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Huawei et espionnage : le psychodrame gagne l’Europe
Jeu géopolitique ou inquiétude fondée, la Pologne demande à l’Europe de bannir l’équipementier chinois de ses réseaux, de manière collective et en associant l’Otan. L’Allemagne débat de la perspective.
Les portes de l’Europe seraient-elles en passe de se refermer sur Huawei ? Selon nos confrères du Guardian, le ministre de l’Intérieur polonais, Joachim Brudziński, a récemment appelé l’Union Européenne et l’Otan à définir une position commune sur l’accès – ou non – de Huawei aux marchés de leurs membres, soulignant « des inquiétudes » parmi certains de ceux-ci. Cette déclaration faisait suite à l’arrestation d’un employé chinois de Huawei et d’un citoyen polonais, en Pologne, pour soupçons d’espionnage. Toutefois, selon un porte-parole des autorités locales, les deux individus auraient agi de manière isolée, sans lien avec l’équipementier chinois. Ce dernier affiche la même position.
Mais voilà, le club dit des « Five Eyes » présente, depuis la fin de l’année dernière, un front uni contre Huawei. Depuis l’été, les Etats-Unis militent pour un bannissement de l’équipementier au motif de menaces d’espionnage – qui n’ont, à ce jour, pas été étayées. Selon le Sydney Morning Herald, celui-ci serait l’objet d’une campagne montée de toutes pièces, avec à la manœuvre, originellement, Canberra.
Outre-Rhin, l’homologue de l’Agence nationale pour la sécurité des systèmes d’information (Anssi), le BSI, a quant à lui récemment indiqué à nos confrères du Spiegel que pour conduire à un bannissement, « il faut des preuves » et que celles-ci manquent. Contrairement aux pressions américaines, Deutsche Telekom vient d’ailleurs d’annoncer le déploiement d’un réseau 5G en Pologne, avec des équipements Huawei. Mais le commissaire européen Andrus Ansip estime toutefois qu’il serait de bon ton pour l’Europe de s’inquiéter des équipements du Chinois.
Toutefois, selon nos confrères du Handelsblatt, le gouvernement allemand envisagerait actuellement la mise en place d’exigences de sécurité renforcées, assorties d’autres mesures, qui pourraient conduire à l’exclusion de facto de Huawei des réseaux outre-Rhin.