Intelligence Artificielle : Box joue la carte « agnostique »

En s'ouvrant aux services d'IA de Google, d'IBM et de Microsoft, Box apporte des capacités cognitives à son offre de stockage de documents, mais il pourrait aussi se priver d'un argument pour chiper des clients à Google Drive ou à OneDrive. A moins qu'au contraire, mélanger des IA ne les séduise.

La stratégie de Box dans l'IA se précise. Dans le cadre du passage à la béta privé de Box Skills, l'éditeur a officialisé des partenariats avec Google, IBM et Microsoft dans l'Intelligence Artificielle (bien que certains détails de ces accords ne soient pas encore tout à fait clairs).

Box Skills avait été introduit pour la première fois lors de la conférence annuelle de Box, l'année dernière. Le projet ouvrait la porte à des intégrations avec des services tiers. Il traduisait surtout la volonté - et la nécessité - d'ajouter à Box des fonctionnalités venues de l'extérieur, particulièrement celles issues des avancées de l'IA.

« C'est une étape de plus vers ce que Box a prévu », confirme Alan Lepofsky, analyste chez Constellation Research. « C'est séduisant. Mais cela ne va pas sans contrepartie non plus ».

Questions sur les licences et sur la confidentialité

La première concerne la tarification. Par exemple, il n'a pas encore été dit si les utilisateurs devront s'acquitter d'une licence pour ces services directement chez les éditeurs tiers, ou si ces services seront couverts dans un abonnement vendu par Box.

Un autre problème touche la confidentialité.

« Si Box est un fournisseur approuvé par votre entreprise, vous allez également devoir vérifier si vous pouvez transmettre vos images à l'API de Google », illustre Alan Lepofsky. « Box doit être très clair et transparent sur ces sujets de licences et de sécurité ».

Vers des prix « à la carte »

Le chef de produit, Jeetu Patel, a promis que Box annoncerait les prix de Box Skills à l'automne, et une disponibilité générale du programme de bêta privée au cours du second semestre de 2018. Parmi les utilisateurs-bêtas actuels se trouvent Virgin Trains, Ancestry.com, l'Université de Chicago et la ville de San Jose.

Pour la tarification, Box serait en train de pencher vers la gratuité pour certaines fonctions basiques de Box Skills et pour une facturation dans d'autres usages, comme les grands projets personnalisés, a laissé entendre Jeetu Patel.

A plus long terme, le responsable produit espère qu'une place de marché d'intégration verra le jour autour de Box Skills.

Box Skills et AI
Suite à son annonce à BoxWorks l'an dernier, Box Skills s'intègre maintenant avec Google, IBM et Microsoft pour fournir des capacités d'IA à ses utilisateurs.

Un ajout important

Les cas d'utilisation de Box Skills sont nombreux. Ils vont de la simple automatisation à la navigation dans d'importantes quantités de documents pour faire de l'analyse des sentiments ou de la reconnaissance d'images à grande échelle.

Les intégrations de Box Skills peuvent créer beaucoup de valeur grâce à l'IA, prédit l'analyste de Constellation Research, du simple fait que ces services permettent d'augmenter l'efficacité opérationnelle et de réduire les erreurs humaines.

« Rien que la reconnaissance d'images appliquée au tagging des métadonnées - rien que cela - permet d'économiser énormément de temps et de ressources », constate Alan Lepofsky. « Box Skills fournit une quantité incroyable de fonctionnalités supplémentaires pour les clients Box ».

Un différenciateur face à Dropbox

Laisser la possibilité d'utiliser les outils d'AI de différents leaders du marché donne aussi aux clients de Box la flexibilité nécessaire pour choisir l'API du fournisseur qui leur convient le mieux.

Mais si cette philosophie « agnostique » semble tout bénéfice pour eux, il est peu probable qu'elle incite ceux de ces co-opétiteurs - de Google Drive ou de OneDrive - à migrer vers Box.

« Si vous utilisez les plates-formes d'IA de Google, de Microsoft ou d'IBM, pourquoi n'utiliseriez-vous pas leurs outils de gestion de contenu ? », questionne Alan Lepofsky. « Box ne va pas intéresser un client de Google Drive parce que Box peut maintenant utiliser les API de Google ».

En revanche, pour lui, Box Skills apportera une réelle différenciation par rapport à son concurrent direct - et très similaire en terme de fonctionnalités - Dropbox.

« Sur le papier, il n'y a rien chez Dropbox qui empêche de se connecter aux mêmes plates-formes, mais Dropbox n'a pas rendu l'intégration aussi ergonomique et simple », », constate Alan Lepofsky.

Mixer les IA

Chez Box, l'ambition semble néanmoins plus grande. Il n'est en effet pas dit que sa philosophie agnostique ne séduise pas des clients de Microsoft et de Google.

Chaque fournisseur d'IA a en effet ses points forts et ses points faibles. Pouvoir appeler un service d'un éditeur pour un usage (Speech-to-Text/Transcription sur de l'audio par exemple) et un autre service d'un deuxième éditeur pour un autre usage (reconnaissance d'objets dans des photos par exemple) pourrait convaincre certains de migrer d'un espace de stockage qui est pieds et poings liés avec la totalité des outils cognitifs d'un seul acteur.

« Toutes les personnes à qui j'ai parlé m'ont dit que Google était en avance dans la reconnaissance d'image », reconnait d'ailleurs Alan Lepofsky. Or il n'est a priori pas possible d'utiliser cette API dans Office 365. Certains clients de Microsoft pourraient donc être séduits par cette possibilité de mélanger les services IA et migrer vers Box.

« C'est un secteur qui n'en est qu'à ses débuts, [l'IA] commence juste à se développer. Nos clients sont assurés que lorsque leurs données sont dans Box, ils peuvent tirer parti de n'importe laquelle des compétences et de n'importe quel modèle de Machine Learning », souligne d'ailleurs à l'envie Jeetu Patel.

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