OpenWorld 2018 : Machine Learning et Bots à tous les étages
« Robots tueurs de menaces » dans la base de données et dans le cloud, Machine Learning et chatbots dans les applications métiers, l'édition 2018 de la grand-messe annuelle d'Oracle confirme que l'Intelligence Artificielle est le nouveau cheval de bataille tout terrain de l'éditeur.
C'est dans un contexte étrange à San Francisco et une situation assez délicate pour Oracle (lire par ailleurs) que s'est ouvert l'Open World 2018, le grand évènement annuel de l'éditeur qui regroupe 430.000 personnes cette année.
En tour de chauffe, Steve Miranda, Executive VP, Applications Development a ouvert l'évènement devant une salle assez clairsemée en martelant le message d'Oracle dans les applications : l'IA est là, partout, pour tous - et pas uniquement dans la Autonomous Database.
De l'IA dans toutes les applications
L'Intelligence Artificielle fait passer d'une approche qui s'appuie sur des règles à une approche qui s'appuie sur des modèles - explique-t-il schéma à l'appui - elle fait passer d'une approche manuelle à une approche automatisée, d'une approche statique à une approche contextuelle.
L'application infusée s'adapte en fonction de ce qu'elle sait sur l'utilisateur, l'interface change en fonction de ce qu'il doit savoir ou l'action qu'il va devoir effectuer, résume Steve Miranda.
Dans cette évolution, les chatbots tiennent une place à part. Déjà évoqués il y deux ans par Larry Ellison lui-même, ils ont débarqué cette année dans quasiment toutes les applications Oracle.
Steve Miranda a ainsi levé le voile sur un assistant pour les notes de frais (dans le concurrent maison de Concur de SAP). Une simple photo d'une facture permet à l'assistant de savoir de quelle dépense professionnelle il s'agit (restaurant, billet d'avion, taxi, etc.) puis de la traiter automatiquement en fonction des politiques de l'entreprise.
Côté HCM, dans la lignée d'un ServiceNow, Oracle a sorti un bot « agnostique » multiplateforme (Slack, applications mobiles, SMS, Alexa et Google Home) pour le self-service RH. Autrement dit, les employés peuvent questionner leurs départements RH (quand sera versé mon salaire ? Combien de vacances me reste-t-il ?) ou effectuer des actions en langage naturel (poser des jours de congés, etc.).
Dans le CRM, et tout comme Salesforce, Oracle propose aux commerciaux un Digital Sales Assistant et un Virtual Assistant pour interagir avec le CRM en langage naturel et mieux identifier les opportunités à fort potentiel.
« Désormais vous avez une conversation avec les systèmes », conclue le responsable SaaS d'Oracle en conférence de presse.
Larry Ellison entre « Star Wars » et « Seek & Destroy »
Devant une salle comble, le fondateur et CTO d'Oracle, Larry Ellison a pris le relais et vanté une nouvelle fois les bienfaits de sa base de données infusée à l'IA. Il parle même désormais de « Robots », plus exactement d'« Autonomous Robots ».
« Avec Autonomous Database (ADB), le bot (sic) tune, fait le backup, s'occupe de la reprise d'activité, et patche la base de données sans interruption d'activité », lance-t-il.
Elle fait même désormais un peu plus avec la « Génération 2 de l'Oracle Cloud » annoncée lors de cette présentation du CTO. Les « Autonomous Bots » dressent une « barrière infranchissable à la Star Wars ».
« Les Autonomous Robots trouvent les menaces, et les tuent. Ils les cherchent et les détruisent (search and destroy) », assène-t-il.
Cette nouvelle fonctionnalité de sécurité, à base de Machine Learning, scrute notamment les changements de configuration pour détecter des attaques et les contrer.
« Il fallait que ce soit des bots parce que les attaques viennent de bots. Si vous mettez une équipe humaine contre des robots, à votre avis, qui va gagner ? [...] Avec ADB ce sont nos bots contre leurs bots ».
Ces nouvelles fonctionnalités seront également incluses dans l'appliance Cloud@Customer 2019 (Generation 2) à l'été 2019. « Il suffira de presser un simple bouton pour faire l'upgrade ». Son nom deviendra au passage « Autonomous Cloud @ Customer ».
Comme à son habitude, Larry Ellison n'a pu s'empêcher de lancer des attaques appuyées sur son plus gros concurrent dans les bases de données hébergées (DBaaS) : AWS. Plus cher, moins performant, « AWS a une base semi-autonome... ce qui est un peu comme une voiture semi-autonome. Soit vous conduisez soit vous mourrez », tacle-t-il avec une pointe d'humour noir pour convaincre ses clients de mettre leurs bases cloud chez Oracle.
Rassurer les DBA
Bien conscient des questions posées aux DBA par cette arrivée de l'IA dans les bases de données, le CTO a également répondu discrètement à leurs inquiétudes concernant leur fonction.
Certes, plusieurs tests semblent montrer que « l'algorithme est plus efficace qu'une optimisation humaine [car] c'est une tâche très complexe que l'ordinateur sait mieux gérer [...] Même chez Netsuite (NDR : ERP Cloud qu'Oracle a racheté en 2016) qui possède une équipe de gens très intelligents, le tuning de la base a été plus efficace avec ADB ».
Mais pour Larry Ellison, cette évolution débarrasse les DBA des basses besognes et leur permet de se concentrer sur des actions à plus fortes valeurs ajoutées.
Pour lui, ADB permet « d'utiliser les talents pour implémenter plus de projets et tirer plus de valeur des données ». Bref, l'IA serait bien plus l'alliée des DBA à long terme que leur ennemie à court terme. Une chose est sûre, ce métier qualifié est amené à changer.
Un contexte atypique pour l'édition 2018 d'OpenWorld
L'OpenWorld 2018 s'ouvre dans un contexte étrange avec des manifestations devant plusieurs hôtels Marriott de la ville - où se tiennent habituellement certaines sessions de l'OpenWorld - d'employés précaires qui appellent les participants et Oracle à soutenir leur cause.
Le contexte est atypique également pour Oracle avec le départ de l'historique Thomas Kurian, le désormais ex-responsable du développement produit de l'éditeur, habitué à résumer les annonces d'Oracle. Délicate également, avec des accusations récentes qui affirment que les résultats d'Oracle dans le cloud auraient été plus ou moins volontairement surévalués. Délicate enfin, avec des DBA qui se demandent si la Autonomous Database va faire disparaitre leur travail comme l'a laissé entendre Larry Ellison, fondateur et CTO d'Oracle, l'année dernière.
Signe des temps ? Pour la première fois, le co-président d'Oracle - Mark Hurd - aura bien deux sessions sur la grand scène de l'OpenWorld mais ne répondra pas aux questions de la presse internationale.