Michel Paulin prend la direction générale d'OVH en remplacement d'Octave Klaba
Le fondateur d'OVH cède les rênes de la société qu'il a fondée à Michel Paulin l'ex-DG de LDCom/Neuf puis de SFR. Celui-ci aura la lourde charge de piloter la croissance du fournisseur français de solutions cloud face aux poids lourds américains et chinois du secteur.
Note : la fin de cet article a été modifiée le 28 août 2018 à 10h30 avec des informations à jour sur le départ de Laurent Allard d'OVH.
Octave Klaba a annoncé aujourd’hui la nomination de Michel Paulin au poste de Directeur Général d’OVH. Octave Klaba abandonne donc une seconde fois son poste de CEO pour se concentrer sur celui de Président du Conseil d’administration d’OVH.
Michel Paulin n’est pas un inconnu du secteur de l’IT. Diplômé de Polytechnique et de Télécom ParisTech, il a fait ses débuts chez France Télécom avant de passer par McKinsey, puis par Bull Evidian. Il s’est surtout fait remarquer chez LDCom.
En 2000, LDCom est un tout jeune acteur qui vient de se lancer dans la construction d’un réseau de fibre optique national avec pour ambition de servir de support aux multiples opérateurs nés avec la bulle Internet et la déréglementation des télécoms en France. Michel Paulin y a été embauché par Jacques Veyrat, le PDG de LDCom. En moins de sept ans, la firme va devenir le principal concurrent de France Télécom en acquérant progressivement tous ses clients et en finissant par reprendre Cegetel, la division téléphonie fixe de Vivendi.
Michel Paulin architecte de l'intégration de 9Telecom puis de Cegetel
Entre 2000 et 2002, Veyrat va ainsi présider à l’acquisition de Firstmark, Belgacom, 9Telecom, Kaptech et Fortel, puis de Ventelo (ex-GTS Omnicom) acquérant au passage les bases installées de ces opérateurs défaillants et engrangeant au passage de coquettes soultes de la part de leurs actionnaires bien contents de se débarrasser de leurs poids morts.
Suez paiera ainsi près de 200 M€ pour se débarrasser de FirstMark (contre 17% du capital de LDCom) et Belgacom près de 40 M$ pour se délester de sa filiale française. Marine Wendel lâchera 130 M€ pour se soulager de Fortel/Squadran (en échange de 9% du capital de LDcom) et Télécom Italia cédera 9 Télécom en abandonnant 172 M€ à LDCom (contre 7% du capital).
Nommé directeur général de LDCom en 2004, Michel Paulin chapeautera le lancement de Neuf qui deviendra la marque commerciale de LDCom en 2004, la société en profitant pour se lancer dans l’ADSL en parallèle de ses activités historiques à destination des opérateurs tiers et des entreprises.
LDcom finira également par mettre la main sur Cegetel. L’acquisition opérée en 2005 donnera naissance à Neuf Cegetel, le numéro deux français des télécoms derrière France Télécom. En 2007, Neuf Cegetel rachètera Club-Internet avant de se vendre à SFR, une opération dans laquelle Michel Paulin jouera un rôle essentiel, avant de quitter la firme en 2009 pour devenir directeur des opérations de Louis Dreyfus Commodities.
En 2013, Michel Paulin renoue avec les télécoms en prenant la tête de Méditel (aujourd’hui Orange Maroc), le deuxième opérateur marocain, filiale d’Orange avant de revenir chez SFR au poste de directeur général en janvier 2016. Il quittera son poste à la tête de SFR en septembre 2017 sans réelles explications (officiellement pour raisons personnelles).
« Michel PAULIN, avec son expérience et son leadership, va nous aider à accélérer la mise en œuvre de notre nouveau plan stratégique - lui à la Direction générale et moi dans mon rôle de Président du Conseil d’administration. J’ai toute confiance en ses qualités humaines pour développer la société en s’appuyant sur la forte culture d’entreprise de nos équipes », explique Octave Klaba dans un communiqué de presse.
Un vaste chantier de rationalisation à engager
Il aura notamment pour mission d’imposer OVH sur les métiers du cloud et sans doute aussi de rationaliser une organisation qui semble souffrir de problèmes de croissance.
La fin de l’année 2017 et le début 2018 ont ainsi vu OVH multiplier les ouvertures de datacenters sans toutefois que l’offre de l’opérateur cloud n’évolue de façon perceptible.
Ainsi l’offre de cloud privée dont OVH promettait qu’elle s’alignerait sur l’offre VMware Cloud Foundation n’a toujours pas intégré VSAN, l’offre de stockage de VMware. L’offre de cloud public reste quant à elle concentrée sur les briques d’infrastructure essentielles (compute, stockage) et sur quelques briques logicielles comme les services de base de données as a service.
En matière de conteneurs, OVH avait entamé une bêta d’un service de conteneurs orchestré par Marathon (l’orchestrateur de Mesosphere), mais ce service est en décalage avec le marché qui semble vouloir se standardiser sur l’orchestrateur Kubernetes.
Côté marketing, OVH a réaffirmé cet été son intention de rebrander ses offres sous le parapluie OVHCloud, mais le site OVH.com est toujours opérationnel sans pointer vers le nouveau site OVHcloud.com, qui semble plus à jour que le portail historique. Les marques OVHSpirit (offres à petits prix) et OVHMarket (offres télécoms et internet pour TPE et PME), présentées à l’automne 2017 lors de l’OVH Summit n’ont pas non plus été déployées de façon marquante.
De façon générale, OVH a pris du retard face à ses concurrents internationaux, alors que ces derniers multiplient les implantations en Europe et en France, son territoire d’origine. Il sera donc intéressant de voir ce que l’opérateur annoncera lors du prochain OVH Summit d’octobre et notamment le contenu de la stratégie « smart cloud » qu’OVH entend dévoiler à l’occasion.
Rappelons qu’OVH est engagé dans une stratégie d’expansion internationale qui prévoit quelque 1,5 Md€ d’investissements d’ici 2020 et l’embauche de 1 000 nouveaux salariés, une stratégie financée en partie grâce aux fonds levés auprès des fonds Kohlberg Kravis Roberts (KKR) et TowerBrook Capital Partners.
Terminons en signalant que le communiqué d’OVH ne fait aucune mention du devenir de Laurent Allard, l’ex-CEO d’OVH nommé vice-président du conseil d’administration en février 2017 lorsqu’Octave Klaba avait repris les rênes de sa société. Contacté à ce sujet par LeMagIT, OVH nous a indiqué qu'après « plus de 3 ans d’étroite collaboration avec Octave, Laurent a décidé de relever un nouveau défi externe et va donc quitter OVH dans les prochaines semaines ».