Google Cloud récupère un des dirigeants les plus importants de SAP
Le président du Cloud Business Group de SAP, Robert Enslin, vient de rallier Thomas Kurian (ex Oracle) chez Google. Le profil à la fois commercial et technique - et le carnet d'adresses pléthorique - de cet ex-membre du Top 5 de SAP devrait grandement aider Google à séduire les grands comptes.
Google est en train de se constituer une « Dream Team ». Après avoir débauché Thomas Kurian, l'ex-Président du Développement Produits d'Oracle, pour remplacer Diane Greene à la tête de Google Cloud, et après avoir recruté une autre pièce maitresse d'Oracle en la personne d'Amit Zavery, ex-Executive Vice President de l'Oracle Cloud Platform, le géant du IaaS, du SaaS et du PaaS a frappé un grand coup hier en convainquant Robert Enslin, un « vétéran » de SAP de rejoindre son équipe.
Robert Enslin n'était pas n'importe qui chez SAP. Membre du Board depuis 2014, il faisait partie des cinq personnes clefs autour du PDG Bill McDermott dans l'établissement de la stratégie de l'éditeur.
Il était rentré chez le numéro un de l'ERP en 1992. Il a successivement développé SAP en Afrique du Sud, dirigé la filiale de SAP aux États-Unis puis au Japon (avant de superviser le développement en Chine), puis dans les marchés émergents (dont le Brésil et l'Inde).
Son profil très complet est rare dans l'industrie, résumait récemment Vinnie Mirchandani, analyste et fondateur de Deal Architect, à l'annonce de son départ de SAP - lorsque l'on ne savait pas encore qu'il allait rebondir chez Google. Robert Enslin est en effet à la fois commercial - avec un carnet d'adresses de grands comptes que l'on imagine pléthorique - et technique.
Robert Enslin est celui qui a posé les bases de la nouvelle offre SaaS de SAP. Une offre construite à coup de rachats : SuccessFactors, Fieldglass, Hybris, Concur, Ariba, et dernièrement Qualtrics - une opération qu'il a pilotée personnellement et jusqu'au bout.
« Son rôle s'étend à la création et à la gestion d'un portefeuille de cloud computing complètement intégré pour faire évoluer et accélérer la stratégie commerciale à long terme de SAP », écrivait à l'époque l'éditeur allemand sur le portrait de son Président Cloud Business Group d'alors.
Robert Enslin avait visiblement la possibilité de rejoindre Google dès décembre, mais l'ex-dirigeant de SAP a tenu à mener sa mission d'accompagnement de l'arrivée de Qualtrics à son terme avant de partir rejoindre l'Américain.
Les conditions de son départ de SAP restent floues. Il part, semble-t-il, en bons termes, au regard du communiqué de l'éditeur allemand. Mais il n'est pas dit que ce changement d'employeur ne soit pas contraint et ne fasse pas suite à la volonté de Bill McDermott de restructurer en profondeur le Board de SAP.
Volontaire ou non, le départ de Robert Enslin fait en tout cas le bonheur d'un Google qui cherche gagner en crédibilité dans le monde B2B et ne plus être vu comme un cloud de développeurs et de startups.
« Aujourd'hui, j'ai le plaisir de vous annoncer la nomination de Robert Enslin, nouveau Président des Opérations Clients Mondiales de Google Cloud. L'expertise de Rob dans la construction et la gestion d'organisations à l'échelle mondiale, son sens aigu des affaires et ses relations étroites avec les clients et les partenaires font de lui un candidat idéal pour ce rôle crucial », se réjouit Thomas Kurian.
« C'est une excellente embauche pour Google », analyse pour sa part Holger Mueller, analyste à la Constellation Reasearch. « La vie d'AWS et d'Azure vient juste de devenir un peu plus difficile. Si un duo peut faire valoir la valeur de Google aux entreprises, au niveau exécutif, c'est bien eux deux ».