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Outil collaboratif : Facebook offre un lifting à Workplace
La refonte de l'interface utilisateur de Workplace, la version entreprise du réseau social de Facebook, doit rationaliser la gestion des notifications, des Groupes et des discussions. Elle le rapproche de Slack et de Teams, même si Facebook travaille un positionnement différent pour son outil.
Workplace, l'application de collaboration et d'intranet d'entreprise lancée en 2016 par Facebook, va se doter d'une interface remaniée en profondeur qui met davantage l'accent sur les groupes et les discussions. Le nouveau look reflétera en partie une refonte planifiée du produit grand public.
Au cœur de ces changements, on trouvera une nouvelle barre de navigation, à gauche de l'écran, pour basculer entre les notifications, les chats et le fil d'actualités. Cet affichage consolide des contrôles qui étaient précédemment répartis entre les barres à gauche, à droite et en haut de la page.
Tout comme sur Facebook, les chats sur Workplace s'affichent en bas de l'écran. Un peu plus tard, les fils d'IM seront regroupés dans un seul onglet de chat sur la gauche.
Les notifications sont également consolidées dans une boîte de réception que les utilisateurs pourront organiser selon leurs préférences.
Facebook souhaite mettre par ailleurs les groupes plus en évidence dans Workplace et resserrera l'intégration entre groupes et chats en ajoutant un onglet IM directement dans les pages Groupe, à côté des onglets pour les messages et les téléchargements de fichiers.
Les administrateurs auront, eux, un quatrième onglet de navigation pour accéder à un panneau de contrôle. Facebook consolide les outils de gestion des utilisateurs sous un onglet People et regroupe les outils de gestion des domaines Web et des préférences sous un onglet Paramètres.
La semaine dernière, Facebook a permis en avant première aux administrateurs ayant souscrit des abonnements premium d'accéder au nouveau design. L'éditeur n'a pas précisé quand le nouveau design sera publiquement déployé.
En quoi Workplace de Facebook diffère de Slack et de Microsoft Teams ?
La nouvelle interface, en particulier la barre de navigation à gauche, rapproche graphiquement Workplace de l'affichage des applications de collaboration d'équipe comme Slack et Microsoft Teams.
Wayne KurtzmanIDC
Mais, Facebook positionne son offre B2B un peu différemment, selon Wayne Kurtzman, analyste chez IDC.
« Ils veulent être l'endroit où l'on parle du travail, pas nécessairement l'endroit où le travail est fait. Et cela les rend un peu différents », explique Wayne Kurtzman. « Ils se concentrent sur ce qu'ils savent bien faire : les conversations ».
Slack, en revanche, veut que son application soit un hub de workflow. Des intégrations de plus en plus sophistiquées avec les applications métiers et de productivité permettent aux utilisateurs de travailler sans sortir de Slack. Microsoft a une vision similaire pour Teams, qui est une brique au sein d'Office 365.
Les entreprises qui ont adopté Workplace de Facebook - comme Nestlé - affirment qu'elles utilisent plus l'application comme un intranet que pour remplacer Slack ou les clients traditionnels de communications unifiées, comme Skype for Business.
La mauvaise image publique de Facebook va-t-elle hanter Workplace ?
Mais pour développer une activité B2B beaucoup plus grande, Facebook devra surmonter sa mauvaise image et la perception négative du grand public (qui l'utilise quand même). Une image ternie par une mauvaise gestion des données de ses clients par le passé.
« Il ne fait aucun doute que les problèmes d'image de marque qu'ils ont eu du côté grand public [affectent] leur évaluation du côté des entreprises », avance Dion Hinchcliffe, analyste chez Constellation Research.
Dion HinchcliffeConstellation Research
L'utilisation mal encadrée des données par Facebook a amené la Federal Trade Commission à envisager d'imposer la plus lourde amende jamais infligée à une entreprise de technologie. Le géant des médias sociaux a provisionné de 3 à 5 milliards de dollars pour y faire face.
Facebook s'est fait critiquer pour ne pas en avoir assez fait pour empêcher la société de conseil en politique Cambridge Analytica d'exploiter les données personnelles de ses utilisateurs et pour une brèche qui a exposé les informations de dizaines de millions d'utilisateurs.
Pour autant, Facebook enchaine les signatures de grands noms de la banque (RBS par exemple), de la distribution (Décathlon, Wallmart), de la restauration (Domino's), de l'industrie agroalimentaire (Heineken, Danone, Nestlé), de l'automobile (Volkswagen) et même dans certaines institutions publiques. Mais certains choix de l'éditeur peuvent faire réfléchir à deux fois les organisations les plus prudentes, comme le fait de ne pas chiffrer les données au repos.
Pour rassurer les clients et prospects professionnels, Facebook martèle en tout cas que Workplace n'a pas nécessairement vocation à gérer les documents sensibles (juste les échanges autour des documents hébergés sur des services tiers comme Box ou OneDrive) et qu'il fonctionne sur une infrastructure distincte de la plate-forme grand public (les utilisateurs B2B doivent se créer de nouveaux comptes pour Workplace, mêmes s'ils sont déjà sur Facebook).