L’OpenStack Foundation fait de la place à ses projets annexes... hors OpenStack
A l’occasion de l’OpenStack Summit de Berlin, la fondation a présenté deux nouveaux projets qui rejoignent la mission d’infrastructure ouverte, la nouvelle ligne de conduite de l’institution. Le modèle de gouvernance des projets est révisé pour structurer leurs phases d’incubation et de confirmation.
Après Zuul, les Kata Containers, OpenStack (lui-même), l’OpenStack Foundation a ajouté deux projets annexes à son projet phare dont l’ambition est de faire de la fondation open source une entité non plus centrée sur un projet unique, mais bien sur un groupe de projets, symbole de « l’infrastructure ouverte ». Starling X et Airship, nom de ces nouveaux projets, symbolisent le passage à l’ « Open Infrastructure », nouvelle ligne de conduite de la fondation. Au-delà d’OpenStack donc.
StarlingX, en incubation depuis 6 mois à la fondation, représente en fait le projet pilote qui vient concrétiser les orientations vers l’Edge Computing, souhaitées par l’institution open source. Ce projet est issu d’une contribution de Wind River, spécialiste de l’embarqué (et propriété d’Intel) qui a versé le code source de ses outils pour les telcos dans la fondation, résume Glenn Seiler, en charge de la stratégie produit. Ces outils se retrouvent associés aux composants cœur d’OpenStack qui forme la couche infrastructure de l’ensemble et apportent une dimension distribuée. StarlingX apportent des services de gestion de la configuration, de l’hébergement, des services et des applications, de la haute disponibilité et la qualité de services, mais pour des cas d’usages liées à l’IT de proximité (Edge Computing). L’idée, ajoute le spécialiste, est aussi de simplifier les déploiements et de rendre plus « consommable » la notion d’infrastructure dans ce domaine – une lacune explique-t-il. Openstack ne constitue qu’une partie des projets open source sur lesquels s’appuie StarlingX. Kubernetes, Ceph, Collectd, QEMU, Open VSwitch, sont listés – pour n’en citer que certains.
L’autre particularité de StarlingX : il constitue une partie d’un plus vaste projet qui n’est pas hébergé par l’OpenStack Foundation : le projet Akraino Edge Stack… de la Linux Foundation (soutenu par AT&T et Intel). Le code de StarlingX sera d’ailleurs versé à ce projet. Akraino a aussi pour vocation de proposer une pile logicielle pour l’Edge Computing. Mais sa portée est bien plus vaste puisque son rôle est de proposer des architectures de références (hardware, infrastructure, services et middleware) pour différentes plateformes et différents secteurs industriels. StarlingX constitue donc l’architecture de référence pour OpenStack d’Akraino.
De son côté, Airship, second projet pilote dévoilé à cet événement et 5e soutenu par la fondation, est une initiative de l’opérateur américain AT&T qui vise à déployer à très grande échelle et de façon automatisée, OpenStack et Kubernetes (bare metal compris), souligne Mark McLoughlin, directeur de l’ingénierie chez Red Hat , qui cite le Edge Computing à grande échelle comme un cas d’usage de cet outil. En s’appuyant sur un mode déclaratif (un fichier YAML) qui spécifie les contraintes de configuration, les services OpenStack sont déployés dans des containers gérés par Kubernetes. Le spécialiste indique que cela convient par exemple pour virtualiser les fonctions réseau (NVF) mais dans des environnements Edge, détaille-t-il. Dans le groupe de travail Openstack-Helm, Airship vise justement à s’appuyer sur les charts Helm pour automatiser, déclarativement, les déploiements de clusters (Kubernetes) dans le cloud et de le maintenir ou de faire évoluer, de façon continue, la configuration opérationnelle. La version 1.0 d’Airchip est attendue pour le début 2019.
Dans sa dernière étude analysant les usages d’OpenStack auprès de sa communauté, les containers occupent le rang de préoccupation première (et de loin, 70 %) devant le bare metal à 47 %. L’Edge Computing est une préoccupation pour 33 % des répondants (21 % l’Internet des objets).
Un modèle de gouvernance des projets adapté
Cette stratégie, centrée sur l’émergence de projets annexes à OpenStack, a vu le jour avec l’arrivée de Kata Containers en 2017. Trois projets plus tard, la fondation a décidé d’ajuster son modèle de gouvernance et de réviser le règlement qui les encadre. Approuvé par le board de la fondation, ce nouveau règlement va être soumis au vote de la communauté. Comme d’autres fondations open source, cette gouvernance des projets prévoit une période d’incubation de 18 mois pendant laquelle le projet, dans sa phase pilote, doit être en ligne avec la stratégie et la mission de la fondation (celle portant sur l’infrastructure ouverte donc), disposer d’une licence open source compatible avec la définition de l’OSI (Open Source Initiative) et avoir été choisi par les équipes de la fondation. Si le projet remplit ces critères, il devient un projet confirmé et reçoit le support et l’investissement de la fondation, un modèle de gouvernance ouverte et s’engage sur le long terme.
La fondation a déjà inscrit un autre domaine à explorer en 2019 : l’intelligence artificielle et le Machine Learning. Pas de projets à proprement dit actuellement, confirme Jonathan Bryce le directeur exécutif de l’Openstack Foundation, mais « il existe la volonté d’inclure de l’IA dans les projets en place ». « Nous souhaitons que les membres collaborent sur ce domaine. Starling X a vu le jour ainsi. »