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IBM se bat pour changer la perception de Cognos Analytics BI
Big Blue met à jour ses outils de BI avec la ferme intention de les rendre séduisants auprès d’une cible plus large d’utilisateurs et d’en finir avec cette image d’une plateforme d’un ancien temps.
Si BI Cognos Analytics d'IBM reste un système puissant et encore populaire dans les entreprises, certains observateurs perçoivent une solution qui n’est plus pour tout le monde.
Pendant des décennies, cette plateforme de BI a été considérée comme une des solutions les meilleures du marché, une qui répondait bien aux besoins des analystes. Mais avec la généralisation des outils d’analyses de données, l’intérêt pour de tels outils s’est déplacé. Chez les spécialistes ultra-qualifiés, ce besoin en un tel outillage a diminué, pour s’ouvrir finalement auprès d’une cible plus large, d’utilisateurs métiers devenus plus versés dans la BI. La perception d’IBM sur ce secteur a donc changé.
Mais aujourd'hui, IBM revient dans la course.
Souhaitant faire taire ceux qui prétendent que la suite Cognos Analytics dans le cloud accumulait un certain retard, Big Blue a finalement présenté la version 11.1.3 Cognos Analytics. Une itération de la plateforme qui, selon IBM, vise à ouvrir davantage les outils de BI d’IBM auprès des PME, en agitant l’argument du prix et de la facilité d'utilisation.
En 2015, IBM a commencé à s'attaquer pour la première fois à l’image de Cognos lors du passage de la version 10 à 11 de la plateforme. La perception était que la solution était considérée comme adaptée pour les grandes entreprises mais peu conviviale pour tous.
« Nous avons sorti la 11.0 en 2015 et avons passé beaucoup de temps sur la route à expliquer que ce n’était pas le Cognos de votre grand-père, mais bien la prochaine itération », souligne Kevin McFaul, chef de produit principal des activités Analytics chez IBM. « Les capacités sont toujours là, mais elles ont été améliorées pour cibler de nouveaux utilisateurs métiers. La concurrence a bâti son discours sur la complexité de Cognos et nous avons beaucoup travaillé pour corriger cette idée. »
La sortie de la version 11.1.3 de Cognos Analytics intervient à un moment que les analystes considèrent comme une période difficile pour la plateforme.
Selon les analystes, les outils proposés par la suite restent parmi les plus efficaces du marché, mais malgré tous les efforts d'IBM, il est considéré comme ciblant principalement les entreprises ayant du budget et des ressources spécifiques. Il n'est cependant pas considéré comme une plateforme adaptée aux besoins des nouveaux utilisateurs, ces data scientists « citoyens ».
Dans son Magic Quadrant de février 2019, Gartner a classé IBM parmi les acteurs de niche après l'avoir placé dans les « Visionnaires » les trois années précédentes.
Entre 2009 et 2015, IBM occupait une place parmi les « Leaders » de ce même Magic Quadrant.
« IBM était l'un des leaders de la BI traditionnelle, mais il leur a fallu beaucoup de temps pour réagir aux [changements du marché], précise Rita Sallam, analyste chez Gartner. Cognos a perdu beaucoup d’attractivité, mais IBM a consenti des investissements prometteurs dans l'intelligence augmentée, que nous considérons comme la prochaine phase de la BI. »
« Ils ont lancé une nouvelle version prometteuse du produit », ajoute-t-elle.
La plateforme Cognos Analytics BI dispose de nombreuses fonctionnalités identiques à d'autres suites analytiques avancées, notamment dans le traitement du langage naturel (Watson a récemment été intégré à Cognos), la visualisation des données et le multi-cloud. De nouvelles fonctions sont ajoutées lors de mises à jour. La version 11.1, livrée à l’automne 2018, a vu l’arrivée de l’intelligence artificielle par exemple. La dernière version (11.1.3 donc) aborde désormais la question du prix et celle de la facilité d'utilisation.
Avant même cette dernière mise à jour, les clients existants trouvaient cette plateforme robuste. Mais il y a aussi eu un hic dans cette histoire de Cognos Analytics BI et cela a empêché IBM de gagner des clients supplémentaires, soutient un autre analyste. « Historiquement, il s'agit d'une solution très IT », commente Rick Sherman, fondateur d'Athena IT Solutions. « Il peut gérer les métadonnées, mais l'architecture nécessite des ajustements pour être efficace. » « Vous irez voir ailleurs si vous n'en avez pas les compétences », pointe-t-il du doigt.
Un autre inconvénient est celui de la lenteur d’IBM à innover dans ce domaine. Microsoft livre tous les mois des mises à jour de Power BI et des fournisseurs tels que MicroStrategy poussent l’analytique dans leurs applications au-delà de leurs plateformes BI traditionnelles. Les dernières annonces d'IBM portent sur des nouveautés que possèdent déjà nombre de ses concurrents.
« L’outil possède la plupart des caractéristiques requises, mais la concurrence est allée plus loin que Cognos », déclare Boris Evelson, vice-président et analyste principal chez Forrester Research. « Sa force réside dans le fait qu'il fournit des analyses à l'échelle et qu'il propose certaines des fonctionnalités les plus avancées actuellement - il dispose d'une interface utilisateur conversationnelle. »
« Mais une faiblesse est que le rythme de l'innovation n'est pas aussi rapide que celui de ses concurrents », rappelle-t-il.
Toutefois, ce qui a pu freiner Cognos Analytics tient au fait qu'IBM a investi massivement dans Watson avant de finalement abandonner Watson Analytics comme produit autonome pour l'intégrer à la suite BI de Cognos Analytics. « Watson les a retardés de quelques années - Watson Analytics n'était pas aussi complet que Cognos », explique Doug Henschen, analyste chez Constellation Research. « Ils peuvent rattraper leur retard. »
IBM, note-t-il, accorde aujourd’hui plus d'attention à Cognos Analytics, ce qui pourrait contribuer à modifier l’état d’esprit selon lequel IBM serait à la traîne dans l’analytique. « Ils ont avancé de façon significative ces 18 derniers mois, lance-t-il. Certains signes montrent qu’ils s'adaptent aux demandes du marché et se rapprochent de ce que veulent les clients. »
Cette nouvelle version semble être une preuve de l'engagement d'IBM envers la Cognos Analytics BI et aussi de la volonté d'en faire une suite, non seulement pour les grandes entreprises, mais aussi pour les data scientists plus métiers.
« La solution a été conçue pour aider les utilisateurs finaux à comprendre leurs données et leur donner les moyens de le faire », soutient Kevin McFaul.
La tarification de la version 11.1.3 de Cognos Analytics comporte trois volets : à partir de 15 $ par utilisateur et par mois pour l'édition Standard ; 35 $ par utilisateur et par mois pour l'édition Plus ; et 70 $ par utilisateur et par mois pour l'édition Premium. Toutes les versions sont disponibles sur la Marketplace IBM et peuvent être achetées directement sur le site et utilisées via le cloud.
Reste à voir si le marché tiendra compte de ces changements et si IBM pourra récupérer les parts de marché qu’il a perdues ces dernières années.
Il y a dix ans, IBM détenait 14,6 % du marché des fournisseurs en valeur, selon Gartner. En 2017, bien que les statistiques varient légèrement d'une source à l'autre et que le marché de la BI soit devenu plus fragmenté au fil du temps, la part de marché d'IBM avait chuté.
« La difficulté n’est pas liée au produit », résume Rita Sallam. « Elle réside dans leur stratégie de mise sur le marché, de comment vendre au-delà de leur base installée et de comment attirer de nouveaux acheteurs. Ils ont mis en place un plan à cet effet, mais nous verrons comment ils l’exécuteront. »