes, infusion du Machine Learning et fonctionnalités d'analytique augmentée, TIBCO continue de moderniser son offre analytique pour coller aux tendances de la BI moderne. Et tenter de rester un des derniers acteurs indépendants.
TIBCO Software a été fondé en 1997. L'éditeur a rapidement été l'un des premiers à proposer ce que l'on appelle aujourd'hui la DataViz (ou visualisation des données) et a fortement contribué à faire passer la Business Intelligence des feuilles de calcul Excel à une forme plus évoluée. Aujourd'hui, TIBCO - bien que n'étant pas distancé - n'est plus dans un des trois leaders du secteur (Power BI, Tableau, Qlik). Mais il reste en embuscade et suit les évolutions de ce que Gartner nomme la Modern BI à coup d'intelligence augmentée (intelligence artificielle appliquée à l'analytique) et à l'apprentissage statistique (Machine Learning).
« En raison de la taille et de la quantité de leurs données, les entreprises ont besoin de l'intelligence artificielle et du ML pour découvrir ce qu'elles ignorent », explique Shawn Rogers, directeur principal de la stratégie pour l'analytique chez TIBCO.
Signe de cette évolution, le 27 août, TIBCO a ajouté à Spotfire, sa principale plate-forme analytique, la prise en charge native du datawarehouse cloud de Snowflake.
Historiquement, Spotfire a été racheté en 2007. TIBCO l'a alors positionné comme un middleware plutôt que comme un outil analytique autonome.
« Lorsque TIBCO a acquis Spotfire, ils avaient une idée assez étroite de la façon de l'utiliser pour faire de l'analytique », analyse Rita Sallam de Gartner. « En 2011, ils ont investi dans Spotfire et en ont fait un produit plus autonome [...] Le produit est très robuste - il a de très bonnes évaluations pour toutes les fonctionnalités critiques », dit-elle. « Ils ont acheté pas mal de choses qui ont été ajoutées à Spotfire [...] ils sont par exemple l'une des rares plateformes qui supporte l'analyse en temps réel. TIBCO en tant que produit s'est vraiment différencié ».
Même son de cloche chez Doug Henschen, analyste chez Constellation Research, qui considère que la plate-forme de TIBCO est proche de celles d'acteurs comme ThoughtSpot ou de Microsoft qui font entrer la BI dans une nouvelle ère, avec l'intelligence augmentée et les requêtes en langage naturel.
« Très récemment, ils ont renforcé les capacités d'analytique augmentée [de Spotfire X] avec un peu de Machine Learning et la suggestion proactive d'insights », dit-il. « Ils ont de la visualisation qui s'accompagne de textes explicatifs. Ils ont aussi ajouté des capacités de requêtes en langage naturel à [Spotfire X] même si cela reste par mots-clés et pas sur un mode conversationnel - mais c'est un début ».
L'analyste met toutefois en garde sur le fait que la cible de TIBCO reste limitée. « Ils s'adressent aux utilisateurs avertis, pas aux métiers qui n'ont pas de formation [analytique] ».
Shawn Rogers en a conscience. Mais d'après le dirigeant de l'éditeur, TIBCO est en train d'évoluer pour devenir plus accessible. « Il est important de suivre la sophistication et la maturité de nos utilisateurs », dit-il. « La tendance pour l'avenir est de s'adresser aux personnes de plus en plus nombreuses qui veulent avoir accès aux données ».
L'analytique de TIBCO est également confrontée à un défi que Rita Sallam date des années qui ont suivi l'acquisition de Spotfire. C'est à peu près à cette époque que la BI a décollé et que d'autres éditeurs ont raflé les parts de marché les plus importantes. « TIBCO n'a pas totalement saisi sa chance lorsque le marché a pris son envol entre 2010 à 2012 », constate l'analyste de Gartner. « Ce n'est pas le premier nom qui vient à l'esprit des gens, les gens pensent d'abord à Power BI ou à Tableau ».
Depuis 2012, fusions et acquisitions ont redessiné le marché de la BI. La plupart des acteurs indépendants ont été absorbés par des éditeurs généralistes beaucoup plus gros (BO par SAP, Tableau par Salesforce, Looker par Google, le français BIME par Zendesk, etc.). Ne restent plus en indépendants que peu ou prou MicroStrategy, SAS, Qlik, ThoughtSpot, Information Builders, Sisense, Alteryx ou, donc, TIBCO.
Shawn Rogers rappelle que face à cette consolidation, TIBCO n'est pas resté les bras croisés. Il a fait ses propres acquisitions stratégiques, notamment Statistica, Alpine Data et le Français Orchestra Networks. « Nous prenons les bonnes pièces et ajoutons les bons morceaux », dit-il. « Vous devez rester sélectif en fonction de ce que vous voulez faire. Cela aide à rester compétitif d'une manière intelligente ».