iPaas : Moskitos s’ouvre les portes de l’Asie… et du multi-cloud
Après avoir levé 2,5 millions d’euros, la société française met en musique ses ambitions internationales vers l’Asie et, nouveaux partenaires obligent, ré-architecture sa plateforme Crosscut pour proposer le multi-cloud.
Dans ce marché de l’iPaas en proie à une forme de concentration (MuleSoft parti chez Salesforce, Scribe Software chez Tibco), le Français Moskitos a décidé de miser sur l’Asie pour satisfaire ses ambitions internationales plutôt que sur les Etats-Unis, là où justement, les éditeurs ont déjà pris place sur ce segment. La société compte faire jouer son approche de pure-player 100% cloud de l’intégration inter-applicative.
Cette stratégie internationale déjà en préparation depuis plus d’un an peut aujourd’hui se concrétiser grâce à une levée de fonds de 2,5 millions d’euros réalisée en juin dernier auprès du fonds d’investissement français Caphorn Invest. Si Moskitos avait déjà peaufiné sa plateforme-phare CrossCut et habillé comme prévu sa technologie d’un moteur ETL avancé et de capacités de transfert massif de fichiers (MFT), l’internationalisation des activités de la société a eu pour effet une refonte du socle architectural de la plateforme. Avec un objectif clé : celui de pouvoir accueillir d’autres partenaires cloud. Historiquement bâtie sur Azure, Crosscut a bénéficié d’une refonte technologique centrée sur les micro-services et les containers (Docker et Kubernetes) et d’un basculement vers .Net Core, plus ouvert. Cette nouvelle architecture sera opérationnelle début 2019.
Avec cette démarche, Moskitos prépare donc CrossCut au multi-cloud, ce qui viendra finaliser la stratégie hybride souhaitée par la société. Du cloud privé au cloud public, puis hybride et désormais multi-cloud. « Nous avons une vision d’indépendance par rapport à l’offreur », souligne Bertrand Masson, co-fondateur et directeur de la stratégie de Moskitos, qui ajoute que l’approche mono-fournisseur est aujourd’hui un frein réel pour le marché. Avec ces capacités de déploiements pluriels, « nous souhaitons également garantir un niveau de performance à l’échelle mondiale », ajoute-t-il. « Cela ne suffit pas de mettre un EAI [Enterprise Application Integration] dans le cloud, il faut également pouvoir l’exécuter là où on se trouve, là où les entreprises en ont besoin. »
AWS et Alibaba Cloud comme nouveaux partenaires
D’Azure, Moskitos a ainsi noué – logiquement – un partenariat avec AWS. Cependant pour couvrir l’Asie, prochain eldorado de la société, l’éditeur s’est rapproché d’Alibaba Cloud, le fournisseur de cloud chinois qui maille fortement le continent asiatique, mais qui a également de fortes ambitions à l’international. Moskitos prévoit d’ailleurs d’ouvrir un bureau en Asie pour assurer une présence au niveau régional.
D’autres partenariats sont également en projet, souligne le responsable, qui confie être en pour-parler avec OVH. Cela pourrait assoir le positionnement de Moskitos en Europe, où la société est déjà bien implantée – en Allemagne et au Royaume-Uni notamment. Dans le cadre d’un plan stratégique courant jusqu’en 2020, la société a prévu de renforcer son modèle de vente sur le Vieux Continent en menant des recrutements ciblés. Bertrand Masson évoque le recrutement de responsables commerciaux dans les régions DACH, Suisse et Benelux, ainsi que d’un directeur commercial au niveau Europe.
Et les Etats-Unis ? Pour Moskitos, cela reste « tactique », mais la présence de la société sur le sol nord-américain s’effectuera par le biais de partenariats.
« Une fusée Low Code » pour la fin de l’année
Outre cette dimension d’expansion géographique, Moskitos, a également ajusté la feuille de route de Crosscut et son approche produit. A la fin 2018, l’éditeur prévoit à ce titre « une grosse fusée low-code », dont l’ambition est de doter la plateforme Crosscut de composants pouvant être facilement réutilisés par les développeurs et les utilisateurs métier, souligne encore Bertrand Masson.
Le concept du Low code n’est finalement pas nouveau dans son approche. Il rappelle celui du RAD (Rapid Application Development). Son principe : développer des applications métier rapidement sans avoir recours à un développeur, sans avoir besoin d’écrire de complexes lignes de code. On manipule pour l’essentiel des composants graphiques. Si le Low code implique toutefois d’écrire du code simple – à l’inverse du no code -, son approche peut le destiner à des utilisateurs davantage issus des départements métiers.
Pour Moskitos, cela s’inscrit dans un vision globale, et se traduit déjà par un outil de mapping graphique dont la vocation est de permettre de manipuler graphiquement des méthodes de transformation (propre au processus d’intégration donc) par un simple glisser-déposer. Moskitos propose encore des bibliothèques de pipelines d’intégration et des connecteurs préconfigurés. Bref, « Une forme de templetisation de l’intégration pour guider le développeur graphiquement », résume Bertrand Masson.
En mai dernier, Moskitos avait également proposé une nouvelle version de son portail (Corporate Portal) dont la vocation était de centraliser et d’exposer données, API et services propres à l’entreprise. Désormais associé à un Community Portal, ce nouveau portail cible davantage les métiers, avec une interface remaniée.
Avec cette stratégie, la société s’est fixée pour objectif d’atteindre les 5 millions d’euros de revenus récurrents à la fin 2020, précise encore le responsable. Si Moskitos s’appuie toujours sur ses partenaires (comme Axway, CA, ou encore Opendatasoft, ou encore viseo, Accenture DXC et Talan – pour n’en citer que certains) pour cibler les DSI, la société espère aussi, à horizon 3 ans, « aller chercher d’autres canaux de ventes ».