IBM se voit en chef d’orchestre du multi-cloud (et Kubernetes y est pour beaucoup)
Big Blue a présenté une plateforme d’intégration ainsi qu’une solution de gestion d’environnements multi-cloud. Tous deux ont un point commun : Kubernetes
Un phare pour le multi-cloud. C’est à cela qu’IBM aurait pu se comparer alors que le groupe a présenté une série d’outils et de services dont l’ambition est de s’attaquer à la difficile problématique de l’intégration et l’administration des applications dans des environnements multi-cloud. A l’occasion d’IBM Think 2019, qui se déroule actuellement à San Francisco, IBM a expliqué comment il comptait régler le problème de l’intégration des applications dites cloud-natives (celle qui agrègent plusieurs services cloud et API par exemple) avec le lancement de Cloud Intégration Platform. Une annonce qui fait apparaître désormais IBM sur un segment de marché très porteur : celui de l’iPaas et de la plateforme cloud d’intégration.
IBM s’attend en effet à une accélération de la migration des workloads vers le cloud public qui, du coup, deviendra la plateforme cible première des déploiements – et non plus le cloud privé. Dans l’esprit d’IBM, ce dernier restera toutefois inévitable pour les industries très règlementées ou les applications très critiques. Là sera l’hybridité des systèmes. Big Blue anticipe un rapport 60 % - 40 % en matière de répartition des workloads (public – privé). Evidemment, le rachat de Red Hat vient appuyer cette vision.
IBM n’est pas un étranger des outils d’intégration middleware puisque historiquement, le serveur d’application, l’ESB, le messaging inter-applicatif et autre gestion d’API font partie du portefeuille du groupe. Mais avec l’émergence d’environnement applicatif multi-composant, IBM pense qu’un guichet unique a de quoi séduire les entreprises. « Cloud Intégration Platform est une plateforme commune qui constitue un unique point de contact pour accélérer les temps de développement et les temps de déploiement d’applications », souligne Hillery Hunter, vice-président et CTO, IBM Cloud Infrastructure.
Cette plateforme associe en effet différents outils de la marque. On y retrouve un bus d’intégration (App Connect Enterprise) qui regroupe App Connect Professional (une série de connecteurs) et IBM Integration Bus (l’ESB de Big Blue). A cela s’ajoute des outils de gestion d’API (API Connect) une gateway d’API ( DataPower Gateway Virtual Edition). Des outils de messaging et de gestion des événements y ont également été embarqués, avec MQ Advanced et IBM Stream Events (bâti sur Kafka). Enfin, la plateforme propose également des possibilités de transferts rapides de données avec Aspera High-Speed Transfer Server.
Une intégration plus étroite de ces composants middleware a bien été réalisée, confirme la responsable, qui insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas là d’un pur packaging d’offres déjà existantes. « Nous voulons assembler les pièces d’un même workflow afin de faciliter l’intégration des services les plus compliqués », lance-t-elle.
Mais l’autre point clé de cette plateforme d’intégration : Private Cloud sert de fondation à cette plateforme. Ce socle Kubernetes est directement intégré à cette offre.
« La diversité (des plateformes et des technologies, NDLR) est un gros problème notamment en matière d’administration », justifie Bala Rajaramon, vice-président Cloud et IBM Fellow. Selon lui, l’important est donc de proposer un socle standard, « un point clé pour profiter des avantages du cloud hybride et du multi-cloud ». Après avoir longtemps poussé OpenStack, IBM mise désormais sur Kubernetes, les containers et sur l’open source pour fournir cette passerelle universelle. « Cela apporte des capacités communes de gestion et de runtime. »
Un tableau de bord unifié pour le multi-cloud
Si IBM a également profité de son événement annuel pour mettre sur pied une gamme de services, (IBM Services for Cloud Strategy and Design), dont l’ambition est d’accompagner de bout en bout les entreprises vers le cloud hybride et / ou multi-cloud, l’autre élément clé de la pile technologique du groupe est Multi-Cloud Manager.
Là encore IBM s’appuie sur Kubernetes. Cloud Manager vise à faciliter l’administration et le contrôle des applications et des ressources sous-jacentes utilisées dans les clouds, le tout dans un tableau de bord de unifié. Ce tableau cible les équipes opérationnelles, souligne encore Hillery Hunter. L’outil cartographie ainsi l’ensemble des workloads, leur placement sur les différentes plateformes cloud public (AWS, Google, Azure, Microsoft, SAP) et privé et assure donc l’administration globale des clusters. Selon la responsable, les workloads peuvent être ré-équilibrées et leur placement modifié et ajusté en fonction de certains types de SLA fixés par l’utilisateur. La gouvernance des clusters est assurée par la mise en place de politiques pour chaque workload – le choix des régions en fait notamment partie, avons-nous pu constater lors d’une démonstration. Cela est possible via Kubernetes CRD (Custom Resources Definition) qui permet d’étendre nativement les API de Kubernetes avec ses propres contraintes en matière de déploiement.
Multi-Cloud Manager propose également un catalogue de services qui référence des applications pouvant être déployées – et contrôlées – sur Kubernetes – et donc déplacées d’une plateforme à l’autre, montre encore cette même démonstration du produit.