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Pôle Emploi et Rocket School testent l’IA pour le recrutement et la formation
Grâce à un algorithme d'intelligence artificielle (IA), Pôle Emploi et Rocket School identifient les profils qui ont le plus de chances de réussir dans un des métiers en tension dans le digital.
L'intelligence artificielle (IA) n'en est pas à ses débuts dans le domaine du recrutement ou de la mise en relation des candidats et des offres d'emplois. Ici, ce qui est nouveau est que l'algorithme utilisé – le logiciel de recrutement prédictif d'AssessFirst – analyse les « soft skills » des candidats, c'est-à-dire leurs traits de caractère et leurs aptitudes relationnelles, sociales, etc. Et ce, quels que soient leur niveau et leur domaine de formation initiale, qu'ils soient demandeurs d'emploi ou qu'ils soient en poste, mais en se basant sur le fait qu'ils aient envie de se réorienter.
Sur la base de ces critères, l'algorithme évalue leur capacité à réussir après une formation de 3 mois dans un des métiers du digital les plus en tension actuellement comme, par exemple, business developer ou chargé de marketing digital.
La bonne personne au bon poste
« Dans de nombreux métiers, il est très difficile de recruter aujourd'hui. Nous voulons donner leur chance à ceux qui ne l'ont pas eue jusque-là de trouver un métier dans lequel ils s'épanouiront et surtout de trouver un emploi », affirme Cyril Pierre de Geyer, co-fondateur de Rocket School. Labellisée Grande Ecole du Numérique (GEN), celle-ci forme aux niveaux Bac+3 et Bac+5.
Le projet repose sur trois piliers que détaille Cyril Pierre de Geyer : « nous voulons mettre les bonnes personnes au bon endroit ; faire qu'elles soient opérationnelles dès le premier jour ; leur permettre d'avoir soit un CDI soit un contrat d'alternance en un an (niveau Bachelor) ou en 2 ans (niveau Master) ».
Un recrutement ouvert
Repérés et contactés par Pôle Emploi ou directement sur le site de Rocket School, les candidats font le test d'AssessFirst en ligne. Ce test dure environ une heure avec des questionnaires sur le comportement, la sociabilité, des tests de logique, de raisonnement… L'algorithme analyse les résultats et identifie les candidats qui correspondront le mieux aux métiers pour lesquels Rocket School forme actuellement, à savoir le « digital business development » et le « growth hacking ». « Ce sont les deux secteurs qui peinent le plus à recruter les bons profils. Il faut savoir que Pôle Emploi propose actuellement environ 40 000 offres d'emplois de commerciaux », précise Cyril Pierre de Geyer.
Cyril Pierre de GeyerCo-fondateur, Rocket School
Sur les 2500 personnes qui ont visité le site à l'automne 2018, 900 ont passé le test. Deux cents d'entre elles ont ensuite été contactées. « Nous avons appelé ces 200 candidats, sans regarder leur CV, pour leur expliquer le fonctionnement et aussi pour vérifier qu'ils passaient bien au téléphone, car c'est une nécessité pour les commerciaux », explique Cyril Pierre de Geyer. Après 120 rendez-vous en face à face, 80 personnes ont été présentées aux sociétés susceptibles de les embaucher après la formation et 50 ont obtenu une promesse d'embauche, 90 % d'entre elles en alternance et 10 % en CDI. Ces candidats ont constitué la première promotion, qui a démarré en novembre 2018.
Une formation intensive
Le processus commence par trois mois de boot camp intensif. Plongés en situation réelle du matin au soir 5 jours par semaine, les candidats sont formés par des professionnels du métier qui leur font des retours d'expérience. Ils relèvent des défis commerciaux identiques à ceux qu'ils rencontreront dans leur futur emploi : trouver les coordonnées d'un prospect, l'appeler, le questionner sur ses besoins, etc.
Après le boot camp, ils rejoignent l'entreprise qui les a choisis. Ceux en alternance reviennent « à l'école » chaque vendredi pour suivre des cours, passage obligé pour l'obtention d'un diplôme officiel.
Résultats positifs
Aujourd'hui, Rocket School forme et a formé 90 personnes en trois promotions-formation de commerciaux « business developer », et 30 personnes en formation marketing digital « growth hacker » (2 promotions). Neuf sur 10 au moins sont sûrs d'avoir un emploi à l'issue de leur formation. Ils travailleront dans des start-ups ou des scale-ups qu'ils connaissent déjà puisqu'ils y auront passé leur période d'alternance.
Il faut attendre encore pour mesurer l'adéquation entre les candidats retenus par l'algorithme et par Rocket School, et leur poste en entreprise. Pour l'instant, leur expérience professionnelle n'est que de quelques mois. Pas assez pour s'assurer qu'ils sont « la bonne personne au bon endroit ». Convaincu de l'efficacité de l'algorithme, Cyril Pierre de Geyer pour sa part réfléchit déjà à de nouvelles formations à d'autres métiers en tension.