Salesforce et Google « veulent verrouiller toutes vos données dans leur cloud » (Qlik)
Dans une tribune au vitriol de son PDG, Qlik accuse les deux géants du cloud de recycler une vieille stratégie de clients captifs. Il met en garde les utilisateurs de Tableau, racheté par Salesforce, et de Looker, acquis par Google.
« En dépit de ce qui est dit publiquement, ces acquisitions démontrent que les fournisseurs cloud-first (sic) ont l'intention de verrouiller toutes les données dans leur cloud ». La réaction de Qlik aux rachats de Looker et de Tableau n'a pas tardé. Son président arrivé en 2018, Mike Capone, y voit une opportunité pour sa société, mais aussi une menace. Pour les clients, mais aussi certainement pour lui.
« Ces deux acquisitions vont à l’encontre des notions de choix et de flexibilité du multi-cloud, et il est crucial pour les clients d’en être conscients », avertit-il.
Ironiquement, Mike Capone commence sa lettre ouverte en se réjouissant de la nouvelle du rachat de Looker par Google et de celui de Tableau par Salesforce. Pour lui, il s'agit en effet d'une validation de sa stratégie.
« Les fournisseurs de cloud admettent le besoin d’une solution sur site - qui est justement le terrain de jeu des deux sociétés rachetées. C'est donc une excellente nouvelle pour Qlik. [...] Nous avons toujours défendu l’idée qu’il faut être en mesure d’accéder et d’analyser les données où qu’elles se trouvent, c’est l’essence même de notre stratégie », écrit-il en rappelant que nombre de clients de Qlik sont dans cette logique hybride.
Mais dans le même temps, toujours selon le dirigeant de Qlik, ces deux acquisitions montreraient le vrai visage de Google et de Salesforce. Et ce visage est celui des éditeurs d'avant le cloud, qui voulaient garder leurs clients captifs (le fameux « vendor lock in »).
« La promesse du cloud était d’éviter le verrouillage des données, or il semble que certains fournisseurs cherchent à répéter les modèles du passé », accuse sans détour Mike Capone.
Sa conclusion est que les clients de Tableau et de Looker ont, d'une certaine manière, changé d'éditeur sans le vouloir. « Mon expérience [...] me laisse penser que les clients ne veulent plus revenir à cette époque. [Ceux] qui cherchent à déplacer, intégrer, gérer et analyser leurs données sur plusieurs cloud et dans leurs propres datacenters, savent maintenant vers qui se tourner ».
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Dans cette tribune au vitriol, Qlik se présente comme « la seule plateforme d’analyse et de gestion des données de bout en bout » et « la plus grande plateforme analytique indépendante ».
On tempèrera cette affirmation en rappelant qu'il existe encore quelques acteurs BI indépendants, capables d'aller du backend à la DataViz et à la BI en libre service, dans une logique hybride et agnostique comme MicroStrategy, ou SAS ou encore Information Builders (même si la stratégie cloud de ce dernier est en gestation).
A l'annonce de son acquisition de Looker, Google - par la voix de Thomas Kurian - a fermement assuré que Looker resterait un outil agnostique, capable de gérer tout type de sources de données. Salesforce en a fait de même avec Tableau. Mike Capone n'y croit visiblement pas.