NetApp unifie ses solutions de stockage pour concrétiser le multi-cloud
Les mêmes volumes CVS, baies virtuelles OnTap et clusters Kubernetes se retrouvent en ligne comme sur les infrastructures hyperconvergées, avec de nouvelles facilités de migrations entre les deux.
Dans sa volonté d’incarner la locomotive du multi-cloud, NetApp unifie ses produits physiques et ses services cloud. D’ici à la rentrée, le fabricant permettra d’exécuter plusieurs des services SaaS de Cloud.netapp.com sur son infrastructures hyperconvergée HCI, de sorte que les entreprises puissent considérer ce matériel installé entre leurs murs comme un segment de cloud public. Il est d’ailleurs question de commercialiser bientôt cette machine à la consommation mensuelle, comme un service en cloud.
Le spécialiste des solutions de stockage proposera aussi bientôt une nouvelle console d’administration Fabric Orchestrator, qui saura enfin piloter toutes ses gammes de produits, des infrastructures installées à demeure aux ressources souscrites en ligne, depuis une seule interface. En attendant, ses services SaaS déjà disponibles dans Azure et AWS commencent à se décliner sur GCP, le cloud public de Google.
Toutes ces annonces servent une stratégie appelée Data Fabric, qui revient à outiller les entreprises pour qu’elles ne subissent pas les frontières qui séparent les différents clouds. Le fournisseur fait en l’occurrence référence à la fois aux offres publiques – AWS, Azure, GCP et consort – et aux clouds privés, dans lesquels il inclut les datacenters.
Mathias RobichonDirecteur technique, NetApp France
« Les entreprises qui commencent à déployer des applications sur les ressources de tel ou tel offreur de cloud redoutent de se retrouver pieds et poings liés à ses technologies. Le mouvement des données entre différents cloud est pour elles essentiel, car elles veulent pouvoir mettre en concurrence les différents offreurs. Et ce n’est pas qu’une question de prix : un nouveau service très intéressant peut apparaître sur un cloud public qui n’est pas celui auquel on est abonné », explique au MagIT Mathias Robichon, Directeur technique de NetApp France.
Un cluster Kubernetes à cheval entre HCI, AWS, Azure et GCP
Parmi les services SaaS de NetApp qui arrivent sur HCI, l’un des plus retentissants est sans doute NKS, la fonction de déploiement d’un cluster Kubernetes (NetApp Kubernetes Service).
Issu du rachat de StackPoint fin 2018, NKS ne repose pas sur Anthos, mais il en reprend le principe : tous les clusters Kubernetes qu’il déploie sur HCI, sur AWS, sur Azure ou sur GCP s’agglomèrent en un seul pool de ressources. Non seulement cela donne une grande élasticité aux applications que les DevOps installent sur Kubernetes, mais l’entreprise gagne aussi en gouvernance en attribuant, selon les projets, des ressources plus privées sur HCI, moins chères sur AWS, etc.
Accessoirement, NKS s’accompagne d’une marketplace, c’est-à-dire d’un catalogue d’applications prêtes à déployer sur Kubernetes par les métiers. NetApp la peuple par défaut d’outils certifiés par ses soins pour les DevOps. L’entreprise y ajoutera ses propres applications au format Elm.
Un pool de volumes sur site ou en cloud avec des migrations automatiques
Autre outil SaaS dont HCI hérite, Cloud Volume Services (CVS) consiste pour sa part automatiquement un espace de stockage fichiers (CIFS, NFS) à la demande d’un utilisateur. Cette fonction présente l’intérêt de ne pas nécessiter l’intervention d’un administrateur. Elle sera donc sur HCI une alternative plus simple à OnTap Select, l’outil qui déploie une baie OnTap virtuelle complète, avec des réglages avancés comme la qualité de service.
Précisons qu’un équivalent d’OnTap Select existe sur AWS depuis des lustres et depuis plus récemment sur Azure. Désormais appelé Cloud Volume OnTap (CVO), il fonctionne à présent aussi sur GCP.
En complément, CloudSync est l’outil SaaS qui sert à migrer des données entre tous ces espaces, d’un datacenter à un cloud public, d’un cloud public à un datacenter et même d’un cloud public à un autre cloud public. Outre le format fichier, CloudSync sait aussi convertir à la volée les données au format objet, typiquement pour répliquer une sauvegarde stockée localement sur un NAS vers un espace S3 en ligne plus résilient. Ou l’inverse.
Attention toutefois à ne pas trop voir en CloudSync un système de migration des objets entre clouds publics. Les formats de stockage objet n’étant pas les mêmes entre AWS (S3), Azure (Blob) et Google (Cloud Storage), répliquer les données entre eux nécessite de les convertir en fichiers, puis de les mettre au format objet de la destination. NetApp ne précise pas combien coûterait l’espace nécessaire à cette étape intermédiaire.
CloudSync sait en revanche migrer à la volée n’importe quel volume NFS ou CIFS vers du stockage objet Azure Blob, Google Cloud Storage et même IBM Cloud Object Storage. NetApp ajoute qu’il sait même convertir le format objet de ses appliances StorageGrid en S3 ; forcément, puisque StorageGrid est nativement compatible S3.
Une administration globale pour les datacenters, le cloud, les volumes et les containers
Reste à administrer tout cela. Les services SaaS Cloud Tiering – pour répartir les ressources en classes de stockage selon leur prix, leurs performances... – et Cloud Insights – pour superviser et éventuellement refacturer l’utilisation des ressources – prennent désormais en charge les CVS qui fonctionnent sur HCI, ainsi que les CVO présents sur GCP.
Mais il y a mieux. D’ici à la rentrée, un nouvel outil Fabric Orchestrator sera la première console globale chez NetApp. Il servira aussi à provisionner des volumes sur ses baies OnTap historiques, sur ses appliances StorageGrid, sur ses machines HCI, sur les trois grands cloud publics et même sur tous les clouds privés qui déploient des services NetApp. Il intégrera en outre le tiering ainsi qu’un module DataSync, qui reprendra les fonctionnalités de CloudSync.
Le logiciel gèrera même le déploiement des clusters Kubernetes via NKS et la fourniture des applications dans la marketplace.
En fait, la seule fonction qui lui manquera sera celle de supervision, laquelle demeurera dans Cloud Insights.
Fabric Orchestrator devrait a priori succéder à OnCommand Cloud Manager. Présenté comme la console Data Fabric actuelle, celui-ci ne sait piloter que les baies OnTap physiques (AFF/FAS) ou virtuelles (OnTap Select sur HCI et CVO en cloud) et dispose juste d’une interface pour s’interconnecter avec CloudSync.