Centreon s’appuie sur l’open source pour moderniser la supervision IT
L'éditeur français, en pleine croissance, poursuit le développement de sa solution de supervision dérivée d'un coeur open source communautaire. La dernière version de son outil inclut un Remote serveur qui apporte une résilience accrue ainsi que la possibilité d'opérer une supervision en local d'environnements distribués.
Fondé en 2005, l’éditeur français Centreon s’est fait un nom sur le marché des outils de supervision et de monitoring avec sa solution éponyme basée sur un cœur open source. Financé sur fonds propre, la société, emploie aujourd’hui près de 85 salariés et compte près de 450 clients dans le monde, dont de multiples grands comptes comme Airbus, Air France KLM, Auchan, BT, Bolloré, Darty, Hugo Boss, Limagrain, LVMH, Orange, Thales, Oberthur, Veolia ou Zeiss.
La société est née en 2015 d’un projet développé à l’Epitech par ses deux cofondateurs, Julien Mathis et Romain Le Merlus. Le premier dirige actuellement les activités européennes de la société, tandis que le second pilote son implantation outre-Atlantique.
Une solution de supervision moderne basée sur un cœur open source
Comme l’explique Julien Mathis, Centreon est né d’un fork du framework open source Nagios. Les deux fondateurs avaient à l’origine développé une interface d’administration graphique afin de simplifier l’utilisation de Nagios, et ils ont finalement « forké » le code source du framework en 2009, afin de proposer une solution de supervision complète. « Nous voulions créer une solution conviviale basée sur un moteur plus puissant que Nagios. Nous avons fini par multiplier par 10 les capacités de collecte de Nagios. »
Le cœur de l’offre de l’éditeur, toujours en open source, est désormais baptisé Centreon Engine. Au-dessus de ce cœur communautaire, l’éditeur a développé une série de connecteurs et de capacités additionnelles (cartographie, BAM pour Business Activity Monitoring, tableaux de bord avancés) packagés dans deux offres commerciales séparées, baptisées respectivement Centreon IMP et Centreon EMS.
« Notre force est qu’au fil des années, nous avons développé une série de connecteurs couvrant près de 300 environnements différents ». Ces connecteurs permettent de superviser le fonctionnement de la plupart des serveurs, équipements réseau et baies de stockage du marché, ainsi que celui des principaux environnements logiciels du marché. Des intégrations sont aussi proposées avec des logiciels comme Oracle, Microsoft SQL Server ou avec les grands environnements de téléphonie et de collaboration en temps réel.
L’éditeur propose aussi des connecteurs pour superviser les environnements cloud comme ceux d’Amazon AWS. Typiquement, les entreprises mettent en œuvre Centreon pour remplacer des solutions historiques de supervision comme celles d’IBM (Tivoli Monitoring), BMC ou HPE.
Les clients de Centreon, ont souvent une grosse appétence pour l’open source et ils viennent à l’éditeur pour se réassurer. « Nous amenons la garantie d’un logiciel maintenu », explique Julien Mathis. Selon ce dernier, nombre d’entreprises ont délaissé leurs capacités de supervision historique pour se concentrer sur la mise en œuvre de solutions d’APM (Application Performance Management). Mais ils se rendent compte que l’APM ne suffit pas et qu’il est nécessaire pour les exploitants de maintenir une supervision précise de leurs environnements.
Des fonctions avancées de cartographie, de BAM et de reporting
Centreon n’entend toutefois pas se limiter à la seule supervision de base. Dans la version la plus avancée de son logiciel, Centreon EMS, l’éditeur a embarqué des capacités avancées de cartographie des environnements informatiques ainsi qu’un module de BAM permettant aux entreprises de modéliser leur organisation logique.
Ce module permet aussi de mettre en œuvre une supervision plus orientée métiers. Centreon EMS embarque aussi un module analytique baptisé MBI (Monitoring business intelligence) qui permet de concevoir des tableaux de bord sophistiqués pour analyser la performance du SI.
La version 18.10 a encore augmenté les capacités de l’outil avec l’inclusion d’un Remote Server, qui agit comme un proxy local de collecte et de traitement de données et permet à des organisations multisites de maintenir une supervision locale, tout en opérant de façon centralisée leur infrastructure de supervision. En cas de coupure de réseau, les équipes locales peuvent ainsi continuer à superviser normalement l’infrastructure, sans dépendre d’un accès au serveur Centreon central. Lors du rétablissement de la connexion, les données collectées durant l’interruption seront synchronisées en central.
Cette architecture a été conçue pour répondre aux besoins de grandes entreprises, mais aussi à celui d’intégrateurs et d’infogérants qui souhaitent fournir à leurs clients une console locale prête à fonctionner, même en cas de rupture du lien avec leur infrastructure centralisée.
Une croissance qui se poursuit à un rythme rapide
Avec son offre, Centreon vise aussi bien les PME que les grands comptes. « Nous sommes capables de piloter des environnements de petite taille, mais aussi des environnements sophistiqués qui génèrent des quantités massives de données, plusieurs milliers de serveurs ». Dans les grands comptes, la mise en œuvre de Centreon s’effectue souvent dans le cadre de projets de rationalisation de la supervision, explique Julien Mathis : « Souvent nous rencontrons des environnements dans lesquels il y a 5 à 10 outils de supervision différents ».
Pour faire face aux multiples besoins, l’éditeur a adapté sa politique tarifaire. Il propose un modèle de licence par nombre de systèmes supervisés et des tarifs dégressifs par tranches de nœuds (10 à 100, 100 à 250, 250 à 500, 500 et plus). Selon Julien Mathis, le panier moyen de facturation se situe aux environs de 30 000 €.
L’enjeu pour l’éditeur est, dorénavant, de convaincre les utilisateurs de la version communautaire de l’outil, de se convertir à ses versions payantes. Julien Mathis estime ainsi que près de 200 000 entreprises utilisent aujourd’hui la solution communautaire de la société. Aujourd’hui, 450 sont des clients payants et la demande dépasse la capacité de l’éditeur. « Il y a beaucoup de “leads entrants” que nous avons du mal à traiter, car nous avons l’ambition de rester proches de nos utilisateurs ».
Centreon affiche un objectif de croissance de son activité de 50 % pour 2019 après une croissance qui devrait s’établir au-dessus de 40 % en 2018. L’éditeur a jusqu’alors autofinancé sa croissance, mais il pourrait recourir à des financements externes pour accélérer encore son développement et répondre à la demande de ses utilisateurs.