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HANA : Teradata attaque SAP en justice pour vol de propriété intellectuelle
Le fournisseur d'entrepôt de données poursuit SAP pour vol de secrets commerciaux et violation de droits d'auteur autour des bases in-memory, dix ans après une joint-venture que Teradata qualifie aujourd'hui de Cheval de Troie.
Teradata a intenté une action en justice en Californie contre SAP, alléguant que le fournisseur de logiciels d'entreprise allemand avait volé sa propriété intellectuelle à la fin des années 2000 pour créer la base de données HANA.
HANA est la plate-forme de base de données in-memory et en colonnes sur laquelle SAP a, depuis 2010, construit son avenir. HANA est au cœur de la prochaine offre de gestion de la relation client (CRM), C/4HANA. Et depuis février 2013, elle est au cœur du nouveau fer de lance de SAP dans l'ERP, S/4HANA.
Au fil des années, Teradata avait montré son mécontentement envers HANA. Mais le spécialiste des entrepôts de données n'était jamais allé jusqu'à trainer SAP devant les tribunaux. C'est désormais chose faite. Teradata a en effet déposé une plainte auprès de la United States District Court for the Northern District of California contre SAP, en invoquant un détournement de secrets commerciaux, une violation du droit d'auteur et des violations des lois antitrust.
Le communiqué de Teradata accuse SAP de s'être « engagé dans une campagne de comportements anticoncurrentiels qui dure depuis dix ans, au détriment de Teradata et des clients des deux parties. SAP a attiré Teradata dans une prétendue coentreprise afin d'avoir accès à la propriété intellectuelle de Teradata ».
« L'objectif de SAP dans cette coentreprise était de voler les secrets de Teradata - issus de quatre décennies de travail - et de les utiliser pour développer et pour lancer rapidement un produit concurrent, bien qu'inférieur, baptisé SAP HANA. Dès la sortie de HANA, SAP a rapidement mis fin à la joint-venture. Et SAP tente aujourd'hui de contraindre ses clients à n'utiliser que HANA et d'exclure Teradata ».
La plainte soutient que SAP a utilisé sa « place centrale dans les applications ERP pour pénétrer le marché de l'analytique et du Datawarehouse, marché sur lequel il n'était pratiquement pas présent auparavant ».
En 2013, Martin Wilcox, directeur de Teradata, déclarait néanmoins à nos collègues de ComputerWeekly que SAP faisait fausse route avec HANA. « Il y a deux points de vue dans l'industrie : celui de SAP, qui estime que toutes les données seront conservées en mémoire, et celui qui dit que les coûts unitaires de la mémoire ne diminueront pas aussi vite que les volumes de données augmenteront, de sorte qu'il n'est pas rentable de stocker toutes les données in-memory » expliquait-il. « Ce deuxième point de vue signifie que vous devrez combiner différents mécanismes de stockage dans une hiérarchie classique ».
Son CTO, Stephen Brobst, ajoutait à l'époque que « pour les grands systèmes d'entreprise, nous ne voyons jamais HANA. Ils ne sont pas dans le jeu. HANA déploie des data stores opérationnels (ODS). Ce n'est pas économiquement rationnel pour une grande entreprise de mettre toutes ses données en mémoire. La mémoire est de moins en moins chère, mais les données croissent toujours plus vite. »
Il taclait ensuite SAP. « Ceci dit, je comprends pourquoi SAP a adopté cette approche. C'est parce que si vous mettez toutes les données en mémoire vive, vous pouvez utiliser un logiciel de force brute. Ce qu'est HANA. HANA est au final relativement simple ».
Plus largement, Teradata semble être une victime collatérale du combat entre SAP et Oracle. « Du point de vue stratégique, SAP doit sortir Oracle de son pré carré. La plupart des implémentations SAP s'exécutent sur du Oracle. Ils dorment dans le même lit que leur ennemi », expliquait le CTO.
La plainte est disponible dans son intégralité sur le site de Teradata. Elle évoque le projet commun de 2008, appelé « Bridge Project », dans lequel, « Teradata et SAP ont conclu un partenariat pour développer une solution qui relierait l'ERP leader de SAP à la solution analytique d'entrepôt de données (EDAW) leader de Teradata, via l'interface de SAP BW ».
Le communiqué ne précise en revanche pas pourquoi Teradata a attendu 10 ans pour agir en justice. Echec récent dans les échanges pour trouver un accord à l'amiable avec SAP ?