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Le CAPES informatique voit enfin le jour
Attendu depuis longtemps, le CAPES informatique deviendra réalité en 2020. Annoncé par le ministre de l'Education nationale et de la jeunesse début janvier, ce CAPES va inscrire l'enseignement de l'informatique dans les collèges et les lycées de façon pérenne.
C'était une priorité pour la communauté d'enseignants et de chercheurs de la discipline. Pour que l'enseignement de l'informatique soit inscrit durablement dans le primaire et le secondaire, il fallait former des enseignants et donc créer un CAPES (Certificat d'aptitude professionnelle à l'enseignement secondaire).
Début janvier, Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale et de la jeunesse, a annoncé que ce CAPES verrait le jour à la rentrée 2020. Progressivement, 1500 postes seront créés pour que la moitié des lycées français proposent un tel enseignement. Une Agrégation d'informatique sera créée ultérieurement.
Compléter SNT et NSI
Cela fait déjà une petite dizaine d'années que l'informatique a fait son entrée dans les écoles, les collèges et les lycées, mais pas de façon systématique à l'échelle nationale. Première étape significative, l'option Informatique et science du numérique (ISN) est proposée en Terminale S depuis 2012. Quelque 50 000 élèves auraient suivi cette option.
A la rentrée 2019, un enseignement Sciences numériques et technologie (SNT) fera son apparition en classe de Seconde, à raison d'1h30 par semaine. En Première et en Terminale, c'est une nouvelle spécialité baptisée Numérique et sciences informatiques (NSI) qui sera proposée aux élèves au même titre que les autres spécialités. Les cours seront de 4 heures par semaine en Première et de 6 heures par semaine en Terminale.
Recruter et former les futurs enseignants
« Les programmes sont faits. Il s'agit maintenant de trouver et de former les futurs enseignants », souligne Gérard Berry. Professeur au Collège de France et directeur de recherches INRIA, il est membre du conseil scientifique de l'Education nationale, installé par Jean-Michel Blanquer en janvier 2018.
Il a également présidé le groupe de travail de l'Académie des sciences sur l'enseignement de l'informatique en France, dont le rapport publié en mai 2013 soulignait déjà la nécessité d'agir avec le titre « Il est urgent de ne plus attendre ». La formation des formateurs a commencé, avec pour l'essentiel les professeurs qui s'étaient impliqués dans l'option ISN.
Quant aux questions de qui seront les candidats au CAPES, quel sera leur nombre et de quel horizon viendront-ils, Gérard Berry se refuse à tout pronostic : « Il y a beaucoup d'inconnues. Cela n'a jamais existé. C'est difficile de dire quoi que ce soit. Mais il faut souligner que c'est un changement mental important. La création du CAPES est la première marche franchie, c'est un changement sérieux. Cela montre que les gens ont pris conscience du fait que l'informatique touchait absolument tous les secteurs. Les constructeurs automobiles, par exemple, ne parlent plus que d'informatique embarquée et ils se rendent compte qu'ils sont en train de devenir des sous-traitants des grands groupes du numérique. »
Accélérer le mouvement
Alors que deux sociétés françaises seulement figurent dans le Top 100 mondial du numérique (Dassault Systèmes à la 30ème place et Atos à la 80ème, Forbes 2018), il est urgent de former largement à la pratique de l'informatique et pas seulement à l'usage du numérique.
Il y a une différence entre se servir d'une application et la concevoir. Réputée pour l'excellence de sa recherche et de ses ingénieurs, la France ne brille pas sur la scène économique du numérique.
De plus en plus d'acteurs en sont conscients et agissent afin d'améliorer l'attractivité de la filière auprès des jeunes, notamment comme - entre autres -, Syntec Numérique ou Cinnov-IT. En témoigne le partenariat que viennent de conclure Talents du Numérique et l'Onisep afin de créer des supports pédagogiques pour mieux informer les jeunes sur les métiers de la filière.
D'après une étude de Talents du Numérique publiée en septembre 2018, 60 % des lycéens excluent d'office les métiers liés à l'informatique et au numérique et 64 % d'entre eux ignorent l'existence du métier de data scientist.