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EnterpriseDB : d’un fonds à l’autre, mais avec Michael Stonebraker comme conseiller
EnterpriseDB passe certes entre les mains du fonds d’investissements Great Hills Partners, mais reçoit le support technique du créateur même de PostgreSQL, Michael Stonebraker.
D’un investisseur à un autre. EnterpriseDB, qui développe une surcouche commerciale à PostgreSQL a annoncé son rachat par la société de capital-investissement américaine Great Hill Partners. Elle était jusqu’alors détenue par l'investisseur PeakEquity Partners.
Ce nouveau propriétaire travaillera à accélérer l'utilisation de la plateforme EDB Postgres, qui comprend outre un socle PostgreSQL, une série de composants pour la haute disponibilité et les déploiements à grande échelle par exemple. Surtout, l’un des éléments d’EnterpriseDB est d’avoir développé une compatibilité étroite avec Oracle dont les utilisateurs constituent une cible de choix pour EnterpriseDB.
Parmi les orientations clés, Great Hill Partners compte faire du cloud un axe fort de développement de la plateforme. Sans surprise, puisque le cloud constitue aujourd’hui le mode de consommation grandissant des bases de données, les entreprises y voyant là un moyen d’accélérer leurs innovations. Selon Gartner, d’ici à 2022, 75 % des bases de données seront d’ailleurs dans le cloud. Aujourd’hui, le cloud apparait même comme la plateforme par défaut pour tous les déploiements des bases de données, rappelle ce même cabinet dans un rapport. En 2018, les services de bases de données cloud natifs, relationnelle ou pas, représentent 10,4 milliards de dollars pour un marché total de 46,1 milliards de dollars. Sur ce segment, EnterpriseDB apparait à la 15e place, en recul de 4 places en un an.
Mais au-delà de la santé de la société, ce nouveau propriétaire entend marquer son arrivée d’une pierre blanche, en faisant de Michael Stonebraker le conseiller technique d’EnterpriseDB. Michael Stonebraker est un cadre historique du segment des bases de données relationnelles. A vrai dire, il a même contribué à la création même du concept qui a pu concrétiser à force de projets comme Ingres, Vertica, VoltDB… et PostgreSQL. Son rapprochement d'avec EnterpriseDB correspond en quelque sorte à un retour à la maison, car il a en effet dirigé le projet original PostgreSQL alors qu'il enseignait à l'Université de Californie, dans les années 1980.
PostgreSQL représente l'un des premiers logiciels libres. Ces dernières années, son utilisation s'est développée, suivant un mouvement général vers l’open source et le cloud. PostgreSQL est actuellement classé quatrième sur DB-Engines Ranking, derrière Oracle, MySQL et Microsoft SQL Server.
Comme Red Hat avec Linux, EnterpriseDB a bâti son modèle sur la création de services et de composants au-dessus de la base open source PostgreSQL pour en faciliter son utilisation dans les entreprises. La société a travaillé dur pour permettre de déployer sa plateforme dans le cloud. Mais justement, sur ce terrain, la concurrence est rude. Les géants du cloud, comme AWS, Google et IBM ont développé eux-mêmes leurs propres services de base de données à partir de PostgreSQL.
Ce qui pourrait servir EnterpriseDB. « L'intérêt des bases de données relationnelles open source augmente dans les entreprises », confirme Carl Olofson, analyste chez IDC. Il ne cesse de croître, en particulier si elles réfléchissent à un déploiement dans le cloud ».
Toutefois, « EnterpriseDB souffre d’un manque de popularité, même parmi ceux qui se tournent vers PostgreSQL pour en faire potentiellement leur première base de données ».
Avec l'acquisition par Great Hill Partners, EnterpriseDB disposera désormais des ressources nécessaires pour répondre au marché et positionner EDB Postgres, pense l’analyste.
Facilité de l’utilisation
Et les travaux sont déjà en cours. Dans une interview accordée cette semaine à la conférence Postgres Vision d'EnterpriseDB à Boston, Michael Stonebraker a confirmé que des développements étaient en cours sur les capacités de stockage de la base de données.
EnterpriseDB redouble également d'efforts pour mettre au point des fonctions cloud-natives de la base de données, en particulier pour optimiser la gestion du stockage de données.
Mais l'accent devrait également être mis sur la facilité d’usage de la base avec des possibilités de configuration plus facile - en particulier l’installation d’extensions, a-t-il encore expliqué.
« Great Hill Partners est prêt à investir dans l'augmentation des parts de marché. L'entreprise sera beaucoup plus agressive à l'avenir », souligne-t-il.
Mais il ne s’agit pas d’aller au-delà de ce segment de marché des bases de données, a rappelé de son côté Bruce Momjian, architecte senior chez EnterpriseDB et membre de la communauté de PostgreSQL depuis plus de 20 ans. « Nous nous concentrons sur notre marché. Nous sommes une entreprise de bases de données, et je ne vois pas cela comme un grand changement », dit-il.
Avec le support de SQL, les bases de données relationnelles sont très proches de l’analytique. Mais des bases comme PostgreSQL sont confrontées à une concurrence dans le cloud : celle des bases de données NoSQL, utilisées pour leurs capacités d’évolutivité, mais aussi le support d’une certaine forme de cohérence des données dans les transactions - ce qu’apporte SQL.
Michael Stonebraker rappelle d’ailleurs que NoSQL signifiait à l'origine « pas SQL », avant de devenir « pas seulement SQL » et puis, maintenant « pas encore SQL ».