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Aruba mise sur le logiciel pour rester N° 2 des réseaux
En attendant que les clients de Cisco se décident à remplacer leurs réseaux, la filiale de HPE leur propose déjà des services plus orientés utilisateur pour imposer sa marque.
Battre Cisco et les autres en noyautant leurs matériels réseau avec des logiciels dernier cri conçus pour les cas d’usage. L’équipementier Aruba Networks, filiale de HPE depuis 2015, n’est plus seulement ce vendeur de points d’accès Wifi dont on ne perd jamais la connexion. Il se transforme petit à petit en fournisseur de services « d’abord pour les utilisateurs » (« Mobile First » dans le jargon international de la marque), utilisables en cloud et payables par souscription.
« Les entreprises sont en pleine transformation parce que leurs salariés travaillent désormais en situation de mobilité et parce qu’elles ont maintenant sur leur réseau plus d’objets connectés que d’utilisateurs », déclare ainsi au MagIT, Alain Carpentier, le N° 2 d’Aruba, lors de la convention annuelle Aruba Atmosphere qui a réuni début juin 1500 partenaires et grands clients de la marque en Croatie.
« Dans ce contexte, avant même d’attendre l’échéance du remplacement de leurs équipements réseaux (tous les 4-5 ans, N.D.R.), elles souhaitent rationaliser l’expérience utilisateur et la sécurité, dès l’enrôlement des nouveaux appareils. C’est ce que nous proposons : des logiciels qui font tout cela, qui sont les seuls à être basés sur des cas d’usage concrets et non sur la technique de l’infrastructure et qui sont compatibles avec n’importe quelle marque d’équipements déjà en place », ajoute-t-il, comme une pique envers le concurrent Arista qui entend au même moment conquérir les campus avec la technicité qu’il a acquise dans les datacenters.
Du monitoring, de la sécurité et de l’expérience utilisateur dans le réseau des autres
Les logiciels d’Aruba adressent quatre catégories de fonctions. Pour les administrateurs, Airwave monitore et pilote les switchs comme les bornes Wifi de n’importe quelle marque en créant un réseau virtuel qui outrepasse les couches que Cisco et consort auront fournies. Selon un intégrateur interrogé par Le MagIT, Airwave aurait l’avantage d’être plus intuitif.
Pour la sécurité, ClearPass - dont la majorité des ventes se ferait d’ailleurs chez des clients de Cisco, y compris parmi les banques - distribue tout seul les autorisations d’accès aux utilisateurs et à leurs appareils. Il s’accompagne depuis six mois de la fonction IntroSpect UEBA (User and Entity Behavior Analytics, issu du rachat de Niara l’année dernière) qui passe quinze jours à apprendre les usages normaux des salariés et détecte ensuite le moindre risque de cyberattaque d’après tout ce qui sortira de l’ordinaire.
Pour la qualité de l’expérience, NetInsight sert à déplacer toutes les bonnes bandes passantes pile au bon moment, par exemple à la cafétéria quand tout un building descend déjeuner. Tandis que le logiciel de Cape Networks, tout juste racheté, simulera dès la rentrée prochaine des charges d’activité pour repérer et éliminer les goulets d’étranglement applicatifs, avant que les utilisateurs ne soient impactés par des ralentissements dans Office 365 et autres Salesforce.
Enfin, pour mieux organiser les équipes, des modules applicatifs se greffent sur les bornes Bluetooth Beacons du fabricant afin de géo-localiser les utilisateurs et les orienter vers leurs collaborateurs dans des bureaux où plus personne n’a de poste fixe. « Nous travaillons d’ailleurs beaucoup avec la startup Robin sur ce thème.
Celle-ci a développé une app qui fonctionne comme celle d’Uber, mais pour réserver une salle de réunion à proximité. Grâce à elle, les entreprises optimisent la surface de leurs bureaux et font des économies », avance Alain Carpentier. Encore une fois, le tour de force de l’app Robin est de fonctionner avec les Beacons, même lorsque tout le reste de l’infrastructure filaire ou sans fil n’a pas été fourni par Aruba.
IntroSpect, Cape, et NetInsight fonctionnent aussi bien sur site qu’en cloud, via une souscription. Pour les intégrateurs que le MagIT a pu interroger lors de l’événement Aruba Atmosphere, l’enjeu est désormais de proposer leurs propres portails SaaS vers ces fonctions. Aruba a pour l’occasion établi un nouveau programme de partenariat commercial appelé ArubaEdge.
Cibler les cas d’usage, avec HPE PointNext et les intégrateurs
Avec ces cas d’usage clés en main, Aruba assure mieux servir que quiconque les besoins particuliers et les marchés verticaux. « En France, nous sommes très implantés dans les universités où les défis sont autant de connecter des étudiants qui utilisent jusqu’à sept appareils mobiles que de répondre à des montées en charge très saisonnières », illustre Alain Carpentier.
« Dans les stades, où les spectateurs ne peuvent se contenter de la 4G pour envoyer tous en même temps des photos, nous proposons du Wifi et nous aidons les exploitants à le rentabiliser avec des services de géolocalisation des stands commerciaux, basés sur les Beacons. Idem dans les grandes surfaces où nos Beacons vont servir à guider en temps réels les visiteurs vers les rayons les plus pertinents », ajoute-t-il.
Il cite en exemple la Sorbonne, le Stade Toulousain ou encore les magasins Zara.
Alain Carpentier reconnaît qu’une part importante de la commercialisation de ces technologies auprès des grands comptes se fait, en France, avec l’aide de PointNext, la SSII de HPE, particulièrement forte dans l’hexagone, alors qu’Aruba se suffit à lui-même aux USA. Du côté des intégrateurs tiers, on équipe surtout les entreprises et PME. Celles-ci sont séduites par la capacité du Wifi Aruba de déplacer la bande passante d’un utilisateur lorsqu’il chemine de borne en borne, ainsi que les centres hospitaliers avides de géo-localiser leurs chariots techniques grâce aux Beacons.
Aruba, No 2 du réseau mais des ventes matérielles en baisse
Selon IDC, c’est effectivement la nouvelle mobilité des utilisateurs et le déferlement d’objets connectés en entreprises qui ont permis aux équipementiers réseau d’augmenter leurs ventes de 4,7% au premier trimestre 2018 en Europe. Il est à noter que le phénomène est encore plus important en Inde (+47,4%) et en Chine (+14,4%), alors que les USA passent pour l’instant complètement à côté, avec des ventes de matériel réseau en chute de 2,5% par rapport au premier trimestre 2017.
Toujours d’après IDC, le numéro 1 du réseau reste Cisco avec 44,9% de parts de marché (soit 9,2% de mieux que l’année passée). Aruba arrive en seconde position avec 12,6% de parts. Cependant, ses ventes – principalement de matériels jusqu’au premier trimestre 2018 - ont chuté de 18,3% depuis le premier trimestre 2017, expliquant sans doute la réorientation actuelle vers les logiciels.
Viennent ensuite Arris/Ruckus (7,6% de parts, mais en progression spectaculaire de 40,4%), Ubiqui (6,6% de parts, en progression) et Huawei (4,4%, en progression).