Alibaba va produire ses propres puces AI et quantiques
Alibaba Cloud, qui est récemment devenu le n°3 mondial du cloud d'infrastructure (IaaS) devant Google, selon IDC, a profité de sa conférence cloud qui se tenait à HangZhou la semaine dernière pour annoncer la création de sa propre division semiconducteurs, qui travaillera au développement de puces d'accélération IA et de processeurs quantiques.
A l’occasion de sa Cloud Computing Conférence qui se tenait la semaine dernière à Hangzhou, une ville située à environ 2 heures de route au sud-ouest de Shanghai, Alibaba a officiellement annoncé son intention de développer ses propres processeurs afin d’accélérer les applications d’AI et de Machine Learning dans son cloud Alibaba Cloud. La firme a également fait le point sur ses efforts de développement d’une plate-forme complète d’informatique quantique (incluant la fabrication de processeurs, le développement d’un simulateur, d’un système d’exploitation et d’applications).
En pleine croissance, Alibaba Cloud est récemment devenu le troisième fournisseur de cloud IaaS mondial en termes de revenus, passant devant Google (selon IDC). Au cours de son dernier trimestre fiscal, clos le 30 juin, la division cloud d’Alibaba Group a vu ses revenus bondir de 93 % sur un an pour atteindre 710 M$.
Surfant sur la croissance chinoise, la firme a également entamé un processus ambitieux d’internationalisation avec la mise en production de zones de disponibilité aux États-Unis et en Europe (à Francfort). Cette internationalisation devrait encore se renforcer dans les prochains mois avec l’ouverture de datacenters en France et au Royaume-Uni. L’objectif affiché d’Alibaba Cloud est à terme de réaliser 50 % de son chiffre d’affaires à l’international.
Tirer les leçons des sanctions appliquées à ZTE
En concevant ses propres processeurs, Alibaba entend maintenir sa compétitivité par rapport à ses concurrents comme Google (qui développe ses propres puces pour l’accélération des applications d’apprentissage machine, les TPU). Le fournisseur chinois entend aussi se prémunir d’éventuelles restrictions ou sanctions américaines. Visiblement, Alibaba a tiré les leçons de l’accident industriel subi par ZTE, lorsque les États-Unis ont imposé de lourdes sanctions au numéro deux chinois des équipementiers télécoms en le privant de tout accès aux composants conçus aux États-Unis.
Les puces d’accélération ML et AI d’Alibaba devraient combiner les travaux sur l’AI et le Machine Learning menés au sein de la branche R&D du fournisseur — Damo University — avec ceux de Zhongtian Microsystems (aussi connu sous le nom C-SKY microsystems), un fabricant de processeurs acquis par Alibaba en avril. Elles seront fabriquées par la nouvelle division semiconducteurs du géant chinois, « Ping-Tou-Ge » Semiconductors.
Selon le CTO d’Alibaba Group, Jeff Zhang, la première puce Ali-NPU produite par PingTouGe devrait faire son apparition à la mi-2019. Elle devrait permettre d’accélérer les opérations de reconnaissance d’image par un facteur de 40x et embarquera aussi des fonctions d’accélération des applications à base de réseaux de neurones artificiels. Alibaba n’a pas fourni beaucoup de détails sur les capacités de ses futures puces, mais il est vraisemblable que ses « Ali-NPU » s’appuieront sur le savoir-faire de Zhongtian en matière de cœurs RISC-V et enrichiront leur jeu d’instruction avec des fonctions d’accélération spécifiques pour le ML et l’AI.
Après IBM, Google et Microsoft, Alibaba se lance dans l’informatique quantique
Pour l’informatique quantique, l’objectif d’Alibaba est de disposer de sa propre technologie. Depuis le mois de février 2018, Alibaba propose un service d’informatique quantique sur son cloud en collaboration avec l’académie chinoise des Sciences. Le service s’appuie pour l’instant sur une plate-forme expérimentale à 11 qubit.
Mais l’objectif à terme est de contrôler en propre l’ensemble de la chaîne technologique. Comme l’explique Jeff Zhang, « avant de produire une puce, il faut un simulateur. Nous avons bâti notre propre quantum lab et nous développons notre propre simulateur. On aura ensuite notre propre puce et les applications pour en tirer parti ».
L’objectif à terme est d’intégrer la plate-forme de quantum computing avec Alibaba cloud afin de la mettre à disposition des entreprises. Il est à noter que l’initiative a le soutien du gouvernement chinois qui prévoit d’investir 10 milliards de dollars dans son programme de recherche sur l’informatique quantique. À titre de comparaison, l’UE a annoncé un programme d’investissement sur dix ans baptisé Quantum FlagShip et doté… d’un milliard d’euros de financement.