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Veeam vise le milliard de CA en innovant dans la sauvegarde
La prochaine version de la suite de sauvegarde intégrera un orchestrateur pour rendre les plans de reprise d’activité plus agiles et assurera la compatibilité des sauvegardes avec les exigences du RGPD.
La solution de sauvegarde de Veeam devrait prendre le nom de Veeam Hyper-Availability Platform (VHAP) d’ici à sa prochaine mise à jour, notée « 9.5 update 4 » et attendue pour novembre. Derrière ce nom très marketing - qui vise à séduire les grands comptes encore clients de CommVault, Veritas et autres Avamar – se trouvent un nouvel orchestrateur (Veeam Availability Orchestrator, ou VAO) capable de changer tout seul de site de sauvegarde en cas de problème, ainsi qu’un module DataLabs qui permet d’opérer des opérations de maintenance sur les machines virtuelles avant de les restaurer.
« L’innovation constante est l’un des arguments – avec la fiabilité de nos produits – qui nous a permis de réaliser l’année dernière une croissance à trois chiffres sur les ventes aux grands comptes », confirme au MagIT Olivier Robinne, Vice-Président de Veeam pour la zone EMEA, lors du salon VeeamON qui s’est récemment tenu à Paris.
En marge de ces fonctions inédites, la version 9.5 update 4 apportera aussi des agents pour sauvegarder enfin les serveurs Solaris et AIX qui demeurent chez les grandes entreprises.
L’orchestration pour rendre les PRA plus fiables, moins chers
« Nous étions déjà très présents dans le mid-market lorsqu’il y a trois ans, nous avons commencé à répondre aux besoins des grandes entreprises, d’abord avec la sauvegarde des serveurs physiques x86 et des postes de travail, puis de services cloud, comme Office 365, puis vers les services cloud comme Azure, OVH, ou dernièrement AWS, suite au rachat de NT2WS en fin d’année dernière », raconte Olivier Robinne.
« Désormais, nous considérons que les entreprises veulent pouvoir déplacer leur PRA (plan de reprise d’activité, ndlr) vers un autre datacenter ou vers un cloud public au moment où elles en ont besoin, par exemple parce qu’il y a un risque climatique, ou un travail de maintenance sur le site initial. L’enjeu avec VAO est d’aller vers une plateforme proactive qui sait que tel événement va arriver et qui migre toute seule les informations », ajoute-t-il. A terme, VAO pourrait aussi se connecter à une application de météo ou de maintenance du site.
Il indique aussi une meilleure gestion financière du SI. Ainsi, VAO rendrait plus facile l’installation de PRA temporaires sur des clouds publics peu chers. « Il faut savoir que même le ministère de la Défense n’a que 20 % de ses données qui ne peuvent aller en cloud public. Avec une meilleure visibilité sur les 80 % restants, il devient possible de les protéger à moindre frais », dit Olivier Robinne.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, il n’est pas encore certain que VAO soit inclus dans la licence VHAP, puisque la version beta actuelle est présentée comme un produit à part parmi la trentaine de déclinaisons des produits Veeam. Précédemment, l’intégration de la console Veeam ONE (qui supervise les performances non seulement des sauvegardes mais aussi des VM orchestrées par VMware ESXi et Microsoft Hyper-V) était la caractéristique qui faisait la différence entre Veeam Backup & Replication et le pleinement fonctionnel Veeam Availability Suite.
Restaurer des VM en leur faisant respecter les règles les plus récentes
Concernant DataLabs, si l’on s’en tient à la grille tarifaire actuelle et en partant du principe que DataLabs succède à Virtual Lab, la fonctionnalité serait proposée à partir des licences Entreprises.
Virtual Lab proposait de mettre en place un bac à sable dans lequel restaurer des copies des VM de production afin d’y mener des tests ou des développements. DataLabs pousse le concept un peu plus loin en créant dynamiquement cette zone lors de la restauration des VM afin de les patcher (par exemple leur appliquer un antivirus) avant de les remettre en production. La fonction de création dynamique s’appelle Staged Restore et celle d’antivirus Quarantine. Il n’est pas certain que Veeam inclut Quarantine directement dans DataLabs.
« Au-delà de l’antivirus, la fonction Staged Restore en elle-même permet d’appliquer de nouveaux patches de sécurité aux VM avant de les remettre en production. Mais l’une des possibilités les plus intéressantes est certainement de nettoyer les VM de toutes données à caractère privé afin de ne mettre en production que des serveurs respectant les impératifs du RGPD », souligne Christopher Glémot, ingénieur IT chez l’intégrateur Monaco Informatique.
Il indique en effet que si la réglementation actuelle vise l’exploitation de données privées sur les serveurs, la question de leur stockage dans les sauvegardes reste posée. « Tôt ou tard, il est probable que l’on demande aussi aux entreprises des comptes sur leurs copies de secours », prévient-il.
En pratique, surtout des PRA plus rapidement opérationnels
Côté clients, l’annonce de ces nouveautés laisse imaginer des perspectives qui ne concernent ni le RGPD, ni les risques climatiques. « Afin d’avoir un site de PRA immédiatement prêt à l’emploi en cas de problème, nous voulons restaurer dessus chaque matin les machines virtuelles sauvegardées durant la nuit depuis nos deux datacenters de production (redondants) », expose ainsi au MagIT Eric Machabert, urbaniste et architecte du SI pour Payboost, une filiale de Veolia qui externalise la chaîne de facturation des clients pour les services énergétiques, télécoms et résidentiels.
« Le problème actuel de cette restauration est que de nombreuses étapes techniques sont obligatoires, comme lancer les VM dans un ordre précis (briques d’infrastructure, bases de données, applicatifs...), tout en gérant les erreurs potentielles avec des scripts particuliers. VAO va enfin nous permettre d’automatiser tout cela, notamment avec ses nouvelles fonctions de vérification des appels de scripts ; nous serons alors plus sereins sur la capacité opérationnelle de notre site de PRA et nous gagnerons beaucoup de temps », explique-t-il.
Il ajoute que DataLabs devrait perfectionner son utilisation actuelle de Virtual Lab : « notre site de PRA ne servant qu’en cas de coupure de nos datacenters principaux, nous utilisons ses ressources matérielles pour tester toutes les mises à jour avant de les déployer en production. Il est probable que nous pourrons tester plus facilement plus de configurations, de sorte à fonctionner plus rapidement avec les dernières versions des logiciels. »
Techniquement prometteur mais pas encore leader absolu
Eric Machabert indique être aujourd’hui client de toute la suite Veeam Availability Suite en licence Entreprise+. « Nous sauvegardons 400 serveurs virtuels et 50 postes clients pour un prix annuel inférieur à celui des concurrents. Nous utilisons par ailleurs la console de monitoring Veeam ONE avec les options Reporter et Business View à la place de vCenter. Veeam ONE permet en effet de voir l’ensemble de nos datacenters, PRA compris, depuis une seule interface. Il propose de plus des fonctions plus avancées comme la prise en compte de l’espace disponible au sein-même des VM. »
Pour le reste, il précise mettre en production ses applications avec Chef et compléter le monitoring de son SI avec Zabbix et Splunk. La synchronisation entre ses deux sites de production (actif/actif) qui nécessite de répliquer les données entre les deux ne passe pas Veeam mais par la fonction idoine de ses baies de stockage 3PAR. Il fait remarquer que les snapshots de ces dernières sont en revanche directement pris en compte par Veeam pour réaliser les sauvegardes quotidiennes.
Affichant en 2017 un CA de 827 millions de dollars, un nombre de clients qui s’élève désormais à près de 300.000, dont 28.000 en France, 80% de renouvellement de licences d’une année sur l’autre et une progression de 500% sur les contrats à plus d’un million de dollars, Veeam ambitionne d’atteindre le milliard de dollars de CA pour cette année. Gartner le positionne comme leader technologique dans son fameux Magic Quadrant. Cependant, et même si les études des uns et des autres manquent de chiffres clairs, les différents cabinets d’analystes semblent s’accorder pour dire que Veeam ne rivalise pas encore avec le nombre d’installations de ses concurrents EMC Avamar, Veritas NetBackup et CommVault.