Stratus revient avec des mini-serveurs de Edge Computing
La vedette historique des serveurs à tolérance de panne, boudée des médias depuis l’avènement de la virtualisation, part à la conquête des industriels avec des machines qui n’ont plus besoin d’informaticiens.
Stratus, le spécialiste des serveurs à tolérance de panne, refait parler de lui avec une offre cette fois-ci dédiée à l'Edge Computing industriel. Ces ztC Edge 100i et 110i sont de petites machines x86, conçues pour exécuter des applications au plus près des chaines de production, au pied des champs d’éoliennes ou de panneaux solaires, ou encore depuis les infrastructures ferroviaires, voire directement dans les trains.
« Le domaine du Edge Computing étant assez neuf, le marché regroupe sous ce terme des choses très différentes et qu’il ne faut surtout pas confondre », indique Arnaud Kurowski, en charge de l’activité Edge industriel chez Stratus Technologies.
« Il y a les passerelles MQTT qui servent juste à traiter en local les alertes sans attendre de les remonter au serveur applicatif, les routeurs qui savent acheminer les données avec les bons protocoles IoT, ainsi que les serveurs qui embarquent les logiciels de pilotage SCADA ou d’historisation des relevés fournis par les fabricants d’équipements. C’est à cette dernière catégorie que nous adressons. »
Fondé en 1980, Stratus Technologies et ses serveurs redondants ont connu leur heure de gloire jusqu’au milieu des années 2000. Le constructeur a ensuite plus ou moins disparu des couvertures médiatiques avec l’avènement de la virtualisation. Il a été racheté en 2014 par le fonds d’investissement Siris Capital Group.
Son offre ztC n’a pour l’heure pas véritablement de concurrents. Les solutions de pilotage IoT sont soit des serveurs traditionnels qui fonctionnent en salle informatique et ne sont pas adaptés aux besoins des industriels, soit des machines embarquées qui ne traitent que les requêtes MQTT.
Pour les industriels de toutes tailles
Les applications utilisables sur les ztC Edge sont celles que l’industrie française met actuellement en service. « Sur les centrales de production d’énergie renouvelable, les ztC ont suffisamment de puissance pour contrôler les moteurs qui pivotent, par exemple, les panneaux solaires selon l’heure de la journée. Cela pourrait à terme éviter aux fournisseurs d’énergie l’usage d’automates qui coûtent très cher », illustre Arnaud Kurowski.
« Dans le domaine du ferroviaire, les ztC servent idéalement à mieux contrôler les aiguillages. Mais les nouveaux besoins en sécurité et en information des passagers nécessitent aussi des moyens informatiques qui n’existaient pas jusqu’à présent. Nous travaillons ainsi sur des projets dans lesquels les ztC serviraient par exemple de serveurs vidéo embarqués. »
Mais il ne s’agit pas pour autant de réserver ces matériels aux grands groupes. « Avec des tarifs de deux à cinq fois moins chers que des serveurs de datacenters, nos ztC Edge sont accessibles au PMI, aux bureaux d’étude et aux startups qui n’ont qu’une seule chaîne de production à piloter. »
Zéro informaticien
L’originalité des machines ztC Edge est surtout qu’elles n’ont absolument pas besoin d’informaticiens.
« Dans l’industrie, les équipements ne sont pas gérés par l’IT, mais par l’OT – à savoir le service des technologies opérationnelles. Ce sont des équipes qui n’ont pas les mêmes enjeux qu’une DSI, car un incident peut ici coûter très cher en perte d’exploitation, et qui souhaitent par conséquent rester autonomes, même si les équipements dont elles ont la charge sont de plus en plus connectés par des systèmes informatiques. »
Sans ventilateur, alimentés en 24 volts, accrochables au mur et supportant des températures de -20 à +65° C, les ztC Edge sont de fait installables en 30 minutes et remplaçables en seulement cinq. Vendus par deux, ils communiquent en permanence pour que le nœud de secours assure la continuité d’activité si celui de production tombe en panne. Dans ce cas, une alerte est envoyée aux opérateurs, lesquels n’ont qu’à débrancher le nœud défaillant et le remplacer par un neuf.
Quant aux logiciels qu’ils exécutent, leur installation est assurée en amont par des intégrateurs spécialisés ou par les fournisseurs des machines-outils. Les opérateurs n’accèdent qu’à la console de pilotage, via un client dédié sur un poste et non un simple navigateur web, pour éviter les prises de contrôle à distance.
Des serveurs Core i7 pour exécuter des VMs sans interruption
Informatiquement parlant, les zTC Edge sont équipés d’un Core i7 à 2,4 GHz doté de 4 cœurs et 8 Mo de cache sur le modèle 100i et de 6 cœurs avec 12 Mo de cache sur le 110i. Épaulés par 32 Go de RAM DDR4, ils exécutent leurs applications sous forme de machines virtuelles depuis l’hyperviseur KVM intégré au système Redundant Linux 2.0. Celui-ci est une déclinaison de la plateforme EverRun que Stratus utilise sur ses serveurs à tolérance de panne dans les datacenters et dont il avait hérité suite au rachat de Marathon en 2012.
Les deux serveurs communiquent ensemble via deux connecteurs Ethernet, en 1 Gbit/s sur le 100i et en 10 Gbits/s sur le 110i. L’un des deux liens sert à monitorer l’activité et à détecter tout incident, tandis que l’autre communique les informations en cours de traitement.
Sur le modèle 110i, les deux nœuds sont dits « à tolérance de panne » : chacun exécute en même temps les applications de sorte que l’activité ne soit pas interrompue en cas d’incident. Néanmoins une seule puissance de calcul est utilisée. Sur le modèle 100i, dit « haute disponibilité », le nœud de secours ne démarre que si celui de production ne répond plus à ses requêtes. Il faut alors attendre entre deux minutes, pour allumer les machines virtuelles, et dix minutes, pour redéployer une base de données.
Les ztC sont également équipés de connecteur Ethernet 1 Gbit/s – deux sur le 100i et quatre sur le 110i – pour communiquer, d’une part, en SNMP et OPC avec les machines qu’ils pilotent et, d’autre part, avec le reste du réseau. Enfin, un disque SSD assure le stockage des VMs et des données ; sa capacité est de 512 Go sur 100i et 2 To sur 110i.
En termes de sécurité, enfin, Redundant Linux embarque un firewall de base et une connexion à un annuaire Active Directory.
« La sécurité sera plutôt assurée par les fournisseurs des applications, lesquels intégreront nos serveurs avec leurs équipements en les dotant d’une VM dédiée à la protection de leurs données », conclut Arnaud Kurowski.