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SIRH : Ultimate Software va racheter PeopleDoc pour 300 millions de dollars
Sauf coup de théâtre, le géant américain du HCM va acquérir le spécialiste français des services RH pour compléter son offre avec la brique qui lui manquait. Le prix payé est l'un des plus importants pour un acteur IT français.
PeopleDoc est une des plus grosses pépites françaises de la nouvelle vague du HCM/SIRH. Fondée en 2007, la startup (mais en est-ce encore une ?) a levé plus de 50 millions de dollars. A titre de comparaison, TalentSoft n'a récolté que 44 millions. C'est donc un coup de tonnerre qui vient d'éclater avec l'annonce du géant du HCM, Ultimate Software, qui révèle qu'il est en discussion exclusive pour la racheter.
PeopleDoc conserve une indépendance
« En rachetant la plateforme du pionnier sur le marché de la digitalisation des services RH (HR Service Delivery), Ultimate souhaite étendre son offre vers la gestion de la relation RH-employés et la gestion des dossiers salariés », fait savoir l'acheteur.
Suite à cette acquisition - quasiment considérée comme faite par les deux acteurs - PeopleDoc deviendra une filiale du groupe Ultimate Software. Mais, promet l'américain, PeopleDoc gardera sa propre roadmap produit et conservera sa stratégie de partenariats avec les principaux acteurs RH du marché. Pas dit qu'en retour les acteurs du logiciel - dont en France Cegid qui travaille sur un Core RH, TalentSoft, Meta4 ou SopraHR - voient d'un bon oeil ce changement de pavillon.
Pour PeopleDoc ce rachat signifie plus de moyens financiers et commerciaux pour se développer à l'international où il est aujourd'hui présent en Allemagne, aux Pays-Bas, en Angleterre et (un peu) en Amérique du Nord - premier marché de Ultimate.
Dès l'année prochaine, Ultimate proposera sa nouvelle brique « serviced RH » aux clients de sa suite HCM « UltiPro ».
Une synergie et des offres complémentaires
« Ces clients UltiPro bénéficient déjà de modules de Core HR, de gestion de la paie (payroll), de gestion des talents (Talent Management) et de gestion des temps. Ils pourront désormais répondre aux demandes de leurs collaborateurs de façon plus réactive et personnalisée », se félicite déjà Ultimate Software. « Par exemple, une demande d'information d'un collaborateur sera réalisée via un formulaire demandant tous les éléments nécessaires au traitement de la requête. La demande sera ensuite envoyée en temps réel et de façon automatique au bon interlocuteur RH. Le statut de la requête sera tracé en temps réel et consultable par l'employé. Tout ceci de façon à assurer une réponse personnalisée et rapide, sans demander aux salariés de connaître les dessous de l'organisation RH ».
PeopleDoc se décrit en effet comme une plateforme SaaS pour simplifier et fluidifier les processus administratifs entre RH et salariés. Un domaine où commence à se positionner un autre géant, mais venu de l'ITSM, ServiceNow.
Concrètement, l'outil permet de répondre « plus vite et plus efficacement » aux demandes des collaborateurs. Il vise également à automatiser les processus RH de l'onboarding à l'off-boarding, tout en garantissant la conformité réglementaire.
L'entreprise est une réelle « success story » française puisqu'elle a conquis plus de 1.000 entreprises clients et qu'elle emploie plus de 250 salariés. Parmi ses partenaires elle compte aussi bien Atos, que ADP, SAP (SuccessFactors) ou Oracle. Passer chez Ultimate lui ouvre aujourd'hui un marché de 4.000 sociétés.
« Il est rare de rencontrer une autre entreprise qui ait une telle complémentarité, que ce soit en termes de philosophie, de culture ou de technologie », commente pour l'occasion Adam Rogers, CTO d'Ultimate. « Lorsque que nous avons rencontré Jonathan (Benhamou), Clément (Buyse, NDR : les deux fondateurs) et l'équipe incroyable qu'ils ont construite, nous avons été impressionnés par l'alignement entre nos deux marques et nos offres ».
300 millions
Mais cet « alignement » a un prix. Pour racheter PeopleDoc, Ultimate Software va débourser 300 M$, une des plus grosses sommes de l'histoire pour un acteur français de l'IT. La précédente opération locale qui atteignait ces montants concernait le rachat de ILOG par IBM en 2009 (340 millions de dollars). Même si l'on reste loin des 4,7 milliards de dollars de SAP pour Business Object en 2017, le montant reste donc hors norme pour le marché français.
La finalisation de l'accord devrait intervenir au troisième trimestre.