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L’Américain GTT met la main sur les fibres européennes de KPN
Après les câbles transatlantiques d’Hibernia et les 400 points de raccordement européens d’Interoute, l’opérateur rachète des réseaux qui alimentent 21 pays de l’Union et, accessoirement, Paris.
L’opérateur américain GTT communications annonce racheter pour 50 millions d’euros le Hollandais KPN International, propriétaire d’un réseau de fibres optiques qui serpente dans 21 pays européens.
L’année passée, GTT avait déjà racheté pour 2,3 milliards d’euros les 72.0000 km de réseaux de fibres, les 400 points de raccordement et les 31 bâtiments de collocation de datacenter européens d’Interoute. En 2017, il mettait déjà la main sur Hibernia, propriétaire de cinq câbles transatlantiques, pour 590 millions de dollars. Depuis sa création, en 1998, l’opérateur, qui s’appelait il y a encore peu Global Telecom & Technology, a cumulé 30 rachats.
Avec KPN International, GTT récupère essentiellement les anneaux métropolitains de Paris, Francfort, Londres et Amsterdam, ainsi que les 400 clients opérateurs et entreprises qui utilisent directement ces réseaux. Ces fibres servent aussi bien à relier les datacenters au reste d’Internet qu’en guise de liens privés MPLS.
KPN International était l’équipementier réseau de l’opérateur national hollandais Royal KPN. A la signature de la vente, qui devrait avoir lieu d’ici à la rentrée, 400 autres clients de Royal KPN pourraient également signer chez GTT pour assurer la liaison de leurs centres de données entre Amsterdam et le reste du monde. Outre les opérateurs, GTT est en effet le partenaire de nombreux acteurs du cloud ; citons Microsoft ou encore VeloCloud, l’entité de VMware qui fait figure de pan-opérateur de SD-WAN.
GTT encore en dessous des attentes du marché
Cette annonce de rachat intervient une semaine après que des analystes financiers ont dégradé la notation de GTT en constatant que l’intégration d’Interoute n’avait toujours pas abouti à la croissance espérée du CA. L’analyste américain Brandon Nispel, de KeyBanc accuse en l’occurrence GTT de ne pas avoir embauché assez de forces commerciales pour mettre à profit son nouveau capital de réseaux européens.
Les estimations parlent d’un manque à gagner de 100 millions de dollars. L’opérateur devrait finir l’année avec un CA d’environ 1,8 Md$, en dessous des prévisions initiales, sur un marché des réseaux télécoms physiques qui pèserait 100 milliards de dollars.
De son côté, Royal KPN lance depuis la fin de l’année dernière de grands chantiers de restructuration. Il y a notamment eu la séparation dans sa comptabilité des revenus de son activité d’opérateur pour le grand public et d’équipementier pour les entreprises. Il s’est aussi positionné dès avril contre l’utilisation des matériels Huawei dans son futur réseau mobile 5G, alors que ceux-ci étaient présents dans ses infrastructures terrestres.
Même si les événements ne sont pas officiellement liés, ces décisions s’étaient conclues en juin dernier par la démission du PDG Maximo Ibarra.