Cloud IaaS : les entreprises préfèrent les géants AWS, Azure et Google
La dernière étude de marché publiée par Gartner montre que, quoi qu’on en dise, les entreprises délaissent de plus en plus les acteurs locaux au profit des « hyperscalers ».
Le marché mondial du cloud public IaaS a connu une croissance de 31,3 % en un an pour terminer l’année 2018 avec un chiffre d’affaires de 32,4 milliards de dollars, selon la dernière étude de Gartner.
Cela dit, la croissance individuelle des grands fournisseurs est telle – plus de 60 % pour Microsoft Azure, plus de 92 % pour le cloud public d’Alibaba – que Gartner parle d’un phénomène d’abandon des offres locales, au profit de ceux que l’on appelle désormais les « hyperscalers ».
« Outre une forte croissance globale, nous observons une consolidation autour des plus grands acteurs du cloud public. Cela indique que les entreprises préfèrent déployer leurs ressources chez les acteurs qui leur offrent le meilleur potentiel d’élasticité. Nous estimons donc que les fournisseurs qui continueront à prendre des parts de marché sont ceux qui investissent massivement à la fois dans l’installation de nouveaux datacenters autour du globe, mais aussi dans l’enrichissement de leurs fonctions », commente Sid Nag, l’un des hauts responsables de Gartner.
En l’occurrence, les cinq plus importants fournisseurs de cloud public IaaS représentent désormais 77 % de ce marché, contre 73 % un an plus tôt.
Précisons que l’étude de Gartner est mondiale. Néanmoins, les résultats globaux qu’elle indique ne sont manifestement pas du tout affectés par les idéologies locales de cloud souverain.
Alibaba et Google, les acteurs qui montent très vite
Selon la liste dressée par Gartner, AWS reste le numéro un avec un chiffre d’affaires annuel de 15,5 Md$ (47,8 % de parts de marché), suivi de Microsoft Azure avec un CA de 5 Md$ (15,5 % de parts). Alibaba atteint un résultat de 2,5 Md$ (7,7 % de parts), Google 1,3 Md$ (4 % de parts) et IBM 0,57 Md$ (1,8 % de parts). Le reste des fournisseurs a réalisé un chiffre d’affaires global de 7,52 Md$, soit un peu moins de la moitié du résultat atteint par AWS seul.
Gartner observe que le chinois Alibaba doit sa spectaculaire progression à la construction de centres de données dédiés à des secteurs spécifiques, comme les médias ou la grande distribution. Son expansion s’est néanmoins limitée aux territoires asiatiques - en Chine, bien entendu, mais aussi principalement en Inde – et le cabinet ne s’attend pas à le voir développer de présence significative en Europe ni aux USA. Pour autant, il est probable qu’Alibaba incarne bientôt la barrière qui empêche AWS, Azure et Google d’étendre encore leurs activités en dehors de l’Occident.
De fait, Google est bien le numéro 3 du cloud public en Occident. Et selon Gartner, le fournisseur pourrait affirmer sa très forte progression en poursuivant la stratégie de se présenter comme l’acteur alternatif, en jouant la carte du multi-cloud, et innovant, notamment via des services d’IA, auprès des grands comptes qui ont testé AWS ou Azure depuis trois ans et plus.
AWS et Azure, des leaders qui ont le difficile défi de le rester
Enfin, pour Sid Nag, AWS s’est embarqué dans une stratégie tous azimuts de fourniture de nouveaux services afin de relever le difficile défi de rester trois fois plus important qu’Azure. Mais ce dernier a l’avantage d’être proposé par Microsoft en bundle avec sa très populaire offre SaaS Office 365. Ainsi, si l’on compare les deux acteurs sur un an, il apparaît que les parts de marché d’AWS ont perdu près de deux points (49,4 % du marché en 2017) au profit de celles d’Azure (12,7 % du marché en 2017, soit un gain de quasiment trois points).
Selon Gartner, il manque à AWS une offre d’appel autour d’applications en SaaS, ce que même Google propose, avec ses services G Suite. Mais Azure a aussi des défauts, en particulier un certain nombre d’interruptions de service dont le fournisseur souffrirait régulièrement depuis ces dernières années et qui ont même, tout récemment, obligé son CTO à s’expliquer publiquement.