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ERP : les pressions internes poussent les PME vers le cloud
Pour mettre à niveau ou remplacer leurs anciens systèmes ERP considérés comme vétustes et obsolètes par leurs utilisateurs, les PME envisagent plusieurs options. Parmi elles, le SaaS semble de plus en plus plébiscité. Mais la décision finale s'éloigne aussi de plus en plus de l'IT.
L'obsolescence est une source d'angoisse pour les dirigeants IT, et une opportunité commerciale pour les fournisseurs.
Un récent rapport du groupe Aberdeen souligne ce point. Assez naturellement, les fournisseurs de systèmes ERP peuvent cesser de prendre en charge leurs anciennes plates-formes soit en raison de coûts prohibitifs rapportés au nombre de clients, soit à mesure qu'ils ont besoin d'allouer leurs ressources internes à l'amélioration et au développement d'offres de « nouvelle génération (cf. SAP avec la brique RH de son ERP). Face à cette réalité, les responsables informatiques font face à des pressions internes croissantes. On leur demande de mettre à niveau - voire d'abandonner - leurs ERPs existants en raison de la demande des consommateurs, des auditeurs d'entreprise, des nouveaux entrants et des nouveaux business model, de l'attrait du cloud ou, plus prosaïquement, parce l'obsolescence est inévitable et que les choses fonctionnent moins bien.
C'est un refrain familier dans pratiquement toutes les industries sectorielles : les stratégies commerciales évoluent en fonction d'un paysage changeant influencé par les dernières technologies. Lorsqu'on leur a demandé de classer les pressions à l'origine de leurs décisions technologiques, les chefs d'entreprise qui ont répondu à l'enquête d'Aberdeen ont indiqué en premier la volonté d'aider à rester compétitif face à une concurrence accrue, suivie de près par la gestion des attentes de croissance, la réduction des coûts et la satisfaction des demandes changeantes des clients.
L'appel du Cloud
Dans l'étude annuelle américaine de TechTarget (propriétaire du MagIT) sur les priorités 2018 des décideurs IT, les applications cloud, dont les ERP, sont tout en haut de la liste des initiatives de déploiement - devant le Big Data, l'IA et l'intégration de données. Et dans cette catégorie du cloud, l'ERP se classe au deuxième rang parmi les 14 catégories d'applications (derrière le CRM mais devant le HCM).
Forrester confirme cette tendance. Pour le cabinet de recherches et d'analyses, l'ERP en mode SaaS est même devenu « le modèle de déploiement par défaut » pour les PME (au sens américain, soit les entreprises jusqu'à 500 millions $ de CA). Et il serait en passe de devenir « l'option de déploiement préférée ».
Parmi les moteurs de cette dynamique, Forrester cite une plus grande flexibilité, un déploiement plus rapide, une intégration plus facile des nouvelles fonctionnalités et des améliorations technologiques.
« La migration vers le cloud s'est rapidement accélérée », constate Jay McBain, analyste de Forrester. « Cela a entraîné une augmentation des opportunités vers un segment de marché nouveau pour les fournisseurs, car de nombreuses petites PME peuvent désormais s'offrir des plates-formes ERP robustes plutôt que des solutions basées sur des outils installés sur site. Les PME exigent aujourd'hui des plates-formes professionnelles et cherchent à faire une transformation numérique [comme les grands groupes] en intégrant l'ERP avec des outils tels que le CRM, l'automatisation du marketing et le service à la clientèle ».
Pour les PME, les raisons de faire évoluer ou de remplacer leurs ERP existants ne manquent pas. Les coûts de maintenance et d'assistance, le manque de fonctionnalités, le manque de ressources informatiques internes qualifiées, l'obsolescence du socle technologique ou l'infrastructure, le manque de personnalisation possible sont pointés par l'enquête d'Aberdeen.
Ce « momentum » expliquerait les résultats de l'enquête d'intention de TechTarget. L'heure serait venue pour les PME de donner des ailes à leurs « dinosaures » sur site pour les envoyer dans le « nuage ».
Qui prend la décision finale ?
Jay McBain note également un changement majeur dans le processus interne de sélection de l'ERP SaaS : « Les dirigeants métiers et opérationnels prennent maintenant 65 % de ces décisions et mettent sur pied les équipes internes/externes pour réussir un projet ERP ».
« Dans 29 % des cas, ils n'impliquent même pas leurs propres services informatiques, qu'ils considèrent comme étant uniquement en charge de l'existant. Avec ce changement de comportement d'achat, la majorité des PME (58 %) comptent sur des intégrateurs, des partenaires de l'écosystème SaaS, des entreprises nées dans le cloud, des éditeurs indépendants et même des acteurs non technologiques comme les comptables ».
Le mouvement n'en est à qu'en son début. « Moins de 10 % des entreprises [interrogées] ont amélioré leurs ERPs au cours des deux dernières années, ce qui signifie que 90 % de ces systèmes ont toujours plus de deux ans », écrit l'auteur du rapport Aberdeen, Bryan Ball. Pour lui, 55 % des ERP de ces entreprises auraient même plus de cinq ans.
Et même si plusieurs PME considèrent qu'elles font du cloud parce que « leurs solutions ERP sont hébergées, ces applications restent des solutions traditionnelles sur site [managées] plutôt que de vraies solutions de type SaaS ».
Le processus de prise de décision est encore plus compliqué par la quantité de systèmes ERP existant au sein d'une même entreprise.
La plupart des répondants (74 %) à l'enquête d'Aberdeen ont reconnu avoir à gérer plus d'un ERP. A peine un quart ont déclaré avoir un seul système intégré d'outils de gestion. 39 % ont déclaré avoir huit systèmes ou plus, et 2 % ont admis en avoir 50 ou plus.
« Quelques-unes des conclusions sont surprenantes », écrit Bryan Ball. « On ne s'attend pas à ce qu'avoir plus de 10 ERP, et a fortiori plus de 50 ERP, soit aussi commun. Heureusement, ce sont les résultats d'acquisitions et non de stratégies. ».