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Veeam : une levée de 500 millions de dollars pour financer des acquisitions
Le spécialiste de la sauvegarde des données réussit une levée de fonds de 500 millions de dollars auprès d’Insight Venture Partners et pense rachats. De quoi voler la vedette de son concurrent Rubrik.
Vingt-quatre heures après l’annonce de la levée de 261 millions de dollars de Rubrik, son archi-rival Veeam Software vient lui gâcher la fête médiatique. Le spécialiste de la sauvegarde réalise un tour de table de quelque 500 millions de dollars auprès du fonds d’investissement Insight Venture Partners.
En une semaine, ce secteur des technologies de protection et de gestion des données a totalisé des investissements de 761 millions de dollars. A cela s’ajoutent le financement de 250 millions de dollars que Cohesity en juin 2018 et les 100 millions de dollars d’Actifio en août dernier – et ce en 8 mois.
Comme Rubrik, Veeam cherche à utiliser une partie de cette argent frais pour réaliser des fusions et acquisitions pour enrichir son portefeuille technologique, comme il est précisé dans un communiqué. Ratmir Timashev, l'un des fondateurs de Veeam et son vice-président exécutif, a identifié la gestion du cloud, les containers et une amélioration du support de KVM, comme les domaines dans lesquels Veeam va chercher à se renforcer. « Notre objectif est de passer de la sauvegarde à la gestion intelligente des données », explique-t-il d’ailleurs, voyant un marché où les entreprises dépensent 30 milliards de dollars par an.
En 2018, Veeam a fait l'acquisition de N2WS, un petit fournisseur, spécialisé dans la sauvegarde des données sur AWS. Mais à l’époque, Ratmir Timashev avait laissé entendre que de plus grosses opérations devaient suivre.
« Nous entrons dans notre deuxième décennie et nous pourrions avoir besoin de réserves de liquidités supplémentaires pour réaliser des rachats beaucoup plus importants », avait-il rappelé.
Insight Venture Partners est un fonds qui investit plus largement dans le domaine de la protection des données.Il possède un autre concurrent de Veeam, Unitrends. Ratmir Timashev n'a pas précisé quelles entreprises seraient des cibles potentielles pour Veeam. Toutefois, selon lui, Unitrends n'en fait pas partie.
Pas d'appliances matérielles chez Veeam
Il existe des différences importantes entre les deux fournisseurs de services de protection des données, Veeam et Rubrik. Sur le plan technologique, Veeam reste un produit exclusivement logiciel tandis que Rubrik vend des logiciels intégrés à des appliances matérielles. Et comme le précise Ratmir Timashev, Veeam, qui se spécialise dans la protection des VM, ne suivra pas la voie empruntée par de Veritas et Commvault, celle des appliances intégrées.
En revanche, précise-t-il, Veeam continuera à soutenir les fournisseurs de stockage primaire et secondaire au lieu de les concurrencer. « Nous comprenons le modèle lié au matériel, mais Veeam a une approche Software-Defined », poursuit le responsable.
Sur le plan commercial, Rubrik est une jeune entreprise technologique traditionnelle qui compte beaucoup sur le financement de capital-risque et qui vise à devenir une société cotée. Veeam, dont le siège est en Suisse, a été autofinancé pendant des années, jusqu'à ce qu'Insight Ventures s'engage en tant qu'investisseur minoritaire en 2013. Cet investisseur reste minoritaire, même avec l'investissement de 500 millions de dollars. Veeam n'a pas d'autres sources de financement en capital-risque ou en capital-investissement.
Veeam, lancé en 2006, est rentable depuis des années, rappelle encore le responsable. Il n'a pas atteint son objectif de 1 milliard de dollars en termes de commandes en 2018, mais Ratmir Timashev s'attend à ce que la société atteigne ce palier en 2019. Son objectif est d’ailleurs de dépasser les 2 milliards de dollars d'ici cinq ans.
Selon le responsable, Veeam a réalisé plus de 100 millions de dollars de bénéfices en 2018. La société disposait de près de 800 millions de dollars en liquidités avant le nouvel investissement. Elle compte plus de 3 500 employés et prévoit d'en recruter près de 1 000 en 2019.
Contrairement à Rubrik et à la plupart des start-up, Veeam ne cherche pas à se faire racheter ou à entrer en bourse. Ratmir Timashev et Andrei Baronov, l'autre fondateur de Veeam et son actuel Pdg, restent aux commandes de l'entreprise. « Nous n'avons pas besoin d’entrer en bourse », lance-t-il. « Nous avons la capacité de rester flexibles et agiles sans pression supplémentaire de la part des actionnaires. Nous avons la flexibilité qu'une société cotée n'a pas. »