TechEd 2018 : Les trois leviers de SAP pour transposer la blockchain dans les entreprises
Comme sur d’autres sujets SAP a décidé de jouer la carte de l’ouverture et du pragmatisme en matière de blockchain.
L’éditeur allemand investit dans ce qu’il explique, par l’entremise de Raimund Gross, Innovation Manager pour la blockchain chez SAP, être les 3 leviers indispensables à l’existence de blockchains dans les entreprises : une couche technologique éprouvée, un réseau d’acteurs du marché à l’intérêt commun et un usage extrêmement précis, réellement lié à une réalité fonctionnelle.
Une approche technologique agnostique
Au niveau technologique, SAP est pour l’instant décidé à ne pas choisir et a créé une couche d’abstraction qui lui permet de gérer différentes briques. Parce qu’on est loin d’un monde standardisé.
« Aujourd’hui on a peut-être plus de 70 technologies de blockchain sur le marché. Et aucune ne s’impose réellement même si dans le monde de l’entreprise certaines commencent à se dégager » explique Raimund Gross. SAP supporte donc, à date, trois technologies présentant chacune un intérêt spécifique en fonction des besoins, « chacune étant optimisée pour des choses différentes telles que le volume, la robustesse, la gestion des identités… ».
Comme Oracle ou IBM, SAP est ainsi un pilier d’Hyperledger, une blockchain privée (ou de consortium) open source soutenue par la Fondation Linux. Pour Raimund Gross, son intérêt est d’être très orientée usage en entreprises, avec par exemple la gestion de Smart contract en natif. Hyperledger est cependant une brique particulièrement complexe à implémenter par rapport à d’autres technologies.
SAP supporte donc également Quorum, une extension orientée entreprise d’Ethereum, la plus populaire des blockchains, qui pour le coup est beaucoup plus simple à utiliser. SAP la recommande d’ailleurs dans un contexte early-adopter.
Enfin l’éditeur permet également d’utiliser MultiChain. Moins connue que les deux précédentes cette technologie permet d’adresser des volumes très important selon Raimund Gross.
Au-delà du choix des technologies SAP a fait le choix d’une approche totalement ouverte et offre la possibilité d’étendre les réseaux de blockchain, constitués par les entreprises, au-delà de ses seuls environnements, que ce soit vers d’autres applications on-premise ou des cloud tiers. « Quel que soit l’environnement du client, il supporte l'interaction entre les nœuds fournis par SAP et ceux qui résident sur site ou dans un cloud différent - pour peu que les nœuds et les réseaux exploités de l'extérieur soient compatibles avec la chaîne de blocs SAP », affirme le manager innovation pour la blockchain de SAP.
Accélérer la création de réseaux d’intérêt
Au-delà de la technologie, Raimund Gross explique que le choix de la blockchain est une affaire de réseau d’acteurs sur des segments de marché bien définis. Aujourd’hui SAP est à la tête de 3 consortiums regroupés au sein du SAP Blockchain Consortium Program. L’objectif est clairement d’accélérer les déploiements et de s’étendre sur des secteurs spécifiques appelés à utiliser la blockhain.
Historiquement SAP a débuté avec le secteur High Tech (en partenariat avec Deutsche Telekom, Lenovo, T System, Intel, HPE…), mais vient d’annoncer deux nouveaux consortiums : l’un autour de l’industrie agro-alimentaire et de la distribution alimentaire ; l’autre avec l’industrie pharmaceutique.
Au total SAP revendique plus de 35 entreprises et organisations faisant partie de son réseau de développement de blockchain dont GlaxoSmithKline, AmerisourceBergen, Arvato, Maple Leaf Foods et CONA - Coke One North America.
Développer les cas d’usages
Des technologies orientées entreprises qui se dégagent, des acteurs qui s’organisent mais pour quels usages ?
SAP en voit de nombreux mais a décidé d’avancer en fonction des besoins déclarés de ses clients. Trois « patterns » se dégagent. D’abord celui concernant la validation de process. Par exemple dans un échange où la certitude du consentement est exigée. Il s’agit d’associer une donnée – qui peut être contractuelle – à l’obtention certaine d’une validation.
Plus connu le second concerne le transfert d’actifs. C’est lui qui prévaut sur le marché du bitcoin, historiquement celui qui a vu se développer les technologies de blockchain. Il s’agit d’authentifier une valeur, par exemple un certificat lié à un bien ou un diplôme lié à un individu.
Déjà plus éprouvé, le 3ème modèle concerne la traçabilité. Il est à l’œuvre dès à présent au sein du consortium des industriels pharmaceutique. Il s’agit ici de s’assurer de la conformité des médicaments en termes de régulation mondiale. Un enjeu clé lié tout à la fois au développement de la fraude sur les produits et à la complexité réglementaire. La blockchain opérée par SAP a rallié plus de 80 % des industriels américains du secteur selon Raimund Gross. Pour ce cas d’usage c’est MultiChain qui a été choisi comme support en raison des volumes énormes de transaction. Une seule usine peut produire jusqu’à 10 000 certificats par jour.
C’est également la traçabilité qui est en jeu au niveau de l’industrie agro-alimentaire. Cette fois SAP opère une blockchain reposant sur Hyperledger. La blockchain permet d’embarquer l’authentification produits sur la fabrication mais également celle concernant le circuit de distribution. Ici le besoin implique une infrastructure permettant d’adresser un large volume, mais également la capacité à produire une chaine de blocs extrêmement rapidement embarquant le maximum d’informations et notamment les smart contract.
Côté clients la curiosité est partout présente et SAP a décidé d’accélérer l’adoption en intégrant à l’ensemble de ses solutions des fonctionnalités de création de blockchain. L’idée est de permettre – lorsqu’un réseau d’acteurs le souhaite et quel que soit son périmètre ou son existant – d’intégrer un élément de blockchain (sur les patterns validés) à des processus déjà existants.