ERP : Workday rachète Stories.bi et fait un pas de plus dans l'analytique en self-service

L’éditeur de SIRH et de solution de gestion financière 100% SaaS va boucler un nouveau rachat pour construire son offre analytique intégrée. Sa nouvelle stratégie d'acquisitions traduit la dimension stratégique de cette brique dans un contexte multi-cloud et hybride.

Workday continue à construire, petit à petit, son offre analytique (baptisée Prism) intégrée à son HCM (Human Capital Management) et à son outil de gestion comptable et financière. Le « Salesforce du SIRH » vient d’acheter une nouvelle start-up : Stories.bi.

L’analytique « pour les nuls »

Stories.bi s’est spécialisée dans l’automatisation de l’analytique, en explorant les terres de l’intelligence artificielle, du Machine Learning, de la reconnaissance sémantique et de la DataViz.

« Stories.bi va plus loin en identifiant les tendances, les problèmes ou les opportunités au sein de l'organisation, puis il fournit des informations personnalisées à un utilisateur sous la forme d'une conversation telle que "Les expéditions réelles étaient de 283 000 $ en retard sur le plan du dernier trimestre, dont 62% proviennent de Singapour" », explique Workday.

C’est d'ailleurs certainement cette partie conversationnelle qui a le plus attiré l’attention de l’éditeur SaaS qui s’adresse à des utilisateurs métiers et pas à des Data Scientists. « Avec l'ajout de cette équipe et de cette technologie incroyable, nous allons pouvoir rendre nos produits analytiques plus intelligents et nos UX (NDR : expériences utilisateurs) plus conversationnelles », confirme Pete Schlampp, Vice President, Workday Analytics. « Ce qui signifie que nos clients peuvent identifier encore plus d'opportunités [...] sans avoir à fouiller dans les données ou à attendre des rapports détaillés ».

Fièvre acheteuse

Avec Stories.bi, Workday réalise sa douzième acquisition depuis sa création par le fondateur de PeopleSoft, parti de chez Oracle dès la vente de sa société en 2005. Depuis cette date, Workday a alterné quelques rachats et beaucoup de développement interne.

Entre 2008 et 2014, l’éditeur a même entièrement dédié ses ressources à sa R&D. Les trois années suivantes, Workday a mis la main sur deux à trois startups par an. Mais avec la nécessité de proposer rapidement des tableaux de bord plus évolués et des représentations plus poussées de l’activité des entreprises clientes pour ne pas se faire couper l’herbe sous le pied par des pure players (Tableau, PowerBI ou Qlik) et ne pas se faire doubler par des concurrents (comme NetSuite qui bénéficie à présent de l’analytique d’Oracle), l’éditeur a dû passer à la vitesse supérieure et ouvrir plus largement son portefeuille afin de renforcer son offre.

En 2018, Stories.bi est déjà la quatrième acquisition après SkipFlag en janvier (dans le Machine Learning), RallyTeam (Machine Learning) et Adaptive Insight (modélisation financière et gestion de la performance) en juin.

Dans le pur analytique, Workday avait mis la main sur un acteur prometteur de l’analytique Big Data (Hadoop, Spark) en la personne de Platfora.

Analytique, une couche stratégique à long terme

L’analytique est une brique de plus en plus stratégique des offres d’informatique de gestion. Dans un contexte de plus en plus hybride et multi-cloud (un CRM d’un éditeur, un HCM d’un autre, un SCM d’un troisième, etc.), le vendeur qui arrive à s’imposer comme le cockpit de l’entreprise - en s'ouvrant aux données de ses co-opétiteurs - est en position de force sur le long terme.

Tout comme Workday qui a récemment sorti un PaaS pour optimiser ses capacités d’intégration, Salesforce ne s’y est pas trompé en investissant une fortune pour MuleSoft (60 Milliards $) et en poussant son offre Einstein Analytics. De quoi essayer, pour Workday comme pour Salesforce, de contrer les historiques comme SAP et son Digital Boardroom.

 

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