Revenus Cloud 2018 d'Oracle : quand c'est flou, il y a un loup
Les résultats 2017 d'Oracle montrent un CA en hausse de 6%. Mais les informations sur le cloud mélangées à celles des revenus sur site - supposément à cause du « Bring Your Own Licence » - créent le doute sur la volonté de l'éditeur de cacher une faiblesse de ses revenus cloud.
Côté pile, Oracle a annoncé un chiffre d'affaires annuel de 39,8 milliards de dollars pour 2017-18, en hausse de 6 % par rapport à l'année précédente. Et un chiffre d'affaires de 11,3 milliards de dollars au quatrième trimestre, en hausse de 3 % par rapport à l'année précédente.
Côté face, rompant avec ses habitudes, l'éditeur a déclaré ensemble ses revenus cloud et sur site, ainsi que le cumul de ses revenus de services cloud et de services sur site - alors qu'il précisait auparavant chaque ligne d'activité.
Dans une conférence téléphonique avec les analystes financiers, la co-PDG Safra Catz a consenti à préciser que le chiffre d'affaires cloud du quatrième trimestre - SaaS, PaaS et IaaS cumulés - s'élevait à 1,7 milliard de dollars. Soit 15% du CA total de la période. En comparaison, les résultats d'Oracle pour le troisième trimestre montraient une part de 18 % pour le cloud.
Et les recettes cloud pour l'exercice précédent (2016-2017) s'élevaient à 4,6 milliards de dollars (+60% de plus que l'année précédente). Soit 12% du total.
En réponse à une question d'un analyste au sujet de la volonté de cacher une éventuelle « faiblesse dans le cloud » avec la présentation conjointe des revenus des licences cloud et sur site, Safra Catz a rétorqué qu'« il n'y [avait] rien de camouflé.... nous sommes exactement là où nous avions dit que nous serions. Il n'y a pas de surprises. L'augmentation successive des marges montre que nos affaires vont bien. La facturation issue du cloud est bonne. Bonne et robuste. Je vous le dis ».
Elle justifie ce nouveau mélange des licences par le « Bring Your Own Licence » BYOL). Pour mémoire, Oracle a mis en place l'année dernière cette option « BYOL » qui permet aux clients de migrer leurs licences existantes sur site vers le cloud d'Oracle - tant qu'ils continuent à payer le support de ces licences.
« Nos revenus licences sont maintenant une combinaison de nouvelles licences cloud et de nouvelles licences sur site », se défend Safra Catz. « Et nos revenus de support sont maintenant une combinaison de revenus de support de licence cloud et de revenus de support de licence sur site ».
Dans le même, Oracle a déclaré, dans son communiqué sur les résultats du quatrième trimestre, que le chiffre d'affaires des licences cloud et sur site était en baisse de 5% à 2,5 milliards de dollars, tandis que le chiffre d'affaires des services et du support dans les deux catégories était en hausse de 6,3% à 6,3 milliards de dollars.
Pour le deuxième co-PDG d'Oracle, le quatrième trimestre a néanmoins été « excellent » dans sa globalité avec un CA qui a dépassé de plus de 200 millions de dollars les objectifs fixés.
« Le chiffre d'affaires de Fusion ERP et de notre suite d'applications HCM SaaS a augmenté de plus de 50 % au quatrième trimestre, et nous prévoyons une forte croissance de nos suites Fusion SaaS tout au long de l'exercice 19 », se réjouit-il.
De son côté, le fondateur et directeur technique d'Oracle, Larry Ellison, a également voulu se montrer rassurant. « Certains de nos plus gros clients ont commencé à migrer leurs bases de données Oracle vers notre cloud. Par exemple, AT&T déplace des milliers de bases de données et des dizaines de milliers de téraoctets de données vers Oracle Cloud. Nous pensons que ces migrations à grande échelle vont dynamiser nos activités PaaS et IaaS tout au long de l'année fiscale 19 », a-t-il argumenté.
Mais en l'absence de chiffres clairs, nets et précis, le doute est instillé.
Article écrit avec le verbatim de la conférence téléphonique pour les analystes financiers retranscrite par Seeking Alpha