Transformation numérique : des DSI européens plutôt efficaces
Gartner estime que les DSI européens ont une longueur d'avance sur leurs pairs d'autres régions, en matière de programmes de transformation numérique.
Les analystes de Gartner ont profité de leur Symposium cette semaine à Barcelone pour publier leur enquête mondiale annuelle sur les DSI. Et ils avancent que 35 % des DSI de la zone Emea interrogés étaient prêts à intensifier leurs activités de transformation numérique, soit une augmentation de 15 % par rapport à l'année dernière.
Pour Andy Rowsell-Jones, vice-président chez Gartner, « les DSI d'Emea donnent l'exemple dès lors qu’il s’agit de se concentrer sur l’obtention de résultats probants en matière d’initiatives numériques. Le succès des projets d’envergure déployés est d’ailleurs plus élevé dans la zone EMEA que parmi ceux gérés par les DSI d'Amérique du Nord, d'Amérique latine ou bien d'Asie-Pacifique ». Selon lui, la méthodologie à l’œuvre en Europe est une des clés de compréhension.
Ainsi, « pour encourager l'adoption du "numérique" à grande échelle au sein de leur organisation, 64 % des DSI de la zone EMEA ont favorisé une meilleure collaboration avec les métiers de l'entreprise et 46 % ont réduit les silos et la complexité interne de leur organisation ».
Les bots comme première expérience IA
En termes d’orientation des dépenses l'enquête a révélé que 44 % des DSI européens interrogés consacraient la plus grande partie des investissements nouveaux à la veille économique et à l'analyse des données, suivies par la cybersécurité et les applications métiers. Gartner prévoit qu'il s'agira des trois domaines technologiques les plus financés en 2019.
Présenté comme l’un des futurs leviers technologiques majeurs par Gartner, l'intelligence artificielle (IA) arrive au sixième rang des investissements à développer en 2019, tout en étant le domaine technologique permettant les plus grands changements.
Selon Gartner, les cas d’utilisation de l’IA déjà engagés font montre d’un certain niveau de maturité. Les interfaces vocales, en particulier les chatbots, et l'optimisation des processus figurent ainsi parmi les cinq technologies les plus utilisées ou qui le seront au cours de l'année prochaine. « Ces scenarii d’IA se sont généralisés. Il s’agit de technologies qui s'interfacent dès à présent avec les clients et les collaborateurs en interne », selon Andy Rowsell-Jones.
Pour 39% des organisations, les principaux moteurs ont été l’analyse de l'évolution des demandes des clients - le travail sur l’expérience utilisateur - et la protection de la marque (mise en conformité, GDPR). Près de la moitié des DSI expliquent être concentrés sur le fait de rendre l'engagement des clients plus facile et moins coûteux.
Reste quelques limites qui demeurent importante selon les DSI interrogés. L'insuffisance des ressources est invoquée par 44 % d’entre eux. La faiblesse du niveau de culture numérique dans les entreprises, induit une résistance au changement trop forte pour 38%.
Afin de pouvoir appuyer leur stratégie de transformation, Andy Rowsell-Jones leur recommande de « renforcer leurs relations avec les dirigeants d'entreprise et de faire la promotion de la valeur de l'informatique en interne ».
Cinq écueils à éviter pour le DSI en transition
Un DSI sur quatre vit une période de transition professionnelle : soit que leur organisation du SI change, soit que leur poste change, soit que leur entreprise change de modèle. Fort de ce constat Darren Topham, Analyste Gartner et lui-même ancien DSI, estime qu’il y a cinq erreurs à éviter absolument dans cette période de bouleversement (Gartner parle régulièrement de chaos autour de la transformation numérique).
1- Ne pas placer son ego avant le besoin d’efficacité
Trop souvent, la tentation d’imposer ses vues en mettant en avant sa supériorité conduit à des effets contreproductifs.
2- Respecter ceux qui veulent jouer un rôle dans la transformation
Une période de transition induit des prises de position opérationnelles de chacun. A la fin les arbitrages ne doivent laisser personne avec un sentiment d’échec.
3- Ne pas agir trop vite
L’excitation liée au changement lui-même pousse parfois à des prises de risque inconsidérées. Il faut avoir des process suffisamment agiles mais robustes pour penser avant d’agir.
4- Ne pas insulter le passé
Le changement ne signifie pas qu’il faille tout jeter ou même que l’histoire d’avant soit négative. Pour juger des décisions antérieures toujours se remettre dans le contexte et inscrire son action dans le temps.
5- Savoir s’entourer
La période de transition est l’occasion de renouveler les « conseils ». Se méfier des positionnements opportunistes et éviter les mauvais conseils au nom de la nouveauté.