TechEd 2018 : cloud, API, machine learning et bots ou l’entreprise intelligente selon SAP
Intelligence à tous les étages et ouverture. Pour son édition 2018 du TechEd – sa conférence plutôt dédiée aux développeurs – SAP a souhaité mettre en avant une orientation vers l’économie des API, le cloud et enfin l’analytique comme base première de sa stratégie IA.
Très porté sur les usages et les besoins réels des utilisateurs, Bjorn Goerke, CTO de l’éditeur allemand, a expliqué au cours de la conférence inaugurale du TechEd 2018 du 23 au 25 octobre à Barcelone, que l’avènement de l’entreprise intelligente passe par une automatisation toujours plus fine des « process » et par l’amélioration de l’expérience des utilisateurs, agents ou clients finaux. Un mouvement appelé à s’appuyer sur SAP Cloud Platform - vu comme un PaaS métier au service des applicatifs plus que comme un middleware traditionnel. Mais aussi un appui sur un écosystème ouvert pourvoyeur de connecteurs et d’API (Application Programming Interface), sur une couche analytique omniprésente et enfin sur du machine learning et des bots à façon.
Le cloud, moteur indispensable de l’innovation
Côté SAP Cloud Platform - qui revendique désormais 12 000 clients et 5 000 de mieux dans les mois à venir - pas de nouveauté à proprement parler si ce n’est l’affirmation répétée du positionnement de SAP. Il ne s’agit pas de proposer un énième PaaS généraliste mais bien une plateforme métier agnostique, agile, qui s’adresse à des environnements hybride et multicloud.
Bjorn Goerke explique ainsi que « Cloud Platform n’est pas en concurrence avec les cloud de type AWS, Azure ou Google mais est appelé à fonctionner avec eux de manière opportuniste, en fonction des spécificités de chacun et des besoins des clients ». La preuve par le réseau de partenaires : après avoir porté son environnement sur Microsoft Azure, Google Cloud, AWS ou dernièrement IBM, SAP annonce un partenariat avec Atos qui devrait porter ses fruits en 2019.
« L’objectif est de proposer au client la meilleure combinaison possible en fonction des scenarii étudiés : prédictif et machine learning, recherche de performance, facilité d’intégration… ». Si Cloud Platform est présenté comme le pilier indispensable de l’innovation, SAP ne pousse finalement pas à une migration rapide et massive. L’éditeur allemand multiplie les exemples d’un monde hybride respectueux des enjeux clients en mettant en avant des interfaces susceptibles de faire profiter du meilleur des deux mondes : cloud et on-premise.
La conversion à un monde plus ouvert
C’est donc sur l’intégration que SAP fait le forcing en se destinant à occuper une position centrale dans l’économie des API. SAP Cloud Platform se dote de connecteurs ouverts (Open Connectors) pour faciliter l’adoption d’applications tierces issues de partenaires.
L’idée est clairement de faciliter le développement d’un écosystème le plus large possible. C’est tout le sens des appels du pied de l’éditeur vers le monde open source, qui fait mieux que d’avancer timidement en se voulant moteur au sein de deux communautés déterminantes dans le cloud open source : Cloud Foundry – le PaaS sur lequel s’appuie tout particulièrement SAP Cloud Platform – et Kubernetes, le système open source historiquement développé par Google et dédié à la gestion de conteneurs Linux pour des environnements de Cloud privé, public et hybride. Avec IBM et Suse, SAP s’est même récemment fait le chantre de l’intégration des deux communautés.
Du machine learning et des bots
Si sur Cloud Platform et l’ouverture aux développeurs SAP est finalement dans la continuité des annonces faites il y a quelques temps déjà, les évolutions majeures sont à chercher du côté de l’IA dont SAP livre sa vision : opportunisme et transversalité. Evolution marketing d’abord, symbolisée par la mise en avant d’une « Intelligent Suite » porteuse de la cohérence de l’éditeur dans la manière d’intégrer l’IA dans son vaste portefeuille existant. Evolution technologique ensuite avec - comme c’est désormais le cas depuis 18 mois - le parapluie Leonardo qui est chargé de porter le mouvement avec une annonce qui se veut majeure en matière de Machine Learning. La nouvelle offre est destinée à faciliter le déploiement de modèles - concept visiblement plus souple que celui d’algorithme lui-même plus élastique que les règles historiques - autour de la reconnaissance de textes, d’écriture, d’images ou de son.
Autre évolution notable concernant l’analytique : celle liée à Search to Insight. Développé en France par les équipe SAP Labs - fortes de 650 personnes -, ce moteur de recherche BtoB s’appuie sur l’analyse de la requête mais également sur son contexte (qui, avec quel droit, dans quelle fonction…). Il permet d’accéder ou d’affiner des jeux de données pertinents par simple requête en langage naturel dans un champ unique.
Les bots sont également clairement à l’honneur avec Intelligent Robotic Process Automation Studio : un outil destiné à fabriquer ses propres bots métiers dans un contexte SAP en s’appuyant également sur une couche d’apprentissage machine et sur des agents conversationnels intelligents (du type de ceux développés par Recast.AI start-up française rachetée par SAP et spécialiste de la conversation en langage naturel). Les premières implémentations sont attendues début 2019 au sein de SAP HANA pour faciliter l’automatisation de process.
Reste que SAP se montre finalement plutôt mesuré sur l’IA dans un secteur prompt à l’emballement. Certes la plupart des développements dans l’analytique, les bots ou l’automatisation intègrent des logiques d’intelligence et de machine learning, mais sans démonstrations spectaculaires. Il y a surtout l’envie de rester concentré sur les besoins côté clients.
Les modèles d’IA sont bien maitrisés mais nous n’en sommes qu’au début et pour l’instant l’intelligence semble ailleurs. A chercher du côté du pragmatisme et de la flexibilité : ou comment être en même temps propriétaire et très ouvert ; on premise et dans le cloud ; chez SAP et dans un écosystème plus large ; tributaire du legacy et bénéficiaire d’un esprit start-up.