Micro Focus débarque sur le marché du RPA
Le groupe britannique présente sa propre solution en s’appuyant sur certaines technologies internes et compte faire valoir son historique dans la modernisation pour se frayer un chemin sur ce segment naissant.
Le marché bouillonnant du RPA connaitra désormais un nouvel acteur. Micro Focus, cadre historique de modernisation des grands systèmes et des applications, a en effet décidé de prendre pied sur ce segment émergent mais très prometteur de l’automatisation de processus robotisée en présentant sa propre solution, Micro Focus RPA.
Si l’on en croit les cabinets d’analystes comme Gartner ou Forrester, le marché du RPA fait partie des segments les plus dynamiques de l’IT d’entreprise. Gartner, dans son dernier comptage, considère que ce marché a connu une croissance de plus de 63 % en 2018 et pèse actuellement 846 millions de dollars. Il devrait atteindre 1,3 milliard de dollars en 2019, largement tiré par des pure-players du genre, UiPath, Automation Anywhere et Blue Prism qui forment le trio de tête de ce segment.
Mais, illustration d’un secteur émergent ultra-dynamique, les contours structurels sont encore mal définis. Et Gartner anticipe un fort vent de consolidation dans les années à venir, à grands coups de rachats – les petits par les gros ou les petits entre eux – , de repositionnement marketing, ou de lancement de produits chez les cadres.
Micro Focus y voit donc une carte à jouer. Et la société, qui a multiplié les rachats ces dernières années, à l’image de celui des activités logicielles de HPE, compte bien profiter de cette lancée, fortement teintée aux couleurs de la transformation des entreprises, pour apparaître sur ce segment – et s’accaparer par la même occasion quelques parts de ce marché naissant.
Surtout, si les entreprises peinent encore à identifier les cas d’usage en matière de RPA, une orientation semble toutefois très marquée. Dans la majorité des usages d’aujourd’hui, le RPA est vu et utilisé comme une technologie qui « désilote » les SI et offre une passerelle d’intégration entre les multiples applications et systèmes qui jusqu’alors ne pouvaient pas interopérer. Cette interconnexion passe aussi par le transfert de données et de flux applicatifs d’un environnement à l’autre. Cela permet aux entreprises de mettre sur pied une fondation pour leur transformation numérique qui jusque-là était impossible avec d’anciens systèmes, écrit Gartner dans son premier Magic Quadrant dédié au RPA (publié début juillet 2019).
Une mécanique que, justement, Micro Focus, connait bien.
L’éditeur britannique n’est pas un inconnu du monde de l’automatisation. Le RPA constitue d’ailleurs une extension logique de certains des outils présents à son catalogue, qui eux-aussi proposent des capacités d’automatisation, Operations Orchestration (OO) et Unified Funtional Testing (UFT).
Ces deux produits font aujourd’hui partie d’une plateforme plus globale chez Micro Focus dont la volonté est de favoriser le partage de composants, comme l’explique Eric Chaussier, manager avant-vente, chez Micro Focus. « Cette plateforme s’élargit régulièrement. Elle nous permet ainsi d’accélérer la livraison de nouveaux produits et version de produits pour nos clients ». Ce dont Micro Focus RPA a donc bénéficié, en empruntant notamment des capacités d’Operations Orchestration et d’automation du testing de GUI (UI Bot, comme l’indique Eric Chaussier) d’UFT. Cette dernière solution permet d’automatiser les tests fonctionnels et de régression notamment d’applications web, desktop ou mobiles.
La fondation était donc prête, « on avait le cœur », précise d’ailleurs le responsable et « cela fait déjà longtemps que nos clients nous demandaient de sortir un produit sur le RPA ».
Mais pour lui, l’outil de RPA « va plus loin », puisqu’il propose un studio à partir duquel les processus robotisés peuvent être conçus graphiquement ou codés à la main et intégrés aux workflows – les cadres du secteur du RPA proposent tous un studio – mais aussi des capacités de dimensionnement pour ajuster les robots aux usages et aux workloads.
Parmi les autres fonctions clé, on remarque également celle qui évite d’avoir à recoder ses robots lors d’un changement ou des mises à jour d’interfaces graphiques. Cela est rendu via une technique de reconnaissance d’objet emprunté à UFT (notons que cela est également possible chez Contextor, aujourd’hui propriété de SAP, dont le moteur capte directement les messages échangés entre l’OS et l’application).
Des travaux ont été menés autour de la sécurité afin d’exploiter les politiques en place dans l’entreprise ou d’exécuter des scripts sans avoir à déchiffrer les données critiques, ou encore autour de l’audit et de la traçabilité en temps réel des activités des robots.
Micro Focus compte se différencier sur ce marché déjà encombré en mettant en avant son historique sur le marché des applications d’entreprise et sa capacité à pouvoir interagir avec celles-ci. « Beaucoup de nos clients nous disent que les solutions de RPA ont été souvent choisies par une division métier pour couvrir leur cas d’usage. Mais quand vient l’heure de généraliser la solution à l’échelle de l’Entreprise (car l’automation des processus est un sujet Entreprise), on s’aperçoit qu’il n’y a pas eu d’alignement des besoins et que la solution ne permet pas de couvrir leurs cas d’usages », commente enfin Eric Chaussier à la rédaction.
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