Open19, le prochain standard des serveurs en Edge Computing
Inventé dans les datacenters de Linkedin, ce design séduit désormais près d’une trentaine de fournisseurs. Ils y voient le moyen de construire des machines installables par de simples électriciens.
2019 pourrait être l’année numéro une du déploiement des serveurs au format Open19. Vingt-sept fournisseurs auraient désormais adhéré à ce standard imaginé dès 2016 par LinkedIn, dans le but de construire les futurs équipements dits de Edge Computing. Parmi eux, citons l’électricien General Electric, le fabricant de serveurs HPE, ou encore la startup Vapor IO qui édite le SDN Kinetic pour interconnecter des micro-datacenters.
« Le format Open19 est déjà en phase de test en dehors des bâtiments de LinkedIn. Deux grands acteurs de l’hébergement et six salles informatiques de tailles plus modestes ont déployé les premières configurations ces dernières semaines », a annoncé Yuval Bachar, à la fois président de la fondation Open19 et ingénieur en chef en charge de l’architecture des datacenters chez LinkedIn, lors de l’Open19 Foundation Summit qui se tenait ce mois-ci à San José.
Le format Open19 est un nouveau design de rack en 19 pouces qui serait bien plus adapté aux configurations d’appoint sur des sites industriels ou en succursales. Ce format présente l’avantage d’être plus simple à installer, de diminuer drastiquement le nombre de câbles et même de réduire jusqu’à 50 % les besoins en énergie.
Destinée à automatiser les machines-outils, piloter des antennes télécom ou encore traiter des données d’objets connectés sans la latence du cloud, l’informatique dite de Edge Computing doit surtout pouvoir se passer d’experts pour s’en occuper. En ce sens, le but d’Open19 est de permettre à de simples électriciens d’installer 100 serveurs en 40 minutes.
Deux rails pour alimenter en électricité et en réseau tous les serveurs
Pour y parvenir, ce design présente l’idée originale de relier les serveurs par deux connecteurs à deux rails souples à l’arrière qui distribuent, l’un, l’électricité et, l’autre, le réseau. Dans la version actuelle du projet, le connecteur électrique fournit du courant 12V en 35A, soit 400W. Alors que les serveurs intègrent d’ordinaire leurs blocs d’alimentation, il s’agit ici d’économiser l’énergie en regroupant seulement huit blocs dans un tiroir 1U pour alimenter jusqu’à 32 serveurs, baies de stockage ou switches.
Le connecteur réseau apporte pour sa part à chaque serveur quatre canaux capables de supporter jusqu’à 50 Gbits/s. A terme, il est question de proposer un nouveau câblage réseau capable de supporter 100 Gbits/s par canal, soit 400 Gbits/s par connecteur.
Visuellement, des cages de 12 ou 8U prennent place dans des étagères Rack classiques pour embarquer des équipements de simple ou demi-largeur, en 1U ou 2U, via des montants escamotables.
Chaque paire de connecteurs étant prévue pour alimenter en électricité et en réseau le format le plus petit, soit un module 1U d’une demi-largeur, un module serveur 2U qui prend toute la largeur du rack peut donc être relié à 4 paires de connecteurs pour bénéficier de 800 Gbits/s de bande passante et de 1600W d’électricité.
Pour l’heure, juste des configurations en marque blanche
Une étagère Rack de 42U embarque typiquement deux cages 8U avec uniquement des briques serveur ou stockage et deux cages 12U qui comprennent chacune, en plus, deux tiroirs 1U, l’un avec toutes les alimentations et l’autre avec le switch réseau.
A date, le portail commercial de la fondation ne recense qu’une offre symbolique d’équipements compatibles, mais il s’agit essentiellement de modèles destinés à être vendus en marque blanche et sur lesquels les grands fournisseurs n’auront qu’à poser leur logo.
Wiwynn propose un serveur 1U pleine largeur bi-socket capable d’embarquer 1,5 To de RAM. Flex a aussi un serveur bi-socket mais en 1U demi-largeur, ainsi qu’un switch réseau 1U pleine largeur à base de processeur Broadwell-DE capable de répartir 3,2 TBits/s. On trouve également une baie de stockage 1U chez Inspur qui peut embarquer 12 unités SAS/SATA ou NVMe.
De nouveaux standards qui peinent à convaincre
Open19 n’est pas la seule tentative de standardiser un design moderne pour les serveurs. Facebook a initié en 2011 l’Open Compute Project (OCP), dont le but est de mieux rentabiliser l’énergie dans les grands datacenters et qui, déjà, proposait de regrouper les blocs d’alimentation. Son design, l’Open Rack, a la particularité d’accueillir des équipements plus larges que d’ordinaire, soit 21 pouces au lieu de 19, et aussi un peu plus épais. Le plus petit module, de taille 1 « OpenU » mesure 4,8 cm de haut, tandis qu’un U de rack, alias RU, fait 4,445 cm.
Néanmoins, ces dimensions exotiques n’ont jusqu’ici pas vraiment convaincu. En 2016, Microsoft – désormais maison mère de LinkedIn – avait rejoint l’OCP en proposant de décliner le design original en une version 19 pouces plus traditionnelle. Son projet, appelé « Olympus », ne conservait même pas l’idée d’origine de séparer les blocs d’alimentation. En fait, le seul point commun entre le format Olympus et l’Open Rack est l’utilisation de cartes PCIe au format mezzanine PMC (PCI Mezzanine Card) qui permet de les connecter deux à deux l’une sur l’autre. Il semble que le PMC, de plus en plus fréquent sur les serveurs Rack classiques, soit finalement la seule évolution qu’OCP ait contribué à standardiser.
Citons également Gen-Z, un concept d’armoire rempli de petites cartouches, lesquelles contiennent tantôt des processeurs, tantôt de la RAM. La version définitive de ce design a été publiée il y a un an par HPE, à la suite de son projet The Machine. Sa particularité est que les cartouches sont interconnectées par un fond de panier qui offre autant de bande passante qu’un bus PCIe. Il n’existe pour l’heure rien au format Gen-Z et tous les constructeurs que LeMagIT a pu interroger à ce sujet répondent laconiquement qu’ils participent.