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Google se lance dans la BI en rachetant Looker pour 2,6 milliards de dollars

En rachetant Looker, Google améliore radicalement les capacités analytiques de Google Cloud pour les développeurs, tout en devenant un acteur agnostique redoutable dans la BI d'entreprise.

Google va acquérir Looker, une des plus prometteuses startup de la Business Intelligence, pour 2,6 milliards de dollars. Lors de son dernier tour de table, Looker avait été valorisé à 1,5 milliard de dollars.

Looker va donc rejoindre l'écurie de Google Cloud, élargissant ainsi les capacités analytiques du géant IT pour mieux concurrencer AWS et Azure. Elle apportera de nouvelles capacités d'acquisition de données, d'analyse et de Machine Learning.

Cette acquisition est le première rachat majeur du nouveau président de la branche B2B de Google, Thomas Kurian.

Cette transaction « offre à Google un outil BI mature et une équipe sur mesure pour Google BigQuery et ses autres services de données », resitue le consultant Wayne Eckerson.

Qu'est-ce que Looker ?

Peu connu en France, Looker édite une plate-forme BI classée dans le Magic Quadrant de Gartner dans les acteurs de niches. En plus des capacités standard de BI en libre-service, la start-up vend des applications spécialement conçues pour des utilisations analytiques spécifiques, comme le marketing et l'analyse Web. Elle est aussi décrite par le Gartner comme « permettant de modéliser les données, puis de les transmettre les données ainsi que les calculs à d'autres applications ».

En 2018, Looker avait approfondi ses liens avec Google en ajoutant des intégrations avec BigQuery ML et Action Hub pour infuser ses données dans Tensorflow.

Looker dispose d'un langage de modélisation, LookML, qui rend la plate-forme extensible, ajoute Dave Menninger, SVP et directeur de recherche chez Ventana Research. « C'est aussi une solution en adéquation avec les développeurs, le marché cible de Google », ajoute-t-il.

« Dès le début, la plate-forme a été conçue pour le cloud », continue-t-il, « elle s'intégrera parfaitement dans le portefeuille de Google ».

Même si Looker reste une plate-forme autonome, l'acquisition « donne à Google une stack analytique complète, qui s'appuie sur ses capacités existantes en matière d'ingestion de données, de streaming, de stockage et de requêtage » déclare Donald Farmer analyste chez TreeHive Strategy.

Alliance quasi naturelle

Le rachat est également pertinent d'un point de vue produit et culturel.

Google et Looker sont partenaires plusieurs années et comptent 350 clients communs, a fait savoir Thomas Kurian lors d'une conférence de presse. « Les deux entreprises ont une culture commune et une vision semblable de ce à quoi ressemblent l'analytique et le BI. On s'attend à ce que cela fonctionne très bien ».

Google a été impressionné par la façon dont Looker s'occupe de ses clients, ajoute le président de Google Cloud qui pense que sa structure pourra apprendre de ces pratiques pour améliorer son fonctionnement global.

Multi-cloud un jour, multi-cloud toujours

Looker tourne également sur AWS et sur Azure. Lorsqu'on lui demandé si la transaction changera les choses, Thomas Kurian est catégorique : « Non. Point final ».

« Nous continuerons à supporter les autres clouds comme plates-formes d'exécution pour Looker et en tant qu'ensemble sous-jacent de sources de données. Nous pensons que c'est ce que veulent les clients ».

L'un des points clefs du rapprochement sera l'intégration entre Looker et la technologie de traitement du langage naturel de Google, qui pourrait servir de frontend à la plate-forme de Looker, a-t-il ajouté.

Thomas Kurian a dirigé le développement produits chez Oracle pendant de nombreuses années avant d'accepter un poste chez Google en novembre 2018. Chez Oracle, il a supervisé des douzaines d'acquisitions et, par conséquent, il était attendu à ce que les fusions et acquisitions fassent partie de sa stratégie chez Google, en particulier pour les applications SaaS.

« Google considère Looker comme complémentaire des applications SaaS vendues par d'autres éditeurs », ajoute Thomas Kurian. « De nombreux clients souhaitent extraire des données SaaS comme celles de Salesforce [pour les analyser]. Looker offre cette capacité ».

Thomas Kurian a martelé au cours de la conférence téléphonique que Looker resterait multi-cloud. Cette position centrale est le nouveau cheval de bataille de Google Cloud, comme le montre Anthos, une plate-forme basée sur Kubernetes pour exécuter des workloads sur n'importe quel cloud ou sur site.

Le multi-cloud est aussi une exigence, étant donné que les clients peuvent ne pas vouloir transférer toutes leurs données chez Google. C'est également logique pour Google qui occupe la troisième place du marché derrière AWS et Azure.

Un « Big Deal »

Pour Boris Evelson, vice-président et analyste principal chez Forrester, l'acquisition est « un gros deal ».

« Nous nous demandions combien de temps il faudrait avant que Google n'entre dans le monde de la BI et de l'analytique pour concurrencer AWS, IBM, Oracle, SAP, Microsoft, SAS, Tableau et Qlik », commente-t-il.

« Google a Data Studio, mais il s'agit d'un produit BI basique, non destiné aux utilisateurs en entreprises », poursuit Boris Evelson.

La puissance de Google permettra à Looker de se concentrer davantage sur une UI plus moderne, comme par exemple une interface conversationnelle, la génération en langage naturel et l'analytique augmentée.

« Nous savions déjà que Looker était un acteur formidable de la BI », conclue Boris Evelson. « Maintenant, avec l'afflux de ressources de Google, je m'attends à ce que Looker aille encore plus haut ».

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