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ObjectiveFS transforme le stockage objet peu cher en NAS hyperscale
A l’occasion d’un tour des startups innovantes de la la Silicon Valley, LeMagIT est retourné voir cet éditeur qui a singulièrement amélioré son système de fichier Posix greffé sur AWS S3.
ObjectiveFS propose de transformer du stockage objet en un système de fichiers directement utilisable par les applications historiques. L’intérêt est tarifaire : chez AWS, par exemple, le stockage objet S3 à environ 2 centimes par mois et par Go coûte plus de dix fois moins cher que le système de fichier EFS (Encrypting File System) à environ 30 centimes, également par mois et par Go.
« Notre solution s’adresse initialement aux entreprises qui souhaitent migrer en cloud des applications métiers historiques, écrites pour Linux. Jusqu’ici, elles avaient deux options et aucune n’était satisfaisante. Soit, elles devaient payer plus cher pour que leurs VMs sur EC2 continuent d’accéder à leurs données via des commandes POSIX traditionnelles. Soit, il leur fallait réécrire leurs applications pour qu’elles communiquent en HTTP avec un stockage objet », explique le directeur technique Thomas Nordin.
Rencontré par LeMagIT en 2014, lors d’un précédent tour de la Silicon Valley en quête des prochaines pépites du stockage, ObjectiveFS n’était initialement compatible qu’avec AWS S3. Entretemps, l’éditeur a aussi adapté sa solution au service équivalent sur Google Cloud Platform, GCS (Google Cloud Storage) et, d’ici à la fin de l’année, ObjectiveFS devrait aussi être compatible avec Azure Storage, le stockage objet du cloud public de Microsoft.
Une évolution vers le NAS hyperscale peu cher et sur site
Une autre évolution d’ObjectiveFS depuis notre dernière rencontre est que le logiciel s’est surtout ouvert aux solutions de stockage objet sur site. La liste des compatibilités comprend IBM Cloud Object Store, HGST AtiveScale, NetApp StorageGRID, Cloudian, Ceph ou encore Minio.
Grace NordinCEO ObjectiveFS
« Cumulées avec ObjectiveFS, ces solutions offrent les services d’un NAS hyperscale pour un prix bien inférieur à celui des baies Isilon de Dell EMC ou FAS de NetApp », affirme la CEO Grace Nordin, sans toutefois donner des exemples de prix. « Le point important à retenir est que l’on peut augmenter la capacité à faible coût et à volonté (NDR : dans la limite de 2^64 fichiers, chacun pouvant peser jusqu'à 16.000 Po) et, ce, sans avoir à faire d’administration système compliquée sur le matériel. »
Progressant à la fois sur la compatibilité des stockages objet en ligne et sur site, ObjectiveFS aurait même fini par être utilisé comme un NAS hyperscale à demeure, qui utilise de la capacité de stockage en cloud public. L’intérêt est une nouvelle fois financier : l’entreprise n’a plus besoin d’acheter un NAS au prix fort, elle peut se contenter de louer chaque mois la capacité de stockage qu’elle utilise.
Notons toutefois qu’ObjectiveFS ne propose pas lui-même de fonctions de partage. En revanche, le serveur Linux sur lequel il est installé – voire le poste Mac, également compatible – peut lui-même partager en SMB le système de fichier.
De nombreuses améliorations pour une utilisation hybride rapide
Le point important est que cette nouvelle utilisation hybride pose la question de la rapidité, puisque les accès au système de fichier monté localement sont tributaires de la connexion Internet vers le stockage objet en ligne. Grace Nordin assure que, justement, les développements menés depuis ces dernières années se sont concentrés sur la manière d’éviter tout ralentissement.
« La machine qui monte localement le système de fichier POSIX à partir d’un espace de stockage en cloud public est désormais équipée d’un cache très performant. Il est possible de régler des quotas en mémoire et sur les disques locaux. De plus, nous avons mis au point des systèmes de compression et de défragmentation pour lire et écrire rapidement les données malgré la vitesse relative d’une connexion Internet », explique-t-elle.
Alors qu’ObjectiveFS ne servait initialement qu’à relier une machine virtuelle en cloud à un espace de stockage en cloud, son évolution en solution locale l’a aussi enrichi de fonctions propres aux NAS. Désormais, ObjectiveFS génère des snapshots pour faciliter les sauvegardes et peut se subdiviser en pools de systèmes de fichiers pour séparer les travaux par équipes. Accessoirement, ses communications sont désormais chiffrées. Le protocole choisi est le NaCI, avec les algorithmes Salsa20 ou Poly1305, manifestement bien plus adaptés au fonctionnement hybride qu’AES.
ObjectiveFS n’est pas le seul à proposer du NAS local basé sur du stockage objet en cloud. Le MagIT avait déjà rencontré LucidLink et il existe aussi JuiceFS. Selon Grace Nordin, ces solutions ne bénéficieraient néanmoins pas des performances d’ObjectiveFS et nécessiteraient l’installation de services de métadonnées supplémentaires.
Bientôt plusieurs stockages objets reliés à une seule instance
Grace NordinCEO ObjectiveFS
Outre la compatibilité avec Azure, les prochaines évolutions d’ObjectiveFS comprendront la gestion de plusieurs « buckets » de stockage objet.
« Jusqu’ici, il faut déployer une instance d’ObjectiveFS - sur une machine Linux ou macOS - par espace de stockage objet. D’ici à la fin de l’année, une seule instance pourra gérer les clés de plusieurs espaces. Il deviendra alors possible de constituer plusieurs tiers de stockage, par exemple un tiers pour la production et un autre pour les sauvegardes », indique Grace Nordin.
D’après ce que LeMagIT a compris, l’enjeu serait surtout de pouvoir connecter sur une même instance le stockage objet d’un cloud public et celui d’une baie sur site, voire plusieurs cloud publics concurrents en même temps. La CEO tient néanmoins à ne pas trop en dévoiler concernant cette caractéristique encore en cours de développement.