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Pionnier des OS réseau libres, Pica8 s'attaque au marché de la commutation d'entreprises
Pica8 a fait ses débuts sur le marché des acteurs de l'hyperscale et du web en proposant un OS réseau libre pour commutateurs en marque blanche. Après avoir percé sur ce marché, l'éditeur entend se développer sur le marché des entreprises avec une solution qu'il présente comme 50 à 60 % moins chère que les alternatives commerciales.
Pica8 est l’un des pionniers des systèmes d’exploitation ouverts pour commutateurs Ethernet en marque blanche. La société a fait ses débuts en équipant les commutateurs de datacenters d’acteurs Hyperscale comme Baïdu, Google ou Yahoo Japan (où elle a déployé 3000 switches).
Mais elle s'est progressivement désengagée de ce marché au fur et à mesure que les géants du secteur investissaient dans le développement de leurs propres OS réseau pour se reconcentrer sur le marché des entreprises. Pica8 emploie actuellement un peu moins d’une centaine de personnes, pour l’essentiel en Chine et aux États-Unis, et dispose d’environ un millier de clients dans une trentaine de pays.
Son système d’exploitation réseau, PicOS s’installe sur la plupart des commutateurs en marque blanche « white box » fabriqués par des acteurs comme Accton (Edge-Core), Delta (Agema), Foxconn, Inventec ou Quanta. Il fonctionne aussi sur les commutateurs ouverts de grands constructeurs comme HPE ou Dell EMC.
Pica8 a d’ailleurs récemment annoncé le support des commutateurs 10/25/100G de la série S4100-ON de Dell EMC et ce dernier a accepté de revendre PicOS en option sur ses équipements. De façon générale, Pica8, supporte la plupart des commutateurs doté d’un « boot loader » compatible ONIE (Open Network Install Environnment) et motorisés par des puces BroadCom, Cavium ou Barefoot Networks.
Comme l’explique Niraj Jain, le COO de Pica8, rencontré récemment lors d'un tour de start-up dans la Silicon Valley, la firme a tout d'abord proposé ses solutions sur le marché des datacenters d’entreprises, avant de s'intéresser plus récemment au marché de la commutation d’accès. Avec un argument de poids : selon Pica8, une configuration moyenne combinant des commutateurs ouverts et PicOS revient à environ 50 à 60 % moins cher qu’une configuration Cisco équivalente remisée.
Un OS ouvert basé sur un noyau Linux
Reposant sur un noyau Linux Debian, PicOS supporte la plupart des fonctions de niveau 2 et 3 offertes par les OS commerciaux comme Cisco IOS et embarque aussi quelques fonctions originales comme un mécanisme de création de piles de commutateurs virtuelles via sa fonction PicaPilot.
Cette dernière permet à un administrateur réseau de piloter de multiples commutateurs physiques comme s’ils étaient une entité logique unique, gérable via une seule adresse IP. Cette approche rappelle ce que propose Big Switch Networks ou ce que propose HPE avec Composable Fabric (ex-Plexxi), même si dans le cas de ce dernier le modèle topologique est différent du modèle leaf-spine adopté par la plupart des acteurs du réseau.
Concrètement, dans le cas de Pica8, les commutateurs sont reliés entre eux via la technologie MLAG (Multi-Chassis Link Aggregation), ce qui permet à l’ensemble des liens de la fabrique ainsi constituée de fonctionner en mode actif/actif (l’utilisation du protocole Spanning Tree est inactivée). La mise en œuvre de MLAG permet également d’accroître la redondance de la fabrique puisqu’en cas de défaillance d’un commutateur ou d’un groupe de ports, le trafic est rerouté sur les liens opérationnels.
Une autre fonction intéressante de PicOS, baptisée Crossflow, permet à chaque port d’un commutateur de supporter à la fois des flux L2/L3 et des flux gérés par SDN. Enfin, PicOS inclut des fonctions de ZeroTouch Provisioning (application automatisée d’une configuration prédéfinie) via son « auto-config Engine ». Il est ainsi possible à un commutateur de se configurer automatiquement en téléchargeant un profil de configuration défini à l’avance par l’administrateur depuis un serveur centralisé.
Comme tous les OS ouverts pour commutateurs, PicOS s’intègre avec la plupart des frameworks ou outils d’automatisation et d’orchestration du marché, tels que Chef, Puppet, Ansible ou Salt Open. Les commutateurs motorisés par PicOS peuvent aussi être pilotés par un contrôleur SDN compatible OpenFlow (tel OpenDayLight ou ONOS).