RHEL 8 et OpenShift 4 : les deux armes de Red Hat pour une architecture cloud universelle
Même si son acquisition par IBM n'est pas tout à fait close, Red Hat se voit en fournisseur d'infrastructures standardisées pour le cloud. RHEL 8 et OpenShift 4 sont ses nouvelles armes. En attendant l'arrivée officielle d'IBM.
« Ne plus être le fournisseur d'une distribution, mais d'un portefeuille de logiciels pour entreprises », résume Stefanie Chiras, VP et directrice générale de Red Hat. Tel est le message que veut faire passer l’éditeur, à l'identique de celui de la fondation OpenStack. Ce portefeuille s'appuie sur deux briques de plus en plus intégrées, Red Hat Enterprise Linux 8 (RHEL 8) et OpenShift 4, toutes deux annoncées dans leur version définitive lors du Red Hat Summit, qui vient de se tenir à Boston.
Microsoft se ramène...
Et tant qu'à faire de RHEL et d'OpenShift les fondements d'une architecture cloud universelle, ou en tout cas hybride, travailler avec Microsoft Azure semble devenir une obligation. Satya Nadella, après s'être déplacé pour rencontrer son nouvel ami Vmware à Las Vegas début mai, avait fait le voyage à Boston depuis Seattle - où se tenait simultanément la conférence Build - pour discuter le bout de gras avec Jim Whitehurst, le PDG de Red Hat.
Motif : la disponibilité générale de Azure Red Hat OpenShift, annoncée il y a tout juste un an. Le cas d'usage présenté par Red Hat est celui d'une entreprise faisant tourner ses applications « contenairisées » dans un cloud privé et les déplaçant sur le cloud public Azure en cas de débordement. « Un tas de clients nous ont demandés d'aller de l'avant et de collaborer », a justifié Satya Nadella.
« Je me rappelle qu'il y a 5 ans, nous avions des relations conflictuelles. Quel chemin parcouru depuis », a répondu Jim Whitehurst. La collaboration ne s'arrête pas là puisque la veille à Seattle, Microsoft avait indiqué travailler conjointement avec Red Hat sur KEDA (Kubernetes-based event-driven autoscaling), un outil dédié à l'informatique orientée événements.
… et IBM reste discret
Bien sûr, Ginni Rometti , la présidente d'IBM était présente en ouverture de ce sommet. Visiblement heureuse d'être là, d'autant que l'acquisition de Red Hat vient avait reçu la veille le feu vert des autorités américaines. La transaction ne sera toutefois pas close avant la fin de l'année, l'UE devant encore se prononcer.
Ginni Rometti a réaffirmé que les deux entreprises avaient un objectif commun, malgré des différences de culture, lesquelles ne sont pas si importantes : « nos équipes travaillent déjà bien ensemble » -, à savoir « mettre l'open source à l'échelle qu'il mérite, avoir davantage de personnes certifiées ». L'intégration hardware/software n'est pas, tout du moins officiellement, à l'ordre du jour. Tout juste avons-nous pu entrapercevoir cachée aux fins fonds d'un slide la préparation d'une version d'OpenShift pour serveur IBM AC922, le nec plus ultra de la gamme Power. Prometteur, donc.
RHEL 8, une véritable avancée
La dernière mise à jour majeure de RHEL datait d'il y a 5 ans. Parmi les avancées de cette version 8, le système des UBI (Universal base image), images de conteneurs pouvant être exécutées sur n'importe quelle plateforme Kubernetes. Une manière d'inciter les entreprises à abandonner Docker ?
« Nous respectons le standard OCI [Open Container Initiative, N.D.L.R]. Si une solution Docker est certifiée OCI, les images UBI s’exécuteront », balaie Stefanie Chiras. Une application conteneurisée dans UBI est certifiée pour RHEL (version 7 et 8). Si ces UBI sont exploitées dans un environnement RHEL/OpenShift, elles bénéficient du support de Red Hat pour la partie du code provenant de RHEL.
Disponible en mode SaaS, Red Hat Insights est un nouvel outil de diagnostic aidant à la découverte de vulnérabilités ou de problèmes de performance. Il s'appuie sur une base de connaissances (les milliers de tickets d'incidents stockés par Red Hat) pour, grâce à un peu d'analyse prédictive, aider à la résolution de problèmes de stabilité par exemple.
Application Streams permet aux développeurs d'être plus agiles dans leur développement d'application. Concrètement, il est plus facile d'utiliser la dernière version en date d'un langage de programmation ou d'une base de données, sans attendre qu'une nouvelle version majeure de RHEL soit disponible, ou inversement de conserver d'anciennes versions pour des usages spécifiques. Dans le principe, un seul dépôt (repository) physique est disponible, mais plusieurs dépôts virtuels contiennent les différentes versions des outils.
Paul CormierVP Produits et Technologies Red Hat
« De la même façon que RHEL 8 est une force multiplicative pour les serveurs, OpenShift 4 en est une pour le cloud hybride », promet Paul Cormier, VP Produits et Technologies. Les avancées portent essentiellement sur l'automatisation et la gestion du cycle de vie des containers. En particuliers, les opérateurs Kubernetes (operators), issus de CoreOS, facilitent l'installation et la mise à jour des applications stateful (nombre d'instances, localisation, reprise en cas d'incidents...).