Base de données : AWS boute IBM hors du podium (Gartner)
En 2018, le cloud a tiré le marché mondial des bases de données et en a redessiné les frontières.
En matière de base de données, « le ‘on-prem’ est le nouveau legacy et le cloud l’avenir ». C’est le message principal à retenir de la dernière étude de marché du cabinet d’étude Gartner. Pour lui, le cloud est devenu en 2018 la méthode préférée de déploiement des entreprises pour leurs nouveaux projets de bases de données et d’applications.
Même si le marché mondial repose largement sur les déploiements sur site, la croissance est en revanche tirée par le cloud. 68 % de celle-ci est en effet liée aux déploiements dans le cloud. Au total, le marché mondial des bases de données a connu en 2018 une progression de 18,4 % pour s’établir à 46,1 milliards de dollars. Tiré par cet engouement pour le cloud, ce segment de marché connait d’ailleurs sa plus forte hausse depuis 10 ans, assure encore le cabinet d’étude, qui rappelle que son comptage ne prend pas en compte les licences portées dans le cloud.
Adam RonthalAnalyste, Gartner
Sur la totalité du marché, le cloud ne pèse pour l’heure que 10,4 milliards de dollars, mais Gartner pense assurément que les déploiements vers le cloud sont presqu’inévitables pour qui souhaite bénéficier des dernières innovations des éditeurs centralisant leurs développements sur leur plateforme cloud. « Les entreprises qui veulent tirer profit des nouvelles innovations du SGBD s'orientent vers le cloud. Cela ne se passe que là, ou du moins, l’innovation est d’abord portée dans le cloud. Cependant, de plus en plus d'innovations ne seront jamais portées sur site, même lorsque le fournisseur a des produits dans cette gamme », précise d’ailleurs Adam Ronthal, analyste chez Gartner, dans un billet de blog. Pour lui, seule une forme d’incompatibilité avec l’existant empêcherait les entreprises d’aller goûter aux joies du modèle cloud.
Pour l’heure, cette progression du cloud dans les bases de données est alimentée par la volonté des entreprises de mettre en place des systèmes analytiques explique à son tour Donald Feinberg, vice-président de recherche au sein du même cabinet. Les services de data warehouse, de data lake ou d’autres systèmes capables de soutenir des projets d’intelligence artificielle, de Big Data, de BI ou d’analytique tirent cette croissance.
Cabinet d'études Gartner
Mais confirme-t-il, la tendance montre également une montée en puissance du cloud dans les systèmes opérationnels. Ce qui fait dire à Gartner que les migrations vers le cloud, qu’elles soient hybrides ou complètes, ne cesseront d’augmenter dans le futur.
Cela redessine le marché mondial des bases de données dont la structure restait identique depuis des années, faisant d’Oracle, Microsoft ou IBM le trio de tête de ce segment.
En 2018, cette croissance menée par le cloud est essentiellement tirée par AWS et Microsoft Azure qui en centralise 75,5 % ( !). Ce faisant, si Oracle reste l’indéboulonnable n°1 du marché, IBM qui bataillait avec Microsoft pour la 2e place, recule, confronté à une pression très forte d’AWS. Ce dernier lui prend en 2018 la 3e place du marché et vient jouer les trouble-fête au milieu de ces acteurs historiques.
Il faut dire qu’AWS a multiplié les services de gestion et d’analyse de données. En matière de services de bases de données purs, la groupe dispose d’un catalogue qui s’étale des bases SQL, NoSQL (Document et graphe), pour les données chronologiques, en mémoire ou encore la blockchain.
Mais ce mouvement massif vers le cloud se retrouve également dans la montée de Google Cloud qui gagne 8 places en deux ans, aujourd’hui 10e du marché. La société est souvent citée pour ses services de gestion de données, son entrepôt de données BigQuery ainsi que ses services d’intelligence artificielle. La Chinois Alibaba, également pure-player du cloud, suit une courbe ascendante identique, passant de la 20e place il y a 2 ans à la 9e place en 2018 – juste devant Google donc.
D’ici 2022, 75 % de toutes les bases de données seront déployées ou migreront dans le cloud, seulement 5 % considérant un retour au on-premise, note enfin Gartner.