VDI : Windows Virtual Desktop pousse le marché à s’adapter
Le fournisseur de services IT Nerdio a été impliqué dès le début dans le développement de l’offre DaaS de Microsoft. Son Pdg partage son regard sur l’impact que celle-ci devrait avoir sur le marché de la virtualisation du poste de travail.
Nerdio, un fournisseur de services IT de Chicago, a été impliqué dès le début dans le développement de Windows Virtual Desktop par Microsoft. Dès 2017, Microsoft l’a invité à participer à l’aperçu restreint. Vladimirskiy, PDG de Nerdio, revient sur le chemin parcouru par Microsoft, et examine la manière dont les acteurs du marché du VDI tels que Citrix et VMware sont appelés à évoluer face à l’arrivée de Microsoft sur le marché du DaaS.
Comment Windows Virtual Desktop affecte-t-il le marché du VDI ?
Vadim Vladimirskiy : Il va y avoir un impact assez significatif – probablement positif pour certains, mais peut-être pas autant pour d’autres. Ceux qui proposent leur propre solution de virtualisation des postes de travail – en particulier dans leurs propres centres de calcul et sur leur propre infrastructure – vont avoir du mal à concurrencer Microsoft. Windows Virtual Desktop est une offre exclusivement Azure. Dès lors, toutes les améliorations techniques qu’ils ont introduites, comme Windows 10 multisession, ne sont disponibles que sur Azure. Un concurrent de Microsoft s’appuyant sur sa propre infrastructure n’a tout simplement pas accès à cela et doit se contenter du système d’exploitation monoposte traditionnel. La structure de coûts sera loin de celle qu’il est possible d’obtenir avec Windows Virtual Desktop.
Pour certains fournisseurs de services, il va donc va migrer l’infrastructure interne vers Azure afin de bénéficier de tous les avantages de Windows Virtual Desktop. À moins de se concentrer plus verticalement et ajouter de nombreux de services à valeur ajoutée et de services managés en plus de l’hébergement des postes de travail. En tout cas, il va être difficile pour quelqu’un de démarrer aujourd’hui une entreprise qui ne fait qu’héberger des postes de travail sur sa propre infrastructure.
Comment Windows Virtual Desktop affecte-t-il les fournisseurs existants sur le marché du VDI, tels que Citrix ?
Vadim Vladimirskiy : Citrix est en quelque sorte unique dans l’espace des fournisseurs de services, car au cours des dernières années, il s’est transformé en une sorte de pure société de logiciels. Son offre de postes de travail virtuels, antérieure à Windows Virtual Desktop – à savoir Citrix Cloud –, est déjà basée sur Azure. Pour Citrix, Windows Virtual Desktop apporte en fait une meilleure structure de coûts en termes de licences pour ses clients.
Je pense que Citrix capturera toujours le segment supérieur du marché – avec par exemple les grandes entreprises, qui ont misé sur Citrix depuis longtemps, qui ont déployé Citrix Receiver sur les terminaux de leurs utilisateurs finaux, et qui ont besoin de NetScaler. Les fonctionnalités avancées qu’apporte Citrix conservent tout leur attrait ; je ne suis pas sûr que Windows Virtual Desktop surmonte nativement ces défis.
Au fil des ans, Microsoft essaie toujours de rattraper les fonctionnalités de Citrix. Avec chaque version, Citrix doit inventer au-delà de ce que Microsoft est en train de faire pour disposer d’une proposition de valeur pertinente pour les entreprises.
Comment les produits Microsoft ont-ils évolué vers Windows Virtual Desktop ?
Vadim Vladimirskiy : Tout a commencé avec Windows NT 4.0 Terminal Server, qui n’était pas [initialement] un système d’exploitation multi-utilisateur. Microsoft a en fait pris sous licence un bout de code de Citrix, ce qui a en quelque sorte scellé l’alliance initiale Citrix-Microsoft qui perdure aujourd’hui fortement. Microsoft a obtenu une licence pour MultiWin, afin de permettre à Windows Server NT 4.0 de produire des services terminaux, avant de publier une version spéciale de ce produit appelée Windows Server NT Terminal Server Edition. À partir de là, les choses ont commencé à évoluer et à devenir plus populaires.
À l’origine, Windows Virtual Desktop devait être un ensemble d’applications web qui remplaceraient les services traditionnels de poste travail déporté. N’importe qui pourrait simplement les installer en tant qu’applications web Azure et les exécuter. Et puis finalement, Microsoft a dit : « prenons simplement ces applications web et construisons notre propre plateforme en tant qu’offre de service à partir de celles-ci. Au lieu de les mettre à la disposition d’autres pour qu’ils puissent les exécuter, nous allons les exécuter nous-mêmes et les mettre à la disposition de tous ceux qui ont une licence Windows Enterprise sans frais supplémentaires ».
Comment le système d’exploitation multi-utilisateur est-il devenu une priorité ?
Vadim Vladimirskiy : Je pense que tout a changé quand Azure RemoteApp est sorti en 2014. En 2016, Microsoft a décidé d’y mettre fin, mais a reçu beaucoup de commentaires lui indiquant qu’un tel service, dans Azure, est vraiment voulu et attendu. C’est ce qui a en quelque sorte ramené Microsoft à l’ingénierie et abouti à ce concept de Windows Virtual Desktop.
Ce qui est vraiment révolutionnaire avec Windows Virtual Desktop, ce ne sont pas seulement tous les composants techniques [mais aussi] le fait que Windows 10 est pleinement utilisable, avec des profils utilisateurs qui fonctionnent vraiment bien. Et il est également révolutionnaire que Microsoft accorde autant d’importance et de légitimité à Windows Virtual Desktop comme modèle pour fournir des applications et des postes de travail aux utilisateurs.
Historiquement, et même il y a seulement un an, Microsoft n’a jamais accompagné l’industrie de la virtualisation du poste de travail. Le marché du VDI a toujours dû composer avec Microsoft, plutôt que de travailler avec Microsoft. Je suis très satisfait que les choses aient changé.