La demande pour la visioconférence cloud appelle une consolidation du marché
La popularité croissante des échanges vidéo en entreprise et l'avènement du cloud annoncent une restructuration du marché avec des éditeurs historiques qui cherchent à compléter leur portefeuille et à répondre à l'évolution des usages.
La visioconférence cloud explose. Les employés sont de plus en plus à l'aise avec la vidéo dans leur vie personnelle (Skype, FaceTime) et ils s'attendent à avoir les mêmes outils dans leur travail. Face à cette attente croissante, un certain nombre de nouveaux acteurs sont arrivés sur ce marché, qu'il s'agisse de fournisseurs spécialisés ou des historiques de la communication dans les clouds qui élargissent leur portefeuille.
Selon Alaa Saayed, analyste chez Frost & Sullivan, le marché de la visioconférence cloud a atteint 2,75 milliards de dollars en 2017 et continue de croître. Mais, au fur et à mesure qu'il se développe, la concurrence s'intensifie.
« La vidéoconférence dans le cloud est passée d'un marché de niche au statut de produit grand public », constate David Maldow, fondateur de la société d'études Let's Do Video. « Les clients vont commencer à chercher ces solutions chez les grands noms établis plutôt que chez les acteurs nouveaux, plus petits et les startups ».
Selon Alaa Saayed, la demande d'une plateforme unifiée pour les communications et pour la collaboration va affecter les éditeurs de pure visioconférence cloud. Les entreprises préfèrent aller vers des suites convergées qui facilitent le passage d'un mode de communication à l'autre, ce qui au passage rend le marché mûr pour une consolidation.
Évaluation du paysage actuel des fournisseurs
Le marché de la visioconférence cloud a été agité au cours des dernières années. Plusieurs fournisseurs ont tenté de renforcer leur portefeuille pour s'adapter aux besoins changeants des entreprises.
Les startups Pexip AS et Videxio ont annoncé en 2018 qu'elles fusionnaient sous la marque Pexip. LogMeIn a finalisé l'acquisition du portefeuille GoTo de Citrix en 2017. Et au début de 2018, Viju et VisionsConnected ont fusionné pour former Kinly.
Le marché aujourd'hui est composé d'acteurs qui vont de géants bien établis, comme Microsoft (Teams, Skype for Business) et Cisco, à des éditeurs indépendants spécialisés, comme Zoom et BlueJeans ou le français Tixeo certifié par l'ANSSI, en passant par des fournisseurs connexes comme Join.me, Slack ou Flock, qui offrent également la vidéoconférence.
Les grands noms établis comme Microsoft, Cisco et Google (avec son offre Hangout en pleine restructuration) vont fortement modifier le marché en créant leurs propres écosystèmes, tout-en-un, de terminaux, d'applications et d'outils. « C'est une menace, pour les autres acteurs », prédit Alaa Saayed.
« Les petits peuvent devenir des cibles d'acquisition attrayantes pour les gros, soit parce qu'ils ont des brevets innovants soit parce qu'ils commence à avoir une base clients intéressante et facilement transférable », confirme David Maldow.
Les acteurs centrés sur la téléphonie cherchent également à transformer leurs portefeuilles de communication en une offre tout compris, et « as a service ». De nombreux grands des services cloud se repositionnent pour répondre aux besoins actuels des employés, ce qui rend inévitable la consolidation du marché, résume Alaa Saayed.
« A terme, il restera sur le marché des acteurs qui fourniront une plate-forme étroitement intégrée et quelques acteurs qui fourniront une solution indépendante capable de compléter ces plateformes tout en un », ajoute-t-il.
Pour les décideurs qui évaluent actuellement différentes options de visioconférence cloud et qui seraient préoccupés par le risque que peut faire peser une éventuelle acquisition de leur futur fournisseur, David Maldow conseille de se concentrer d'abord sur le workflow et les besoins des employés.
« Vous ne voulez pas changer la façon dont travaillent vos équipes pour qu'elles s'adaptent à un outil », dit-il. « Cela ne vous servira à rien de choisir un fournisseur qui sera moins susceptible d'être racheté, mais dont vos collaborateurs ne veulent pas et qu'ils n'utiliseront pas ».