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Face à la pénurie de talents, les entreprises s'impliquent dans la formation
La pénurie de compétences et une évolution de plus en plus rapide des technologies, poussent les entreprises à s'impliquer davantage dans les cours et les programmes de formation sur tous les sujets du numérique, à commencer par la cybersécurité.
Partenaires de l'ECE, école d'ingénieurs informatique et généraliste, Microsoft et Orange Cyberdefense ont lancé fin septembre la première promotion de la spécialisation Cybersécurité défensive. En 2019, les 41 élèves de cette promotion obtiendront leur diplôme d'ingénieur spécialisé (Bac+5), reconnu par la Commission des titres d'ingénieur et labellisée SecNumEdu par l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI).
Les deux entreprises assurent certains cours. Les ingénieurs d'Orange Cyberdefense encadrent les travaux pratiques et les projets de fin d'étude, et l'entreprise accueillera des étudiants en stage de pré-embauche. « Le secteur de la cybersécurité est particulièrement “pénuriqueˮ et les technologies évoluent sans arrêt. Nous avons besoin que les personnes que nous recrutons soient rapidement opérationnelles. Or les écoles assurent surtout la formation théorique. En nous impliquant dans les cursus, nous apportons la dimension pratique », constate Ludivine de Lavison, directrice de la filière Métier cyber et sécurité chez Orange Cyberdefense. « Participer à la formation des futurs ingénieurs nous aide à recruter mais contribue aussi à développer le niveau global de compétences du groupe ».
Aussi pour les demandeurs d'emploi et les décrocheurs scolaires
Cette intervention des sociétés dans le monde académique n'est pas nouvelle. Ce qui est nouveau, c'est qu'elles s'associent désormais à des écoles pour proposer des formations destinées aux demandeurs d'emploi et aux personnes en reconversion professionnelle.
C'est le cas, par exemple, de Microsoft. La société s'est associée à Simplon, entreprise sociale et solidaire de formation au code, pour créer une école alternative baptisée l'Ecole IA Microsoft sur son campus d'Issy-les-Moulineaux. Une formation intensive de 7 mois suivie de 12 mois en contrat de professionnalisation chez des partenaires de Microsoft doivent permettre à des demandeurs d'emploi, des décrocheurs scolaires ou des personnes en reconversion professionnelle ayant des connaissances en algorithmique, de devenir des « techniciens de l'intelligence artificielle ».
La première promotion de 24 personnes âgées de 19 à 39 ans a démarré en mars dernier. Seul un stagiaire n'a pas enchaîné avec un contrat de professionnalisation, car il est parti créer une start-up. Ce premier succès a incité Microsoft à poursuivre sa démarche. La deuxième promotion de 24 personnes – dont 80 % de femmes – démarre au siège de la société. Fin octobre, une Ecole IA Microsoft a vu le jour en région, à Castelnau-le-Lez, près de Montpellier. Huit écoles vont être créées en 2019 en Île-de-France.
« Nous voulons développer l'écosystème numérique français et contribuer collectivement à la problématique de l'emploi en France », affirme Corinne Caillaud, directrice des Affaires publiques, externes et juridiques de Microsoft France. « C'est une démarche globale, il s'agit d'inspirer l'écosystème à tous les niveaux et aider à former à ces futurs emplois qu'à 85 % nous ne connaissons pas encore ! ».
De nombreuses initiatives
Beaucoup d'autres entreprises mènent des démarches similaires. La semaine dernière, IBM a annoncé plusieurs nouveaux partenariats avec des établissements d'enseignement supérieur. Son initiative IBM France Academy les accompagne dans la transformation des compétences pour les métiers du numérique et de l'IT en général et sur l'IA en particulier.
IBM et EM Lyon (École de Management de Lyon) veulent proposer de nouveaux modèles de formation pour les emplois de demain. Avec ENSC-Bordeaux INP, IBM crée une chaire en Sciences cognitives. Avec ESIEE Paris, c'est une chaire « IA et prescriptive analytics » qui a vu le jour. Quant aux étudiants de l'INP-ENSIMAG de Grenoble, ils auront accès à des calculateurs d'IBM optimisés pour l'IA.
En septembre dernier, CGI a accueilli une deuxième promotion de 180 « élèves » dans sa propre école de développeurs U'DEV. Cette formation en alternance d'une durée de 15 mois pour les Bac + 2 et de 3 ans pour les titulaires d'un Bac est financée par CGI via des contrats de professionnalisation qui débouchent normalement sur des emplois en CDI.
L'école LDLC de formation au numérique, à Lyon, forme elle aussi en 3 ans. Les 20 étudiants de la première promotion ont célébré la fin de leurs études mi-octobre. La moitié d'entre eux ont déjà trouvé un emploi.
Quant à Klaxoon, MV Group et HelloWork (ex RegionsJob), les trois sociétés ouvrent leur « école dans l'entreprise » en novembre. Baptisée Stage301, cette école propose d'aider des étudiants, mais aussi des salariés, des managers ou des dirigeants à acquérir les compétences qui leur permettront d'appréhender les métiers du numérique et les nouvelles technologies. Pour répondre aux besoins différents de ces publics, Stage301 proposera de la formation tant initiale que continue.