NGINX veut « augmenter » F5 d’une dose d’architecture moderne
NGINX devrait doter le portefeuille de F5 Networks d’un savoir-faire centré sur les applications modernes et de la proximité d’une cible de développeurs et de DevOps. A travers ce rachat, une plateforme unifiée devrait voir le jour.
La jonction entre le monde des applications modernes et le legacy. C’est ainsi que NGINX a présenté les motivations du rachat de la société par F5 Networks pour quelque 670 millions de dollars. Cette acquisition annoncée la semaine dernière, marque la fusion de deux entités qui avaient certes fini par se rejoindre sur le même segment de marché et où la présence de l’open source, modèle historique de NGINX, est omniprésente.
NGINX est une technologie open source de serveur web dont la popularité n’a cessé de croître ces dernières années. Initialement présenté comme le successeur d’Apache http, NGINX a d’abord motorisé les sites web à très fort trafic par sa capacité à gérer un nombre de connexions concurrentes. Puis en 2011 naquit l’entité commerciale derrière ce socle open source dont le modèle économique repose non pas sur la seule fourniture de support mais sur l’apport de modules propriétaires au-dessus de ce cœur open source.
Aujourd’hui, NGINX, c’est bien plus que cela. NGINX Plus offre un socle granulaire pour apporter des capacités de Load Balancing, WAF, caching de contenu ou gateway d’API, qu'elle expose, grâce à ces capacités natives, sur les segments de la delivery d’application et la gestion d’API et plus récemment sur les services de Service Mesh. Ces trois scenarii sont disponibles sous la forme de composants. Récemment, NGINX s’est également doté d’une capacité de serveur d’application. Mais là où justement NGNX veut faire la différence, est sur le contrôleur (NGINX Controller) qui sert en fait de tour de contrôle pour administrer l’ensemble et digérer cela pour les utilisateurs. Sans ce contrôleur, NGINX Plus se configure en ligne de commandes. « Les clients nous achètent grâce à ce contrôleur », qui permet d’ajouter de la cohérence. NGINX compte 1400 clients de son offre NGINX Plus.
NGINX, un ADN développeur
C’est ce positionnement centré sur les applications dites modernes, là où les micro-services, les containers, le cloud, les architectures hybrides, les processus DevOps sont communs qui a séduit F5 Networks. Cet éditeur, qui offre nombre de similitudes en termes de fonctions avec NGINX, vient en revanche d’un monde plus hardware et où les entreprises utilisent des applications plus traditionnelles, bâties sur des architectures monolithiques, résume Rob Whiteley, le directeur marketing de NGINX. De son côté, NGINX a déjà gagné une population de développeurs, acquise à la cause open source, et de praticiens DevOps. Là est donc la complémentarité.
« Nous souhaitons accélérer les migrations vers le cloud. Et F5 n’avait pas cette capacité, nous augmentons en quelque sorte F5 », affirme ainsi Sidney Rabsatt, le vice-président produit de NGINX. Il s’agit de « porter l’infrastructure plus près des applications et faire en sorte que les développeurs n’aient pas à s’en préoccuper ». D’autant plus que selon lui, si croissance il y a, elle se fera davantage via les applications dites modernes que via les applications traditionnelles.
De plus, avec F5, NGINX change aussi de dimension et touche une autre cible d’entreprise. « Il nous était difficile d'aller vendre à des grandes entreprises car NGINX n'était pas connu. Nous pouvons désormais leur vendre notre approche pour les applications modernes », commente encore Rob Whiteley. « Il faut nous voir comme une entité dans F5 qui a toutes les compétences pour cibler les développeurs ».
Si (et seulement si le rachat est approuvé) NGINX doit devenir une division de F5 Networks, la stratégie produit consiste à intégrer les approches et les technologies des deux éditeurs pour « créer une passerelle entre Devops et Netops ». L'idée est de proposer une plateforme intégrée pour cibler chaque persona et chaque cas d'usage. NGINX sera donc intégré à cette plateforme.
Maintien de l’open core
Pas question enfin de remettre en cause la dimension open source de NGINX dans ce rapprochement avec F5. La société a mis en place un modèle dit open core qui lui permet de créer un lien direct avec les développeurs. Même si finalement, NGINX est le seul à contribuer au code du socle open source. NGINX a une très large communauté d’utilisateurs mais assez peu de développeurs. « NGINX est très optimisé et dispose d’une empreinte réduite. Nous devons conserver cette approche. Et pour cela, nous nous inspirons et reprenons les idées de nos gros utilisateurs, comme Netflix ou CapitalOne », affirme le VP produits. Mais pas leurs contributions en termes de lignes de code.
F5 s’est engagé à maintenir cet engagement dans l’open source. D’ailleurs, explique encore Sidney Rabsatt, les équipes dédiées aux services cloud de F5 utilisent de plus en plus d’open source. La question porte surtout sur les capacités de F5 à contribuer le code de certains de leurs composants. Ce qui est probable au regard de la plateforme sur laquelle travaillent les deux partenaires. Des discussions sont en cours, confirme le responsable.