Experiences 18 : Microsoft officiellement dans la cour des grands des applications métiers
Lors de son évènement annuel parisien, Microsoft France a fait une démonstration de force pleine de retenue. Après un point convenu sur l'IA sous toutes ses formes, la filiale a fait se succéder des clients locaux que SAP et Oracle n'auraient certainement pas reniés.
Notes de conférence. L'édition 2018 du salon Microsoft Experience (ex-Tech Days) montre le chemin parcouru par Microsoft dans les applications métiers depuis une petite décennie. Avec une salle du Palais Congrès quasiment pleine (plus de 4.000 personnes), le numéro 1 du logiciel a montré qu'il avait bien grandi dans l'ERP et dans le CRM avec sa gamme Dynamics 365.
L'IA éthique
Esprit du temps, Microsoft a aussi parlé d'Intelligence Artificielle (IA) - tout comme ses concurrents l'ont fait à leurs évènements respectifs. « Nous sommes au début d'une révolution industrielle, la révolution de l’IA », assène d'entrée de jeu Carlo Purassanta, à la tête de la filiale française depuis un peu plus d'un an. « L'informatique a été un facteur de transformation, mais jamais aussi important, invasif et profond ».
Pour le dirigeant, le triptyque « cloud, interface naturelle et IA » va permettre « de tout faire différemment, ce n'est pas simplement un support [pour les métiers]. Cela va tout changer ».
L'Intelligence Artificielle n'est cependant pas sans faire peur. Emplois qualifiés remplacés, biais reproduits par les algorithmes, boites noires décisionnelles : les sources de questionnement ne manquent pas. Carlo Purassanta le sait et appelle à une « IA responsable », nouveau cheval de bataille de l'éditeur dans le monde, qui se décline en France en plusieurs initiatives « inclusives ».
Impact.AI par exemple veut créer un collectif pour travailler sur l'impact de l'intelligence artificielle sous un angle à la fois technologique et éthique. En clair, 30 organismes - grandes entreprises (Air France, Bouygues, AXA), ESN et éditeurs - travaillent pour promouvoir des algorithmes transparents, lutter contre les biais, mutualiser les ressources (outils pour "débiaiser" les jeux de données, sélection de MooC, cartographie des formations, etc.) et les bonnes pratiques (comment créer un panel éthique de gouvernance externe ?).
Une autre initiative de Microsoft France, Compétences.IA, regroupe plusieurs programmes de formations, y compris pour des demandeurs d'emploi en réorientation.
« Nous voulons accompagner le mouvement lancé par le gouvernement », synthétise Carlo Purassanta en évoquant une « IA for Good » et un troisième programme, plus économique : Innovation.IA. « Nous misons sur des verticaux très forts. Nous essayons de faire travailler les entreprises ensemble et des créer des écosystèmes pour promouvoir la compétitivité de la France au niveau mondial ».
Une reconnaissance sémantique en français impressionnante
Laurence Lafont, COO de Microsoft France, a ensuite pris le relais pour présenter les habituels retours de clients contents.
Lors de son intervention, un verbatim en direct était projeté sur l'écran géant de la scène. Un verbatim généré en temps réel par les outils de reconnaissance sémantique de Microsoft. A part quelques fautes d’orthographes, une ponctuation aléatoire et des limites dans le bilinguisme (comme le très joli « gros soft » à la place de Microsoft ou « la data et une nouvelle assiette » pour « la data est un nouvel asset »), le résultat s'est avéré excellent voire impressionnant par moment.
Des clients qui montrent la montée en puissance de Microsoft en France
« Nous pensons que toutes les entreprises vont devenir des entreprises de technologies », commence Laurence Lafont.
Pour appuyer son propos, elle convoque sur scène (en vidéo ou en présence réelle) des entreprises aussi diverses que Le Club Med, Sanofi, Sodexo, toutes utilisatrices de Dynamics, comme Bouygues Construction qui utilise également Azure pour concevoir des algorithmes de Machine Learning pour son activité de tunnelier grâce à un Data Lake - monté en quelques jours par une petite équipe de 5 personnes. Ce Data Lake regroupe une dizaine d'années de données et est le réceptacle de machines qui produisent 2.000 données par seconde d'exploitation - un chiffre qui passera bientôt à 10.000 avec l'extension du projet.
On retiendra deux faits de ces interventions - forcément très positives. Premièrement, ces projets sont en production et réels, ce qui n'est pas toujours le cas chez certains gros éditeurs de CRM qui aiment à mélanger réalité et fiction dans cette exercice de promotion obligé.
Deuxièmement, la taille et la puissance des entreprises qui ont témoigné montrent que Microsoft joue désormais bien dans la cour des grands dans l'applicatif métier, face à des Oracle ou à des Salesforce, et non plus comme c'était encore le cas il y a trois ans, en deuxième division.
Small Data et réalité augmentée
Laurence Lafont a également rappelé l'accord de Microsoft avec SAP et Adobe dont « l'objectif est de proposer un modèle de données commun pour faciliter le voyage de la donnée et enrichir le parcours client omnicanal », avant de se lancer dans une démo qui utilisait quasi exclusivement Dynamics.
Une deuxième démonstration factice, mais pertinente d'un point de vue terrain - et très applaudie par la salle - est revenue sur Dynamics 365 Remote Assist et un usage de Réalité Augmentée en milieu industriel. Un agent de terrain débutant y désactivait un dispositif électrique avec l'aide d'un expert qui, à distance, lui annotait les zones à activer et à désactiver, directement en surimpression, grâce à un casque Hololens.
Aux côtés de Carlo Purassanta, revenu sur scène, Laurence Lafont clôturait son intervention en revenant sur l'Intelligence Artificielle, mais dans Word cette fois (qui saisit le sens d'une annotation au stylet pour la traduire en action - comme effacer du texte quand on le barre) avant d'insister sur les bienfaits de Teams - le successeur de Skype for Business et concurrent de Slack- pour la collaboration d'entreprise.
Enfin, Carlo Purassanta ouvrit la porte à un nouveau concept - de plus en plus populaire - à savoir « le Small Data ». L'IA (Machine Learning) demande aujourd'hui beaucoup de données pour entrainer un algorithme. « Le Small Data, c'est l'idée qu'il n'y a plus besoin de montrer des centaines de photos d’éléphants pour entrainer un algorithme de reconnaissance d'image. Une seule photo suffira. Comme chez un enfant », prédit Andrew Fitzgibbon, Partner Scientist chez Microsoft, scientifique, professeur et expert du Computer Vision qui a également travaillé sur Kinect.
Conclusion
Lors de la première journée d'Expériences, au-delà des discours obligés inhérents à ce genre d'évènements, Microsoft France a parlé de solutions logicielles concrètes, d'usages véritablement métiers, d'efficacité opérationnelle, et de mises en production réelles - ce qui montre sa nouvelle puissance dans les applications B2B.
Pour mesurer le chemin parcouru, on se souviendra, en creux, qu’il y a un peu plus de cinq ans, Microsoft n’avait à son catalogue qu'Office, Sharepoint et Exchange, et qu'il y a trois ans il commençait juste à afficher ses grandes ambitions - en restant humble - dans l'ERP.
Prochaine étape ? Le SIRH avec la montée en puissance annoncée en France comme ailleurs, de Dynamics 365 for Talents, une brique RH qui existe depuis... un an.