NetApp se voit en locomotive du cloud hybride en Europe
Capitalisant sur ses bonnes ventes de solutions Flash, en particulier en France, le fournisseur entend désormais conjuguer son savoir-faire avec la transformation des entreprises. Les intégrateurs se félicitent surtout d’opportunités sur le stockage hybride.
Top départ pour le cloud hybride dans les entreprises européennes. NetApp a réuni cette semaine ses partenaires EMEA à Madrid pour les encourager à passer la seconde concernant l’intégration de configurations plus spécifiquement adaptées aux nécessités du cloud hybride.
Selon Kristian Kerr, le directeur des canaux de vente de NetApp, il s’agirait pour le constructeur et son écosystème de rebondir rapidement sur les très bonnes ventes des baies de stockage Flash, notamment en France, pour embrasser les besoins de cloud hybride qui commencent à s’exprimer de toutes part sur le continent.
« D’ici à l’année prochaine, les entreprises vont dépenser 100 milliards de dollars en matériels de stockage, 100 milliards en logiciels de stockage et 40 milliards en services de stockage. 84 % de ces dépenses concerneront le cloud hybride. Il est urgent que nous nous transformions comme le font nos clients », a-t-il déclaré, lors du NetApp Partner Executive Forum qui se tenait cette année à Madrid.
En l’occurrence, il s’agit pour les forces de ventes de bâtir des solutions cohérentes sur un catalogue « Data Fabric » hétérogène, composé de configurations stockage, convergées et hyperconvergées de plus en plus variées, de connecteurs pour désormais tous les types de cloud et d’une console OnCommand Cloud qui est à présent capable d’administrer tous ces produits ensemble. Cette stratégie avait été annoncée il y a un an et demi et tous les indicateurs seraient désormais au vert – les technologies sont dites complètes, les entreprises paraissent prêtes - pour la mettre en pratique.
Transformer les intégrateurs en orchestrateurs de données
« Le gros avantage du portefeuille de solutions NetApp est que c’est du Lego », abonde Olivier Morel, le PDG d’Asema, une ESN qui intègre des solutions NetApp chez plusieurs grands comptes français.
« Nous avons récemment déployé chez un grand groupe de cosmétiques du HCI pour les traitements qui avaient besoin d’accès rapides aux données et du FlexPod pour ceux qui reposaient sur du stockage capacitif. Nous avons pu mettre en place pour eux du cloud hybride, pour partager certaines données industrielles sur des offres privées et d’autres moins critiques sur des offres publiques. L’ensemble est géré depuis une console unique, qui leur permet d’avoir une véritable mobilité des données : ils les voient où qu’elles se trouvent et leur appliquent des règles de manière centralisée. »
Il se félicite d’avoir été l’un des premiers à prendre le virage de la Data Fabric : « fin 2017, nous avons investi sur les technologies NetApp pour radicalement changer notre modèle de revenus : nous ne venons plus chez nos clients pour simplement installer des équipements, notre métier est à présent d’orchestrer leurs données ». Il se compare à un offreur de cloud, qui prend en charge toute la gestion de l’infrastructure et qui met juste à disposition de ses clients des ressources, sur site ou en ligne, en cloud privé comme en public.
De la Data hybride, plus que du cloud hybride, pour les entreprises françaises
Surprise, les entreprises françaises joueraient les premiers rôles dans cette stratégie où NetApp se voit en locomotive des déploiements de cloud hybride en Europe. Aucun chiffre local n’est communiqué, mais les ventes auraient à ce point progressé dans l’hexagone, que le constructeur considère désormais la France comme l’un de ses marchés européens les plus forts, avec le Royaume-Uni et l’Allemagne, plus historiques.
« NetApp a dernièrement eu une politique commerciale particulièrement efficace en France, où ils sont désormais le numéro 1 du stockage Flash, alors qu’ils n’étaient pas spécialement partis dans les premiers », analyse Yves Pellemans, le directeur technique d’Axians, l’ESN de Vinci.
« Leur mérite est d’avoir proposé pour le même prix du stockage Full-Flash aux clients qui souhaitaient juste du stockage traditionnel. Et comme la filiale française a l’avantage d’être composée d’ingénieurs, ils ont pu démontrer derrière l’efficacité de leurs solutions, avec des performances extraordinaires, mêmes sur les applications les plus mal écrites. Il était essentiel de bien se positionner à ce moment-là, car les entreprises qui désirent désormais faire du cloud hybride ne piocheront dans le catalogue de la Data Fabric que si elles sont déjà clientes des solutions OnTap », ajoute-t-il en faisant référence au savoir-faire acquis par ses clients sur le système des baies NetApp.
Il reste cependant prudent concernant l’engouement des entreprises françaises pour le cloud hybride : « je préfère parler à l’heure actuelle de Data hybride. Lors d’un récent tour de France de nos clients, nous leur avons demandé qui parmi eux avaient plus de 5 % de leur production en cloud public : seul 1 % a répondu par l’affirmative. Et aucun d’entre eux n’a plus de 5 % de ses applications en containers. »
« La problématique qui occupe vraiment les entreprises françaises aujourd’hui est de stocker les données sur des environnements privatisés et sécurisés tout en mettant une partie à disposition sur du cloud public. Leur enjeu est de ne surtout pas se retrouver avec des données hébergées à des endroits où elles ne maitrisent pas le risque de perte de capital intellectuel. C’est exactement la problématique à laquelle répond OnTap : une vision unifiée du stockage qui permet de définir des règles pour la sécurité et la réplication des données. »
Pour l’heure, surtout de l’hybridation entre les infrastructures privées
Paradoxalement, NetApp entend prouver sa capacité à gérer du cloud hybride par sa faculté à administrer de manière globale un catalogue de produits sur sites qui sont eux-mêmes particulièrement hétérogènes. Le système OnTap, qui existe aussi en machines virtuelles pour étendre l’espace de stockage d’une entreprise à des offres de cloud public, ne fonctionne que sur les baies de stockage FAS (NAS et SAN) et AFF, à savoir des FAS uniquement équipées de disques Flash et parmi lesquelles les modèles A800 et A320, qui disposent d’unités NVMe.
La gamme hyperconvergée HCI – qui ne signifie plus ici « Hyperconverged Infrastructure » mais « Hybrid Cloud Infrastructure » - se compose en revanche de nœuds de calcul sous VMware (modèles H410C et H610C) et de nœuds serveurs sous ElementOS uniquement dédiés au partage de leur disques (modèle H610S). On peut accessoirement y installer le système NKS (NetApp Kubernetes Services), issu du rachat de StackPointCloud en fin d’année dernière, pour déployer des applications en containers. NetApp entend d’ailleurs proposer cette option aux projets DevOps, qui constituent l’un des principaux leviers dans les stratégies de cloud hybride.
Ajoutons les FlexPods, à savoir des bundles de serveurs Cisco avec du réseau Cisco et des baies de stockage FAS. Mais aussi les récents OnTap AI qui, contrairement à ce que leur nom indique, sont en fait des FlexPods dans lesquels les serveurs Cisco sont remplacés par des nœuds serveurs NVidia DGX-1. Bardés de GPU, ceux-ci sont destinés aux applications de calcul, dont celles d’intelligence artificielle qui figurent, elles aussi, parmi les principales raisons qu’ont les entreprises de passer au cloud hybride.
« L’interopérabilité entre tous ces systèmes présente aujourd’hui le bénéfice concret de migrer très simplement de l’un vers l’autre. C’est ce que nous avons récemment fait chez Arcelor, qui était arrivé au bout de la capacité de ses FlexPods et que nous avons réussi à porter très facilement sur des infrastructures NetApp HCI : l’interface est la même. Elle dispose de connecteurs pour tous les modèles : il suffit d’indiquer l’adresse d’une HCI pour que celle-ci soit automatiquement gérée comme du stockage OnTap », raconte Yves Pellemans. Il précise que ce projet de migration a notamment permis de répartir le stockage d’Arcelor sur plusieurs sites liés entre eux. Un avant-goût de cloud hybride.
« En France, je pense que l’on pourra véritablement parler de transformation vers le cloud hybride à partir du moment où les entreprises seront matures sur l’intelligence artificielle. Et pour être encore plus précis, je fais référence à de l’intelligence artificielle qui gère automatiquement les incidents dans les datacenters et déclenche toute seule la bascule vers d’autres ressources en cas de panne. Chez Axians, nous travaillons déjà beaucoup sur ces sujets », conclut-il, en évoquant une échéance d’ici à l’année prochaine.