Washington accorde un sursis à Huawei
A moins que ce ne soit un arrêt de mort déguisé. Car le constructeur chinois continue de voir les dos se tourner et menacer ses perspectives de survie.
Un peu de répit ? Le ministère américain du Commerce vient d’accorder une licence temporaire de 90 jours à Huawei, offrant de facto un sursis au constructeur frappé durement par une interdiction complète de relations commerciales aux Etats-Unis.
Dans la pratique, cette licence temporaire autorise Huawei à faire les transactions « nécessaires à la maintenance et au support de réseaux et équipements existants et actuellement pleinement opérationnels, dont les mises à jour et correctifs logiciels ».
Le constructeur est ainsi notamment autorisé à supporter les utilisateurs de ses smartphones. Mais pour le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, il s’agit surtout de donner aux opérateurs télécoms locaux le temps de trouver des alternatives et au ministère de « déterminer les mesures à long terme appropriées pour les opérateurs télécoms américains et étrangers qui s’appuient actuellement sur des équipements Huawei pour des services critiques ». Un message qui renvoie accessoirement de manière à peine dissimulée aux pressions précédentes de Washington sur ses alliés.
Le problème, c’est que trois mois, c’est bien peu de temps. Et cette licence temporaire ressemble en définitive bien moins à un sursis qu’à la réaffirmation d’un arrêt de mort. Car dans le même temps, les nuages ne cessent de s’accumuler au-dessus de Huawei.
Certains de ses partenaires lui ont déjà tourné le dos. Mais jusqu’ici, le constructeur chinois pouvait donner l’impression d’être préparé et en mesure de se reposer sur des alternatives.
Mais selon la BBC, ARM a indiqué à ses équipes de suspendre toutes activités avec Huawei. Sans licence pour exploiter les designs de puces d’ARM, le Chinois pourrait être bien en peine de continuer à produire ses propres processeurs mobiles. Du moins pas sans risquer de se placer dans une position particulièrement inconfortable, alors même qu’il est notamment accusé par Washington d’avoir volé de la propriété intellectuelle d’entreprises américaines.